Attention (mèfi, comme on dit à Marseille) au gabian noir ! Un nouveau héros de polar est né dans la cité phocéenne et en librairie : il s’appelle Boni. Ce détective privé « ancré dans la ville » enquête sur terre mais aussi dans les airs grâce à un gabian apprivoisé, le mot provençal pour goéland. Ce sont les protagonistes du roman « Le gabian noir, Le Crime de l’Horloger », premier opus d’une série de livres qui s’annonce longue (25 €, Éditions Média).
Derrière Boni et son oiseau, trois auteurs phocéens avertis. François Missen qui, à 92 ans, est le seul journaliste au monde à avoir été distingué à la fois par le prix Albert-Londres et le prix Pulitzer, Denis Trossero, journaliste spécialiste du grand banditisme au quotidien La Provence pendant 36 ans et Boniface Alfonsi, authentique détective privé à Marseille pendant 40 ans, un temps à la tête de cinq agences disposant d’agrément préfectoraux.
Pour le scénario de ce premier ouvrage qui, sur 175 pages, mêle textes et dessins signés Boniface Alfonsi, les auteurs se sont inspirés d’histoires réelles sur lesquelles ils ont travaillé, tout en les romançant… Même si le privé accompagné de son volatile, qu’il a recueilli et apprivoisé après une blessure, porte le nom assez reconnaissable de Boni et que son physique est le portrait craché de son dessinateur.
« On a mis quelques affaires que j’avais vraiment traitées »
Avec l’aide de son goéland équipé d’une caméra, qui lui sert de « drone » là où la simple filature est impossible, il enquête, pour commencer, sur le braquage mortel d’un horloger marseillais dont la montre s’est arrêtée à l’heure du crime… Ou pas d’ailleurs, car il faudra aller jusqu’en Suisse pour apprendre les subtilités de la mesure du temps. Une histoire qui s’inspire de plusieurs braquages sanglants de bijouteries qui avaient frappé la cité phocéenne il y a plus d’une décennie.
« Bien sûr, cette série de livres à venir est un hommage à Marseille, la plus belle ville de ma vie d’où toutes les enquêtes partiront, mais je me suis aussi souvenu que j’avais vraiment recueilli et soigné un gabian blessé », raconte Boniface Alfonsi, un « Corso-marseillais » de 75 ans qui s’est adapté à toutes les évolutions de son métier de détective privé.
« C’est en rencontrant François Missen que je me suis mis à écrire, il m’a encouragé à raconter les histoires que j’avais vécues. Quant au dessin, je le pratique depuis l’enfance. Dans cette première histoire, on a mis quelques affaires que j’avais vraiment traitées, en mixant tout ça et en changeant les noms. »
« On avait envie de créer un détective dans la ville de Marseille, qui est un personnage majeur et incontournable », confirme François Missen qui déborde de projets. « On est partis autour de faits divers et on a brodé. Boniface a apporté toute son expertise, sa connaissance des mécanismes d’une enquête et nous avons construit une fiction autour. »
Alors que le tome 2 est déjà annoncé pour mars prochain, les auteurs fourbissent à six mains leurs armes pour continuer à célébrer « l’amitié et la collaboration entre l’homme et l’oiseau » dans de nouvelles histoires. « On ne va pas se contenter des faits divers, on va également aborder d’autres thèmes comme la politique ou les phénomènes de société », prévient Denis Trossero. C’est promis, « le Gabian va continuer de voler longtemps ».