Nouvelle surprise dans un procès qui n’en manque pas. Frédéric Péchier rejoint la barre des témoins avant même que la cour d’assises du Doubs ne s’installe. La mine tranquille du garnement qui prépare son coup pendable. Mains sagement croisées sur le pupitre, l’ex-anesthésiste star de la clinique Saint-Vincent de Besançon, accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels entre 2008 et 2017, doit prendre la parole pour la treizième fois depuis l’ouverture de son procès, le 8 septembre. Mais ce mardi 18 novembre, il coupe court : «J’ai décidé de ne pas répondre aux questions aujourd’hui.»

Echange de regards interloqués sur les bancs des parties civiles et de l’accusation. «Ce qu’il s’est passé hier et aujourd’hui m’a profondément choqué», argue le médecin déchu, à la perplexité générale. Son explication suit, alambiquée. Selon lui, le duo d’experts auditionné le matin a répondu trop rapidement, après seulement quelques heures de recherche, à la question qu’il a posée la veille, à la suite d’une brusque et tardive inspiration. Soit : quelle est la vitesse de dégradation de l’adrénaline, sortie de son conditionnement d’origine et mélangée à un soluté d’hydratation ? Le point est technique mais crucial, aux yeux de Péchier.

C’est que l’acte d’accusation repose beaucoup sur le fait qu’il soit