Depuis 2020, la taxe foncière a augmenté de 30 % pour atteindre un montant moyen de « 1 082 € » selon la direction générale des finances publiques (DGFiP). Pourtant, une nouvelle hausse moyenne de 63 € est à craindre en 2026 pour 7,4 millions de propriétaires de logements, sur un total de 71 millions de biens et 32 millions de contribuables. On vous explique.
Pourquoi la taxe foncière va-t-elle augmenter ?
Pour Bercy et la DGFiP, il ne s’agit pas d’une augmentation mais d’une « régularisation ». Le ministère de l’Économie a décidé de revoir « la prise en compte d’éléments dits de confort comme la présence d’eau courante, d’électricité, de WC ou de lavabos » dans un logement. Le dernier relevé datait de 1970. Chacun de ces éléments a son importance car il est traduit en mètre carré forfaitaire dans le calcul de la taxe foncière, en plus de la surface totale du bien.
Comment sont intégrés les éléments de confort dans le calcul ?
Si Monsieur X a un appartement de 82 m² dans la commune Y, dont la valeur locative par mètre carré est de 20 € et que ce bien possède l’eau (+ 4 m²), l’électricité (+ 2 m²), une douche (+ 4 m²), deux lavabos (+ 6 m²) et le chauffage (+ 2 m²), cela fait un total de 100 m² pour une valeur locative de 2 000 €.
Sa « base imposable » est donc de 1 000 €
Comment savoir si mon logement est concerné ?
Les 7,4 millions de logements visés sont ceux dont le fisc estime que les données disponibles ne sont pas à jour. Il va considérer par exemple comme peu probable l’absence d’eau ou de chauffage dans la grande majorité des biens déclarés.
Ces biens appartiennent aux « catégories dites 1 (de type « luxueux ») à 6 (de type « ordinaire »), pour lesquels l’absence des éléments de confort est exclue de nos jours » contrairement aux années 70, précise la DGFiP. A contrario, « les logements classés en catégories 7 et 8, de caractère médiocre ou très délabré et non réhabilités, et pour lesquels la présence de ces éléments de confort n’est pas systématique, ne seront pas concernés par l’opération. »
Si je suis concerné, quand serais-je informé ?
Il n’y aura pas de campagne générale comme ce fut le cas pour la déclaration de biens immobiliers suite à la suppression de la taxe d’habitation. Un bien mauvais souvenir pour les contribuables et les impôts.
En 2026, par défaut, les logements ont été améliorés selon Bercy. L’ajout d’éléments de confort sera donc automatique. Les contribuables concernés recevront un courrier début 2026. Ils seront invités à se manifester directement dans un centre des impôts en avril pour présenter des éléments administratifs (contrats d’eau ou d’électricité par exemple) s’ils notent des erreurs.
Sur leur espace personnel en ligne, tous les contribuables recevront un récapitulatif au mois de juin.
Puis-je contester la hausse de ma taxe foncière ?
L’Union nationale des propriétaires immobiliers s’inquiète « de nombreux contentieux » à venir.
Mais la DGFiP assure que les propriétaires dont les logements ne seraient réellement pas équipés des installations nouvellement mentionnées, et qui n’auraient pas reçu de courrier en début d’année 2026, ni contesté en avril, pourront le faire à la réception de leur avis de taxe foncière. Il est généralement envoyé fin août.
Il sera alors possible d’obtenir un remboursement ou un dégrèvement si le montant dû est réévalué.
Un appartement vaut-il une maison ?
Non, même si cela reste à préciser. Les maisons, plus souvent modifiées que les appartements selon le fisc, devraient être les plus touchées. Une maison sur quatre le sera selon les premières estimations. Des écarts selon les départements sont aussi à prévoir mais la DGFiP n’est pas en mesure d’être plus précise à ce stade.
Cette révision fait-elle l’unanimité ?
Bercy justifie cette modification par « une question d’efficacité et d’équité de l’impôt » : « que chacun paie selon le type de logement qu’il détient ».
Pour Solidaires Finances Publiques, « cette décision prise en catimini est une attaque de plus de notre système déclaratif ». Le syndicat reconnaît que les modes de calcul sont « obsolètes » mais regrette un débat à nouveau repoussé. Le gouvernement a renoncé à une révision d’ampleur des bases locatives cadastrales dans le budget 2026. Le texte prévoit une révision des valeurs qui servent de calcul à la taxe foncière en… 2031.
Avec cette revue des logements, l’État veut récupérer 466 millions d’euros à destination des communes et des départements, au moment où se tient le Congrès des maires, mais les réactions sont mitigées. « On se réserve le droit d’interroger la pertinence de cette mesure dans quelques mois, lors d’un point d’étape », a temporisé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon à la fin du Conseil des ministres.