l’essentiel
La Decazevilloise Adriana Vidano expose jusqu’au 20 décembre 2025 à la médiathèque de Rignac en Aveyron. « Les Larmes des choses », des photos développées avec du café, du thé ou des algues. Avec pour support du papier japonais ou des feuilles d’arbres.
Voilà une artiste adepte du développement durable, au propre comme au figuré.
Depuis vendredi dernier et jusqu’au 20 décembre 2025, la Decazevilloise Adriana Vidano expose une partie de ses œuvres à la médiathèque-office de tourisme de Rignac. Une exposition intitulée « Les Larmes des choses ».
Il y a dix ans, nous avions relaté l’aventure népalaise de la jeune Decazevilloise, alors étudiante en science politique qui a écrit son mémoire sur le thème de la transition politique au Népal. Elle avait été aux côtés de la population népalaise frappée par un important séisme.

Adriana Vidano promène son regard sur les êtres et les choses.
Adriana Vidano – Adriana Vidano
« Je me suis un peu spécialisée sur les questions de mémoire déjà à Sciences Po avec ces recherches-là, sur comment on écrit l’Histoire, comment on se souvient collectivement et individuellement des choses, comment on construit nos identités individuelles et collectives ».

Une photo sur papier japonais.
Adriana Vidano – Adriana Vidano
Après le Népal, cap durant cinq ans vers la Tunisie où Adriana Vidano a enseigné le français, a traduit des textes, a travaillé pour des ONG, avant de se tourner vers l’écriture d’un livre, et dans le journalisme : « Je voulais écrire et faire de la photo ».
« Des procédés alternatifs »
Ainsi, Adriana Vidano a travaillé pour Nawaat et Nawaat Magazine ; mais a aussi coécrit le long-métrage « From her to there » (lauréat du concours d’innovation documentaire PNUD), pigé pour diverses publications dont Libération ou Orient XXI ; tout en continuant des travaux universitaires.
De retour en France, Adriana Vidano vit actuellement à Paris où elle est rédactrice, correctrice indépendante, donne des cours et poursuit sa passion de la photo.

La force du café conditionne le grain du développement.
Adriana Vidano – Adriana Vidano
« Je travaille en argentique, j’ai creusé les procédés alternatifs de développement ; non toxiques. Cela permet d’être autonome et tout en respectant l’environnement, même s’il y a parfois du bicarbonate de soude ou de la vitamine C. J’ai commencé par du café (le grain de la photo est différent selon les cafés ; le café turc donne un foncé plus marqué), du thé, des algues, du vin, de la bière… Cela pousse à apprendre. J’ai beaucoup échangé, notamment durant la pandémie Covid, avec un collectif londonien. J’expérimente de nouvelles recettes de développement ».

La force du café conditionne le grain du développement.
Adriana Vidano – Adriana Vidano
Forcer l’automne sur la feuille
De la même manière, Adriana Vidano choisit de nouveaux supports : outre le papier Beaux-arts, elle utilise le papier japonais (« c’est très doux »), mais aussi des feuilles d’arbres et de plantes ; « Depuis deux ans, je me concentre sur les techniques de tirage. On force un petit peu le changement de pigmentation sur la feuille sans la faire sécher. On force l’automne sur la feuille ».

Adriana Vidano présente des tirages sur feuilles d’arbres.
DDM – BHSP
Adriana Vidano sera également présente au 24e SMART (Supermarché de l’art) à Rignac, qui se déroulera les 27, 28 et 29 novembre 2025 à de Rignac.
Contact : vidano.adriana@gmail.com
La mémoire au cœur de l’exposition « Les larmes des choses »

Une chaise, témoin du passage des êtres…
Adriana Vidano – Adriana Vidano
Adriana Vidano a intitulé son exposition « Les Larmes des choses ».
Car son travail interroge la manière dont les souvenirs se créent, se transforment et circulent, au fil d’une vie et à travers les générations.
À travers une pratique photographique à la fois documentaire et intuitive, elle cherche à saisir ces traces furtives qui nous relient au temps. Silences habités, présences sourdes, hors-champ signifiants — ce qui échappe habituellement au regard immédiat et à la narration ouvre un espace de résonance et d’intimité.
La mémoire se loge dans l’interstice des choses et des gestes. Les procédés argentiques et les tirages par contact prolongent cette approche : par le retour à la matière et une temporalité suspendue, ils restituent le souvenir comme une expérience sensible.
L’image devient le témoin vivant d’une réalité en mouvement. Sa fabrication se nourrit du hasard, de l’éphémère et de la patience.
« Les larmes des choses » réunit des images personnelles prises au cours des dernières années en marge d’instants et de contextes variés.
Ensemble, elles composent une fresque intérieure et collective de nos mémoires incarnées : une contemplation de vies en écho, où se rejouent les questions de transmission, de lien, d’oubli et de réminiscence.
