Ces mesures visent à « mettre fin au modèle économique de la revente abusive de billets à grande échelle », promet l’exécutif travailliste dans un communiqué.

« Les vendeurs achètent de grands volumes de billets en ligne, souvent à l’aide de bots automatisés, avant de les remettre sur le marché sur des plateformes de revente à des prix fortement gonflés », explique-t-il. « Cela a causé des préjudices à des millions de fans et nui au secteur. »

Le Royaume-Uni a été confronté au problème lors de la vente chaotique fin août 2024 des billets pour les concerts d’Oasis, immédiatement revendus en ligne pour plusieurs centaines, voire milliers d’euros.

Le gouvernement estime que ses mesures, qui doivent être présentées au Parlement, permettront aux fans d’économiser 112 millions de livres (127 millions d’euros) par an, réduisant le prix de revente moyen de 37 livres (42 euros).

« Marché noir »

Les plateformes spécialisées Viagogo et StubHub International, utilisées par des revendeurs pour leurs transactions, sont les principales touchées par cette législation, qui remet en cause leur modèle. L’une et l’autre estiment qu’elle favorisera les fraudes, en détournant les acheteurs vers des sites moins sûrs.

« Quand un marché réglementé se transforme en marché noir, les consommateurs n’ont que des problèmes : fraudes, inquiétude et aucun recours », a réagi un porte-parole de StubHub.

Un porte-parole de Viagogo assure pour sa part que dans les pays où des plafonds ont été mis en place, « les taux de fraude sont près de quatre fois plus élevés qu’au Royaume-Uni », citant l’Irlande et l’Australie.

Viagogo estime en outre que la proposition renforcera la position dominante de Ticketmaster sur le marché principal de la billetterie.

« Ticketmaster limite déjà toute revente au Royaume-Uni », qui doit avoir lieu « au prix nominal », souligne sa maison mère Live Nation, estimant que la proposition constitue une « avancée majeure pour les fans ».

Les entreprises qui enfreindront les règles pourront se voir infliger par l’autorité britannique de la concurrence britannique, la CMA, des pénalités pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires mondial.

Des frais de revente jugés « inévitables, comme les frais de service », pourront être facturés par les plateformes, mais plafonnés, souligne le gouvernement.

La CMA, a d’ailleurs ouvert mardi deux enquêtes sur un possible manque de transparence de Viagogo et StubHub à propos de ces frais.

5 000 euros pour Oasis

Des stars britanniques de la musique, dont Dua Lipa, Robert Smith (The Cure) ou Radiohead – qui ne touchent rien sur la revente des billets – ont récemment appelé dans une lettre ouverte le gouvernement à plafonner la revente.

Selon l’association Which ?, certains tickets pour un concert d’Oasis à Wembley cet été ont été proposés à des prix pouvant dépasser 5 000 euros.

« C’est de l’argent qui est en fait soutiré aux fans, qui passe des mains des fans à celles d’une poignée de revendeurs » et cette législation « va changer considérablement la donne », explique Dougie Brown, de UK Music, qui représente l’industrie musicale britannique.

Sur un autre front, le gouvernement entend aussi lutter contre la tarification « dynamique » mise en place lors de certaines ventes, quand les prix sont ajustés en temps réel en fonction de la demande, ce qui avait fait scandale avec les billets d’Oasis.