Le Royaume-Uni a vu se répandre une nouvelle souche de la grippe A assez virulente depuis la fin de l’été ; les cas flambent et les hôpitaux sont déjà sous tension. Porteuse de plusieurs mutations qui lui permettent de franchir plus facilement les barrières immunitaires, le NHS (National Health Service) la surveille donc de très près.
Jim Mackey, qui dirige l’institution publique, ne cache pas son inquiétude quant à la situation actuelle : « Depuis mon arrivée à la tête du service, je redoutais qu’une saison grippale interminable nous tombe dessus. Et tout indique que c’est précisément ce qui est en train de se produire ». D’après les analyses, plus de 90 % des échantillons analysés correspondent à cette nouvelle souche de H3N2 : un virus saisonnier connu pour provoquer, en moyenne, des formes plus graves et un risque d’hospitalisation plus élevé chez les personnes à risque. L’émergence d’une pandémie est-elle possible en France ou doit-on écarter cette hypothèse ?
H3N2 : pourquoi cette souche inquiète les épidémiologistes ?
Si cette souche n’est pas entièrement nouvelle, le fait qu’elle ait déjà muté plusieurs fois lui a donné un avantage évolutif : elle circule plus rapidement, et surtout, la saison grippale est arrivée bien plus tôt que prévu. Comme chez nous, c’est plutôt aux alentours de la mi-décembre qu’elle est au plus haut, mais au Royaume-Uni, la vague a pris près de cinq semaines d’avance et grimpe beaucoup plus vite que les années précédentes.
Une souche, c’est une version différente du même virus : certaines sont plus agressives et ne touchent pas les différents publics de la même manière. Le H3N2, notamment, cause plus de complications chez les personnes âgées que le H1N1, qui circule lui aussi certains hivers.
Comme la saison a démarré précocement et que c’est le H3N2 qui est surreprésenté, cela signifie que ce sont les publics les plus fragiles (les seniors, dans ce cas) qui se retrouvent en première ligne. Tous n’ont pas été encore vaccinés, ce qui augmentera mécaniquement le nombre de formes sévères.
Des analyses menées au Canada ont d’ailleurs montré que cette souche était suffisamment éloignée de celle que l’on utilise pour concevoir les vaccins pour la contrer. Ce qui ne rend pas pour autant le fait de se faire vacciner inutile, loin de là : les risques de se voir hospitalisé sont réduits, notamment chez les enfants et les personnes fragiles. En revanche, son potentiel protecteur est affaibli par cette nouvelle dérive génétique de H3N2, car une partie des mutations apparues cet été ont modifié la structure du virus, rendant la réponse immunitaire moins efficace.
Quelles conséquences pour la France ?
Lorsqu’une vague plus sévère qu’à l’accoutumée touche un pays voisin, elle finit toujours par influencer les autres situés dans la même zone climatique. Les mêmes souches circulent en France et les déplacements de population entre les deux pays sont quotidiens, il est donc très probable que nous connaissions une saison grippale plus sévère qu’attendu.
Inutile de céder à la panique cependant, aucune pandémie hors de contrôle n’est prévue ; H3N2 est certes, plus agressive pour les seniors, mais n’est pas classée comme un agent pathogène à risque. Ce n’est donc pas sa nature à proprement parler qui est à craindre, mais sa dynamique de transmission.
Au regard de celle du Royaume-Uni, il est ainsi possible que le virus se mette à circuler chez nous au moment où la couverture vaccinale est insuffisante. D’où l’intérêt, si vous êtes senior ou à risque, de vous faire vacciner sans tarder : même si le vaccin utilisé actuellement n’assure pas une protection totale, il reste le moyen le plus fiable de vous éviter des complications. La solution la plus simple (si vous avez déjà une prescription médicale) est de vous rendre en pharmacie, où vous pourrez vous faire administrer le vaccin après un bref entretien sur place pour vérifier vos antécédents. Sinon, rendez-vous chez votre médecin traitant qui vous écrira l’ordonnance et vous vaccinera immédiatement lors de la consultation.
- Une variante de la grippe A, plus transmissible et plus sévère pour les personnes âgées, circule plus tôt que d’habitude au Royaume-Uni, ce qui augmente le risque d’une saison plus lourde en France.
- Le vaccin reste utile malgré un décalage avec la souche dominante, car il protège bien contre les formes graves, surtout chez les publics vulnérables.
- Pour limiter les complications, les seniors et personnes à risque ont intérêt à se faire vacciner rapidement, en pharmacie ou chez leur médecin.
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