Ils ont décidé de donner des ailes au vélo à Nice où la bicyclette représente moins de 3% des déplacements. « Notre enjeu, c’est de désengorger et d’apaiser la ville. » Aussi, Daniele Sottile et la quinzaine de bénévoles actifs de l’association Nice à vélo mettent toute leur énergie à lever les freins à cette pratique pour contribuer à réduire la pollution.
Sécuriser les itinéraires
« La priorité c’est la sécurité: les cyclistes ne doivent pas se sentir en danger. Si la situation évolue globalement dans le bon sens, à Nice-Est par exemple c’est encore très compliqué. »
Pour mobiliser les habitants de la capitale azuréenne, en 2024, Daniele Sottile a mis au point un site mobile. Il permet de faire remonter les points noirs sur les itinéraires cyclables à Nice et sur le territoire de la métropole.
« On peut télécharger le site sur son smartphone et nous espérons décrocher un prix au concours Talents du vélo, pour financer une application », poursuit-il. Il sort son smartphone de sa poche et affiche l’interface. Il suffit de cliquer sur « Signalement » pour pointer un problème d’aménagement, d’entretien sur le réseau, de stationnement gênant ou suggérer une idée, demander des parkings à vélo… »Quand on reçoit un signalement on l’adresse directement à Allo Mairie à Nice, et ils interviennent. À Cagnes-sur-Mer, la mairie est très à l’écoute et réactive. » Un muret qui constituait un obstacle sur l’itinéraire de la Promenade des Anglais a été enlevé. « En un peu plus d’un an et demi on a reçu près de 400 signalements et 40 problèmes ont été réglés. » Nombreux sont les cyclistes à pointer du doigt les voitures garées au beau milieu de certains axes cyclables. « Dans la rue de l’Abbé Grégoire, on a demandé à la mairie d’aménager une aire de livraison pour le boulanger afin de régler le problème de stationnement gênant récurrent. »
Suivre la progression des pistes cyclables
Sur le site Vélobs, une carte montre l’évolution du réseau au fil des mois, pour permettre aux Azuréens d’avoir une vision globale. « Entre les annonces et les réalisations c’est parfois un peu flou, des chiffres changent, disparaissent. Là, d’un seul coup d’œil on peut voir où on en est. » Dans la capitale azuréenne, 38% de l’objectif a été atteint et sur la métropole 23%. « On estime à Nice qu’il manque environ 30 km de pistes cyclables pour compléter le réseau et qu’il reste à traiter certaines intersections dangereuses », note Daniele Sottile. Avant de souligner le besoin d’équiper la ville en « box vélos » sécurisés pour celles et ceux qui n’ont pas d’espace dédié dans leur immeuble. Ainsi, les bénévoles observent, chiffres à la clé, les avancées et se font les porte-parole de celles et ceux qui ont choisi de se déplacer à vélo pour limiter la pollution.
Un « tripadvisor » des parcours
Ce ne sont pas des étoiles mais des vélos que les citoyens peuvent décerner aux différentes pistes cyclables de leur ville. Avec un barème de 1 à 5. Les itinéraires jugés les mieux aménagés apparaissent en vert, les moins bien notés en rouge. « C’est une donnée intéressante pour les mairies car elles permettent d’avoir le retour des utilisateurs et d’en tenir compte pour les prochains projets. » Ce sont les réalisations les plus récentes qui obtiennent les meilleures notes. Avec ces votes, l’association analyse aussi la qualité des aménagements cyclables.
Quels résultats ?
« En septembre 2025, le compteur situé sur la piste de la Promenade des Anglais a enregistré une hausse du trafic avec 18% de passage en plus, c’est très encourageant. » La preuve qu’en dotant la ville d’itinéraires cyclables, on favorise cette mobilité douce.
Dans la perspective des élections municipales, alors qu’un candidat annonce déjà vouloir rétropédaler sur la politique cyclable, Nice à vélo entend peser de tout son poids. « On a commencé à créer une vraie communauté. Et la plateforme Vélobs, grâce aux contributions des cyclistes, nous fournit des données qui vont nous servir à faire des propositions dans le cadre des élections. » Les bénévoles passeront au crible les programmes électoraux. « On va pousser le sujet vélo en allant à la rencontre des différents candidats, pour connaître leurs intentions, et les mettre en avant auprès de notre communauté. Tout en restant objectif. On veut qu’ils s’engagent sur ce qui manque. Et ce n’est pas énorme. Nous resterons rationnels et objectifs. »