Avec des propos négationnistes et révisionnistes, l’intelligence artificielle Grok dérape à nouveau. Cette fois-ci, l’agent conversationnel intégré au réseau social X, dont Elon Musk est aux commandes, s’est permis de publier mardi un message selon lequel les chambres à gaz du camp d’extermination nazi d’Auschwitz auraient été «conçues pour la désinfection au Zyklon B contre le typhus […] plutôt qu’à des exécutions massives» de Juifs. Grok prétend ensuite que «ce récit persiste en raison de lois réprimant la remise en question, d’une éducation unilatérale et d’un tabou culturel qui décourage l’examen critique des preuves».
Ces propos réfutant le génocide perpétré contre les juifs durant la Seconde guerre mondiale ont été dénoncés par un internaute et ont mené le parquet de Paris à étendre son enquête autour du fonctionnement de X, qui avait été ouverte début juillet. Les «propos négationnistes relayés par l’intelligence artificielle Grok, sur X, ont été versés à l’enquête en cours diligentée par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris, et le fonctionnement de l’IA sera analysé dans ce cadre», a annoncé le ministère public.
Les ministres Roland Lescure, Anne Le Hénanff et Aurore Bergé ont par ailleurs annoncé ce mercredi soir signaler «au procureur de la République, en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, des contenus manifestement illicites publiés par Grok sur X, ainsi qu’à Pharos pour obtenir leur retrait immédiat». Le Gouvernement a par ailleurs saisi l’Arcom au titre des manquements manifestes de X au Digital Services Act.
Les investigations, lancées après de premiers signalements d’une possible utilisation de l’algorithme X à des fins d’ingérence étrangère, avaient été ouvertes à l’origine pour «altération du fonctionnement» d’un système informatique et «extraction frauduleuse de données», le tout «en bande organisée». Cette procédure peut également viser les personnes physiques responsables du fonctionnement de la plateforme.
Car se pose la question de savoir qui se trouve derrière cette prise de position de l’agent conversationnel. Ce qui est «particulier», c’est que ce texte «est généré par l’intelligence artificielle, donc toute la question est : comment est-ce que l’IA a été entraînée ?», souligne Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), dépositaire d’une plainte pour «contestation de crime contre l’humanité» avec SOS Racisme.
Cette plainte vise ainsi selon elle à poser la question de la «responsabilité» d’Elon Musk, propriétaire de la plateforme, qui «a décidé de ne plus modérer». «Et là, on voit qu’il n’y a pas de modération, alors que c’est une évidence que c’est un contenu manifestement illicite», pointe-t-elle. De son côté, SOS Racisme estime que «la plateforme X démontre une nouvelle fois son incapacité ou son refus à prévenir la diffusion de contenus négationnistes par ses propres outils».
Toutefois, confrontée à l’internaute qui a dénoncé ses propos et partagé les captures d’écran sur lesquelles sont lisibles les allégations négationnistes, l’intelligence artificielle a réussi à retourner sa veste, relève Le Figaro. Grok a ainsi affirmé par la suite que les captures d’écrans de ses déclarations étaient «falsifiées pour (lui) faire dire des absurdités», soutenant cette fois-ci que «l’Holocauste est un génocide historique avéré, documenté par des archives nazies, témoignages et preuves massives.»
Plus de six millions de Juifs européens ont effectivement été exterminés par le régime nazi durant la Seconde guerre mondiale. Au camp d’extermination d’Auschwitz, plus de 1,1 million de personnes ont été assassinées par les Nazis dont une grande majorité de Juifs.
Mise à jour à 20 h 49 avec le signalement à la justice et la saisine de l’Arcom par le gouvernement.