Si vous suivez un peu le marché des liseuses, vous savez déjà qu’Amazon le domine de la tête et des épaules. Aussi, lorsque le géant de l’e-commerce a cessé de commercialiser sa gamme Kindle Oasis pour se concentrer sur ses Paperwhite, dont l’excellent millésime 2024, cela a logiquement laissé un vide.
De loin, on pourrait penser que l’une a remplacé l’autre puisqu’il s’agit dans les deux cas de liseuses avec un écran de 7 pouces. Mais là où les Paperwhite se positionnent comme des produits relativement abordables, les Oasis incarnaient le haut de gamme. C’est précisément ce segment laissé vacant que le fabricant chinois Onyx entend conquérir avec la Boox Go 7 que nous testons ici.
Cette liseuse électronique succède aux précédents modèles compacts de la marque, comme la Go 6 ou la Page, mais elle ajoute une corde importante à son arc avec le support du stylet. Nous avons donc affaire à un modèle de 7 pouces équipé d’une dalle E Ink Carta 1300 affichant 300 pixels par pouce. Elle est animée par un processeur octocœur non spécifié, épaulé par 4 Go de mémoire vive et 64 Go de stockage interne. Un stockage heureusement extensible par le biais d’un port MicroSD. Sur le papier, la proposition est donc alléchante pour une liseuse.
La Boox 7, son stylet et la protection officielle (optionnelle).
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D’autant que le tout fonctionne sous une version complète d’Android 13 avec un accès au Google Play Store. Cette fiche technique affiche néanmoins un prix en conséquence, établi à 250 € au moment du lancement.
Avant d’attaquer notre test, notez bien que l’écran n’est pas couleur, contrairement à ce que pourraient laisser croire nos captures d’écran.

ConstructionUn design qui coche toutes les cases
Dès sa première prise en main, la Boox Go 7 fait mouche. On retrouve instantanément ce qui faisait le charme de l’Oasis, à savoir un design asymétrique avec un côté plus large formant une poignée. Un véritable plaisir ergonomique ! L’appareil est remarquablement fin (6,4 mm) et léger (195 g), ce qui le rend très confortable, même lors de sessions de lecture prolongées.
Mais le véritable atout de ce design, c’est le retour triomphal des boutons physiques de tourne-page. Ils tombent parfaitement sous le pouce, offrent une sensation de clic satisfaisante et sont entièrement personnalisables via l’app Boox. Pour quiconque a goûté à cette fonctionnalité, difficile de revenir en arrière.
Bien qu’entièrement en plastique, la fabrication inspire confiance. Le dos de l’appareil est recouvert d’une texture grainée façon similicuir, qui assure une excellente adhérence et évite les traces de doigts.
Le dos texturé.
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Petite subtilité, le modèle noir que nous avons testé possède une façade avant en verre, tandis que le modèle blanc opte pour de l’acrylique (PMMA), ce qui pourrait légèrement modifier la sensation au toucher. Tout n’est cependant pas parfait et nous regrettons deux choix de conception.
Si vous tenez la liseuse de la main droite, le bouton d’alimentation/veille se trouve sur la tranche basse et peut être activé par mégarde.
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Il existe une option pour que le bouton d’alimentation ne mette la liseuse en veille qu’en cas d’appui long.
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Ainsi, le bouton d’alimentation est curieusement placé sur la tranche inférieure, où il est facile de l’actionner accidentellement en posant la liseuse. Cela ne vaut toutefois que pour ceux qui la tiennent de la main droite. Ensuite, et c’est plus dommageable à ce niveau de prix, nous relevons l’absence d’une véritable étanchéité. Là où l’Oasis et les Kobo concurrentes arborent une certification IPX8, la Go 7 doit se contenter d’un traitement “résistant aux éclaboussures”. Mieux vaut donc éviter de l’emmener au bord de la piscine.
Le stylet, une fausse bonne idée ?
L’autre grande nouveauté de cette Go 7 est l’ajout du support pour stylet. Une fonctionnalité absente de la Go 6, dont l’ajout semble prometteur ici. En lisant mieux la fiche technique, une première petite contrariété apparaît néanmoins : Onyx a abandonné ici sa technologie Wacom EMR éprouvée, passive, sans batterie et que l’on trouve sur ses gammes Note. À la place, la Go 7 utilise un nouveau système de stylet actif InkSense, basé sur la technologie USI 2.0. Vendu séparément ou en bundle, ce stylet doit donc être rechargé via un port USB-C et dispose d’un bouton latéral programmable, alloué par défaut à la gomme.
Autant vous dire qu’à l’usage, nous n’avons pas vraiment été convaincus par ce stylet. Le problème est ici double : le contact et le son. D’abord, l’écran de l’appareil est totalement lisse ; il n’offre aucune texture, aucune résistance. L’écriture est donc glissante, comme écrire sur une vitre. On a connu mieux comme sensation.
Pire encore, la pointe de ce stylet est faite d’un plastique dur. Il en résulte un bruit sec un peu trop audible, qui vient achever l’expérience. La précision n’est pas non plus au rendez-vous. La pointe large octroie une sensation d’imprécision, et bien que la latence soit faible, nous avons constaté que des traits étaient régulièrement manqués lors d’une prise de note rapide ou en petits caractères.
Vous l’aurez compris, la Go 7 ne sera pas votre prochain calepin numérique. Elle peut toutefois dépanner pour griffonner quelques notes (en mode paysage de préférence), surligner un passage ou annoter rapidement un PDF à la marge.

