L’acronyme « PPS » ne parle pas au grand public, mais les habitués de la course à pied ou les coureurs qui mettent un dossard occasionnellement connaissent très bien le « Pass prévention santé ». Et depuis quelques jours, le PPS est l’objet d’intenses débats.

Pour remplacer le traditionnel certificat médical d’aptitude à la course à pied, qui prend du temps médical aux médecins, la Fédération Française de course à pied a mis en place progressivement, à partir de septembre 2023 pour ses licenciés, le PPS.

5 euros dès le 1er janvier 2026

En clair, un outil en quatre étapes de sensibilisation aux risques, aux précautions et aux recommandations liés à la santé des coureurs, qui se fait en ligne. Au terme de ce parcours, l’internaute obtient une attestation à remettre à l’organisateur de sa prochaine course, assurant qu’il a conscience des risques.

Concrètement, en vidéo, des spécialistes mettent en garde sur les risques, cardiaques notamment ,et les attitudes à adopter. Jusqu’à présent gratuit, le PPS va devenir payant dès 2026, au tarif de 5 euros, mais sera valable un an contre trois mois actuellement.

Un « foutage de gueule » pour certains

Si la somme peut sembler dérisoire au regard du prix de certains dossards, 135 euros pour le marathon de Paris par exemple, le principe insurge de nombreux coureurs et suscite de très nombreux commentaires dans les groupes de discussions dédiés à la course à pied.

Le très influent compte « Utrail » et ses 125 000 abonnés dénonce un « foutage de gueule », mais dans les commentaires, les pratiquants sont plutôt divisés.

« Financer une stratégie et une mission déléguées par l’Etat » se défend la Fédération

Comme sur d’autres publications, certains dénoncent la volonté de « faire les poches » des coureurs, et ainsi combler le déficit de la Fédération, « chiffré à 3,6 millions d’euros fin 2024 ». « L’idée n’est pas de combler un trou mais de financer une stratégie et une mission déléguées par l’État », répond la présidente déléguée de la FFA, Emmanuelle Jaeger, dans une interview à Ouest-France.

Mais d’autre coureurs relativisent le prix, au vu du montant dépensé dans les inscriptions ou dans le matériel, devenu de plus en plus cher. « Une montre GPS à 180 euros, des baskets à 220 euros un short à 60 euros, un maillot à 70 euros », rappelle un internaute, quand un autre interroge : »Par contre 513€ d’inscription pour faire un half Ironman ça ne dérange personne ? ».

« C’est juste pour récupérer de l’argent encore une fois et en quoi cela va nous mettre plus en sécurité ? »

Chez certains coureurs, c’est le fait qu’un système jusqu’à présent gratuit devienne subitement payant qui énerve. « Dans l’idée oui, je suis d’accord mais pourquoi maintenant payant ??? Frais de fonctionnement ? Ça fonctionnait très bien ainsi. C’est juste pour récupérer de l’argent encore une fois. Et en quoi cela va nous mettre plus en sécurité ? », demande un internaute.

« Il y aura toujours un parcours qui consiste à visionner trois vidéos à la suite, détaille Adrien Tarenne, responsable du Pôle développement à la FFA, auprès du site Jogging International. Nous allons simplement changer les intervenants. Le fond ne change donc pas car il a été validé par notre commission médicale et ça c’est très important ».

Des organisateurs de course en colère

La présidente déléguée de la FFA, Emmanuelle Jaeger, dans une interview à Ouest-France promet que la nouvelle version du PPS s’accompagnera de conseils nutrition, sommeil et coaching à l’adresse des pratiquants en compétition,

Les organisateurs de course se font aussi entendre. « Pour moi, il s’agit surtout d’une taxe supplémentaire », s’émeut Claude Salmon, organisateur du Menestrail de Moncontour, dans Ouest-France. « C’est aberrant et révoltant », s’agace dans Les Échos Gilbert Ysern, président de France Outdoor Sport Events, qui rassemble des organisateurs d’événements sportifs. Il dénonce à la fois les méthodes de la fédération, qui a communiqué sa décision par simple e-mail, et sa position « à la limite du monopole » qui empêche tout contre-pouvoir.

Les coureurs ont un budget moyen de 1 120 euros par an

« Le trail de la Bellonnie est contre cette nouvelle mesure !!! Stop au racket des runners !!! », écrivent par exemple les organisateurs de cette course.

On estime que deux millions de PPS sont réalisés chaque année pour l’inscription à une course. Soit une manne potentielle de 10 millions d’euros pour la Fédération Française d’Athlétisme. Sauf si de nombreux coureurs occasionnels renoncent à enfiler un dossard.

Chez les coureurs réguliers, la somme consacrée à la course à pied s’élève à 1 120 euros par an, selon le baromètre du running publié chaque année par RunMotion Coach.