En l’espace de 10 ans, la taxe foncière (TF) a augmenté de 37 %, soit deux fois plus vite que l’inflation. Pour certains ménages, la hausse va continuer en 2026. Comme l’a révélé Le Parisien ce mercredi, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) prévoit en 2026 une actualisation « d’office » , qui concernera environ 7,4 millions de locaux (sur les 71,4 millions de biens recensés).

Pour ces logements, la taxe foncière va augmenter de 63 euros en moyenne, confirme auprès du groupe EBRA, dont fait partie notre journal, la DGFiP. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dénoncé un « coup dans le dos porté aux propriétaires français », tandis que le cabinet d’Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, nous parle d’une simple « correction ». On fait le point.

Comment la taxe foncière est-elle calculée ?

La taxe foncière est payée par quelque 32 millions de propriétaires. Elle est calculée en fonction de la valeur locative cadastrale du bien immobilier – qui prend en compte la surface imposable (en m²), mais aussi des « coefficients de confort ». Sont considérés comme des éléments « de confort » la présence d’eau courante, d‘électricité, de WC, de lavabos, d’une douche et/ou d’une baignoire.

Ces éléments dits « de confort » – devenus essentiels – doivent être déclarés au fisc, qui les « traduit en un nombre de m² forfaitaire » (+4m² pour l’eau courante, +2m² pour l’électricité, etc.) faisant augmenter le montant de la taxe foncière. « L’obligation légale de tout contribuable est de déclarer des travaux de confort dans les 90 jours à la suite de la livraison », rappelle la DGFiP.

Quels sont les logements concernés par l’augmentation ?

Sauf que, selon un document du fisc que nous nous sommes procuré, « des logements rénovés ont pu ne pas donner lieu à une réévaluation au fil du temps malgré l‘évolution des équipements ». L’administration fiscale va donc procéder à une « opération de fiabilisation des bases foncières ». Selon elle, au moins un des six éléments de confort précités (douche et baignoire confondues) n’a pas été déclaré pour 7,4 millions de locaux. Or, le fisc « part du principe que ces six éléments de confort sont dans tous les biens » car ils sont jugés « essentiels ». Ceux qui manquent vont donc être ajoutés de manière automatique, ce qui va mécaniquement faire grimper la facture. « Si une baignoire a déjà été déclarée, on ne va pas ajouter une douche » et inversement, précise la DGFiP.

Quid des contribuables qui avaient déjà déclaré tous les équipements « de confort » et en ont ajouté d’autres, sans les déclarer ? Cette actualisation ne les vise pas, admet le fisc, mais ils risquent quand même d’être redressés en cas de contrôle. L’administration fiscale indique par ailleurs dans son document que « les logements classés en catégories 7 et 8, de caractère médiocre ou très délabré et non réhabilités » ne « seront pas concernés par l’opération ». Elle évoque aussi des « disparités entre départements » (45 % des logements concernés en Corse-du-Sud, contre 10 % en Isère, selon Le Parisien), qu’elle explique par « la mise en œuvre ou non » de mises à jour locales par le passé.

Bercy a-t-il voulu passer la mesure « en catimini » ?

Le président du RN Jordan Bardella a accusé Bercy d’avoir « essayé en catimini d’imposer cette mesure dans le dos de la représentation nationale ». « Elle a été décidée il y a plusieurs mois », à l’issue d’une concertation avec les élus en date du 25 juin, réfute le cabinet d’Amélie de Montchalin. Le ministère assure par ailleurs qu’il était prévu de contacter les propriétaires concernés par courrier.

« La taxe foncière, c’est de l’argent qui va aux collectivités, pas dans les caisses de l’État », insiste-t-on. Le Parisien parle d’une rentrée d’argent supplémentaire de 466 millions d’euros pour les communes et les départements. Au cabinet de la ministre comme à la DGFiP, on vante une mesure d’« équité fiscale », certains propriétaires payant aujourd’hui moins que d’autres alors que leurs logements sont « de même configuration ».

Sera-t-il possible de contester la nouvelle imposition ?

Au fisc, on assure qu’actualiser « d’office » les bases de la taxe foncière (comme de la taxe d’habitation) « n’est pas exceptionnel » : en temps normal, ces opérations sont justes réalisées « à l‘échelle départementale ou communale ».

Début 2026, un « courriel général » sera adressé aux propriétaires concernés, écrit l’administration fiscale. Ceux qui ne sont effectivement pas équipés d’un élément « de confort » visé par l’opération sont invités « à se présenter avant avril aux services de la DGFiP » pour qu’ils ne soient pas taxés « par erreur ». En juin, tous auront accès sur impots.gouv.fr au détail du calcul de leur taxe foncière. Ils pourront alors « bien entendu contester leur imposition de taxe foncière et obtenir les dégrèvements correspondants ». « Le nombre de contestations va être infinitésimal », promet la DGFiP.