ÉcranOn dirait du papier
Sur le papier, l’écran du Go 7 est excellent, s’agissant d’une dalle E Ink Carta 1300 de 7 pouces. Avec une résolution de 300 ppp (1680 x 1264 pixels), le texte est d’une netteté absolue, indiscernable de l’impression papier. Cette nouvelle génération de dalle offre aussi un contraste correct sans être transcendant, mesuré à 12,7:1 par notre sonde. Bien sûr, il ne faut pas comparer cette valeur à celles sans commune mesure des écrans de smartphones. Mais dans le petit monde des liseuses, le contraste de cet afficheur est décent, même s’il n’arrive pas à approcher celui de l’excellente Kindle Paperwhite 2024 et son 22,89:1.
L’écran de la Go 7 se rattrape avec une excellente luminosité de 170,924 cd/m². Il s’agit d’assez loin de la meilleure luminosité que nous ayons jamais mesurée sur une liseuse. La deuxième place du podium est occupée par la Paperwhite 2024 (encore elle), à 141,18 cd/m². La liseuse Boox offre donc une excellente lisibilité en extérieur, même par des journées particulièrement lumineuses. Dans ces conditions, il faut tout de même éviter que le Soleil vienne taper directement sur l’écran. En effet, même si elle n’est pas catastrophique, la réflectance mesurée à 41,9 % place l’afficheur dans la moyenne basse de notre comparatif.

