On les retrouve dans nos assiettes, dans les cosmétiques, dans certains produits de santé et même dans les champs… Les algues ont de multiples applications et intérêts. Pourtant, leur potentiel est méconnu et la filière, encore trop peu structurée. Un constat qui a conduit à un collectif d’acteurs du Grand Ouest* à organiser un premier salon de l’algue, à Rennes, les dimanche 23 et lundi 24 novembre prochains. « C’est une première à l’échelle nationale », vante Frédéric Faure, trésorier du Cluster algues Bretagne et porte-parole du collectif.
Organisé à la Halle de la Courrouze, l’événement propose une première journée (gratuite) dédiée au grand public, avec des conférences, des dégustations et des ateliers, et une seconde pour les professionnels. Entre 700 et 800 personnes sont attendues. « On va aller au-delà des algues échouées sur la plage pour montrer tout le potentiel actuel et futur du produit », avance Frédéric Faure. « Nous voulions notamment mettre en avant les intérêts nutritionnels de toutes les algues qui peuvent être consommées. On parle beaucoup de la spiruline mais sur les plus de 800 espèces d’algues qui existent, une petite quarantaine est autorisée à la consommation », explique Stéphanie Pedron, directrice générale du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) à Pleubian (22).
Un secteur à développer
Pour les professionnels, ce premier salon est clé. Au-delà du coup de projecteur et de pédagogie, il est l’occasion de structurer une filière encore naissante et de défendre ses intérêts. Récoltants, transformateurs, start-up, chercheurs… « On veut créer une forme de réseau qui n’existe pas encore, un peu à l’image de ce qui se fait dans le monde agricole », confie Frédéric Faure.
Objectifs : se rassembler pour massifier la production (la France ne représente que 0,1 % de la production mondiale, dominée par l’Asie), faire de l’algue hexagonale un produit plus compétitif qu’aujourd’hui, lever les freins réglementaires et donner envie aux acteurs de parier sur le filon pour assurer les débouchés. Le tout pour, in fine, réduire les importations (environ 130000 tonnes par an). Pour y parvenir, la feuille de route nationale « Algues 2025 » esquisse la piste du développement de l’algoculture – a
ujourd’hui, la quasi-totalité des algues françaises sont récoltées et non cultivées, contrairement à ce qui se fait ailleurs.
La Bretagne, un acteur clé
Pourquoi le sujet est-il important pour la Bretagne ? Parce que la France produit chaque année 60 000 à 70 000 tonnes d’algues (le pays est le deuxième producteur européen derrière la Norvège) et que 90 % le sont en Bretagne. Elle compte donc bien tirer son épingle du jeu si la filière hexagonale monte en puissance et voit se multiplier les sites de culture, de tri, de nettoyage, de séchage et de transformation un peu partout sur le territoire.
Aujourd’hui, la demande est là et augmente d’année en année. « Actuellement, 80 % de la ressource part dans l’agroalimentaire, principalement pour faire des épaississants à base d’algues brunes », indique Stéphanie Pedron. Les algues sont aussi très présentes dans la cosmétique, les produits de santé et l’alimentation. Mais de nouvelles applications émergent, notamment pour remplacer les ingrédients pétrosourcés dans la peinture, les engrais ou les emballages, pour produire de l’hydrogène ou encore pour capter le CO2, gaz à effet de serre responsable du changement climatique.
Pratique
Premier salon de l’algue à Rennes, halle de la Courrouze, dimanche 23 (10h-18h) et lundi 24 novembre (9h30-17h). Informations et inscription en ligne.
Les membres du collectif
*Merci les algues, Cluster algues Bretagne, Chambre syndicale des algues et végétaux marins (CSAVM), Centre d‘étude et de valorisation des algues (Ceva), Normandie filière algues, Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne (CRPMEM).