

Chaque hiver, la grippe revient avec son cortège de fièvre, courbatures et arrêts de travail. Mais cette année, un invité un peu différent attire les regards : le sous-clade K du virus A(H3N2). On en parle beaucoup outre-Manche, où les autorités ont noté une circulation plus rapide et plus importante des virus H3N2, dont cette variante.
De l’autre côté de la Manche, la France observe attentivement la situation. L’enjeu est de savoir si la dérive génétique détectée au Royaume-Uni annonce une saison grippale plus rude chez nous, ou si l’Hexagone peut encore espérer passer entre les gouttes. That is the question…
Épidémie de grippe : un variant qui s’impose au Royaume-Uni
D’abord, une certitude: le virus de la grippe change constamment. Le sous-clade K n’est pas un nouveau virus à proprement parler, mais une branche génétique légèrement différente du H3N2 habituel. L’UK Health Security Agency (UKHSA) a décrit dès l’automne la montée en puissance de cette variante dans les échantillons britanniques. Les données figurant dans les rapports scientifiques de l’agence indiquent qu’A(H3N2), et particulièrement ce sous-clade, domine actuellement les analyses virologiques du pays.
Les médias britanniques, comme The Guardian, soulignent en parallèle que la saison a démarré plus tôt que l’année précédente et que les services de santé se préparent à une affluence plus forte que d’habitude. Cela n’a rien d’exceptionnel en soi, mais l’apparition d’une version du virus un peu différente attire logiquement la vigilance. Surtout dans une période de tension hospitalière.
De son côté, le centre de référence américain CIDRAP rappelle que le sous-clade K représente une “dérive” et non une rupture majeure. Il s’agit d’un glissement génétique qui peut réduire, dans une certaine mesure, la reconnaissance du virus par l’immunité existante, mais pas d’une apparition totale d’un nouveau sous-type.
Grippe : la question de l’efficacité vaccinale
Le Royaume-Uni dispose, depuis l’automne, de données préliminaires de l’UKHSA indiquant que les vaccins actuels offrent une protection, y compris contre les formes graves, même si la reconnaissance immunitaire semble légèrement diminuée selon plusieurs analyses en laboratoire. Une baisse d’efficacité n’équivaut pas à une absence de protection. Une vaccination même partielle réduit le risque d’hospitalisation et de complications.
Autrement dit, la présence du sous-clade K ne signifie pas que le vaccin est inutile. Cela sous-entend simplement que la protection n’est peut-être pas optimale. Ce qui arrive régulièrement quand le virus dérive plus vite que prévu.
Nouveau variant : la France doit-elle s’inquiéter ?
En France, la situation est différente. Aucun bulletin officiel ne décrit, à ce jour, une dominance de cette variante sur le territoire. Aucun signal ne laisse encore penser que la saison démarre plus tôt à cause du sous-clade K.
Cela ne veut pas dire que l’Hexagone est à l’abri. Les virus grippaux circulent très facilement d’un pays à l’autre, et il est parfaitement possible que le sous-clade K arrive chez nous dans les prochaines semaines. Mais il serait faux d’affirmer qu’il est déjà présent de manière massive.
La saison 2024-2025 a été l’une des plus éprouvantes depuis plusieurs années. Selon Santé publique France, elle a débuté plus tôt que d’habitude, a duré douze semaines, soit plus longtemps que la moyenne, et elle s’est accompagnée d’un excès de mortalité toutes causes estimé à environ 17 000 décès. Le pays sort donc d’une saison fatigante, ce qui rend la suivante particulièrement scrutée.
Alors, faut-il s’alarmer de l’épidémie de cet hiver ?
Il serait exagéré de parler de menace imminente. Les données disponibles n’indiquent pas, aujourd’hui, que ce sous-clade provoque des formes plus graves que les autres H3N2. Ce qui inquiète davantage les experts britanniques est l’addition de plusieurs facteurs :
En France, la prudence reste donc de mise, mais les éléments tangibles ne permettent pas de conclure à une saison catastrophique. On sait que la grippe, surtout quand elle est dominée par H3N2, peut être particulièrement pénible pour les personnes âgées et fragiles. On sait aussi que la vaccination, même imparfaite, reste la meilleure arme pour éviter les hospitalisations. Ne l’oublions pas…
À SAVOIR
En France, pour la saison 2024-2025, le taux de couverture vaccinale pour la grippe est estimé à 46,5 % chez l’ensemble des personnes à risque de grippe sévère. Parmi elles, ce taux atteint 53,7 % pour les personnes âgées de 65 ans et plus.


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