Expérience utilisateurQue du bonheur (presque)
L’interface
Comme toujours avec les liseuses de la marque, le véritable argument de vente de la Boox Go 7 est son système d’exploitation. L’appareil tourne en effet sous Android 13 et, surtout, avec le Google Play Store préinstallé. C’est ce qui la distingue fondamentalement de ses concurrentes. En effet, contrairement à ces dernières, celle d’Onyx n’est pas une prison dorée qui vous lie à un unique libraire. Vous voulez lire vos livres achetés sur Amazon ? Installez l’app Kindle. Vous préférez Kobo ? L’application homonyme fonctionne à merveille. Adepte des bibliothèques publiques ? Les apps sont alors légion. Vous pouvez même installer des lecteurs alternatifs comme Moon+ Reader, des apps de manga comme Mihon ou Shonen Jump, ou écouter de la musique sur Spotify pendant votre lecture.
L’interface principale à gauche et les options pour régler la fluidité de l’écran en fonction du besoin du moment.
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Cette liberté est grisante pour qui a l’habitude des écosystèmes fermés des autres marques. Le lecteur natif, NeoReader, est d’ailleurs une réussite. Il est puissant, personnalisable et gère une multitude de formats que les concurrents boudent, notamment les PDF et formats de comics CBR/CBZ. Vous pourrez donc charger tous vos fichiers dedans et les lire sans plus de formalités.
Toutes les applications, natives ou téléchargées, sont accessibles depuis le même onglet.
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Néanmoins, cette flexibilité extrême a une contrepartie. La Go 7 n’est pas un appareil aussi simple à appréhender qu’une Kindle ou une Kobo. L’interface Boox est aussi dense que truffée d’options et de réglages. Même si vous possédez déjà un smartphone Android, il faut un temps d’adaptation, notamment pour apprendre à jongler avec les différents modes de rafraîchissement (HD, Speed, A2) et les optimiser pour chaque app.
Le navigateur web natif Neo Browser remplit bien son office et se montre plus léger que Chrome.
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Pour un utilisateur non averti et peu technophile qui souhaite juste ouvrir un livre et lire, la courbe d’apprentissage pourra paraître raide, voire décourageante. D’autant plus qu’aux contrôles physiques pour la lecture viennent s’ajouter les contrôles tactiles de l’interface, qui n’ont rien d’intuitifs de prime abord. On s’y fait toutefois très vite et cela ne vous posera aucun problème si vous êtes un minimum débrouillard avec la technologie. Répétons-le, des utilisateurs béotiens en la matière pourraient cependant vite se sentir dépassés.
Pour le reste, comme toutes les liseuses avec un écran 7 pouces, ce modèle se montre parfait pour les livres et tout à fait praticable pour les mangas. Logiquement, les amateurs de BD devront se tourner vers un autre produit, par exemple la Boox Note Air4 C de la même marque. La diagonale est en effet trop petite, sans parler de l’affichage noir et blanc qui ne permet pas de profiter d’œuvres souvent en couleur.
La boutique en ligne proposée par Onyx n’est ni intéressante ni bien achalandée. Heureusement, c’est le dernier des soucis de cette liseuse, dans la mesure où elle se montre compatible avec toutes les autres boutiques à travers leurs apps Android.
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Les performances
Côté performances pures, la Go 7 est bien lotie. Son processeur octocœur, ses 4 Go de RAM et 64 Go de stockage lui assurent une fluidité très correcte. La navigation dans l’interface est rapide, les applications s’ouvrent sans broncher. On apprécie aussi la présence d’un slot MicroSD pour étendre la mémoire. Un ajout que les grands constructeurs (coucou Amazon…) oublient trop souvent.
La réactivité est donc au rendez-vous. Les différents modes de rafraîchissement permettent de trouver le bon équilibre : le mode HD pour une lecture statique parfaite, et les modes plus rapides (Speed, A2) pour réduire la latence lors de la navigation ou du défilement dans des apps Android.
Enfin, le haut-parleur intégré a le mérite d’exister, mais c’est à peu près sa seule qualité tant son rendu est médiocre. Là encore, à réserver au cas de dépannage.
L’autonomie
La puissance et la flexibilité logicielle ont évidemment un coût énergétique. Et c’est le troisième et dernier point faible de l’appareil : la batterie. Oubliez les semaines d’autonomie annoncées par Kindle ou Kobo. Avec sa batterie de 2300 mAh, la Go 7 paie comptant la “taxe Android”. Le système d’exploitation et les apps qui tournent en fond consomment bien plus qu’un système fermé optimisé pour la lecture.
En utilisation légère (lecture pure, wifi coupé), on peut espérer tenir quelques semaines, mais dès que l’on commence à utiliser le wifi, à synchroniser des applications ou lire des contenus nécessitant des rafraîchissements d’écran fréquents (mangas, navigation web…), l’autonomie s’effondre. Dans le cadre d’un usage mixte normal, il faut s’attendre à devoir recharger l’appareil tous les trois ou quatre jours. Lors d’un test intensif de lecture de manga, un de nos confrères a même vidé la batterie en seulement deux jours. On est bien loin des standards habituels d’une liseuse.
Points forts
- Design asymétrique avec poignée, fin et léger.
- Retour des boutons physiques de tourne-page.
- Liberté offerte par Android 13 et le Google Play Store.
- Excellente luminosité de l’écran.
- Stockage confortable (64 Go) et extensible (MicroSD).
- Très bonne réactivité globale.
Points faibles
- Expérience d’écriture au stylet médiocre.
- Autonomie décevante.
- Pas étanche (juste résistante aux éclaboussures).
Conclusion
Note globale

Comment fonctionne la notation ?
L’Onyx Boox Go 7 est une liseuse électronique qui tutoie l’excellence. Sur le plan ergonomique, c’est effectivement une réussite totale. Elle se montre légère, confortable et a le bon goût de revenir aux boutons physiques que les fans de la Kindle Oasis pleuraient. Autre atout d’importance : la plateforme Android 13 est une promesse de liberté absolue, qui ne manquera pas de séduire ceux qui se sentent à l’étroit chez Amazon ou Kobo. On regrettera bien sûr une expérience au stylet qui fait tache et une autonomie qui tient plus de la tablette que de la liseuse. Au rayon des autres potentielles frustrations, citons une interface très complète, mais pas si facile à appréhender pour un néophyte. Mais si vous avez lu l’ensemble du test, vous savez déjà que ces défauts ne pèsent pas bien lourd face aux très nombreuses qualités que la bête exhibe par ailleurs.
Sous-Notes
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Construction

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Écran

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Expérience utilisateur
