Les pays européens ont soutenu de nouveaux assouplissements de la loi phare de l’Union européenne contre la déforestation, dont un report à fin 2026, ont indiqué des diplomates mercredi 19 novembre. À la demande de l’Allemagne et de l’Autriche, très critiques contre ce texte, les Européens ont aussi validé une clause de revoyure en avril 2026, pour se pencher à nouveau sur cette loi avant même son entrée en vigueur.
Ce texte emblématique, jugé pionnier par les organisations environnementales, vise à interdire la commercialisation en Europe de produits comme l’huile de palme, le cacao, le café, le soja et le bois issus de terres déboisées après 2020. Mais il ne cesse d’être critiqué par les milieux de l’agrobusiness et des pays comme le Brésil et les États-Unis. L’Union européenne l’avait déjà reporté une première fois de 2024 à 2025, avant le nouveau délai soutenu mercredi.
C’est la Commission européenne qui avait ouvert la voie à ce report supplémentaire en invoquant des problèmes informatiques pour mettre en place le système de traçabilité des produits. Mais après avoir évoqué un délai d’un an, Bruxelles avait fini par proposer aux Vingt-Sept de reporter la loi de six mois. Les pays européens ont décidé d’aller plus loin, notamment sous l’impulsion de l’Allemagne, qui redoute des surcoûts pour ses forestiers.
« Signaux désastreux »
Le compromis qui devra encore être soumis au Parlement européen vise une entrée en vigueur à la fin 2026.
Les nombreux atermoiements autour de cette loi ont suscité la colère des ONG qui finissent par se demander si l’Union européenne a véritablement l’intention de la mettre en place.
« Les signaux sont désastreux à tout point de vue, en pleine » COP, la conférence de l’ONU sur le climat au Brésil, déplore Pierre-Jean Sol Brasier, de l’ONG Fern, spécialiste de protection des forêts. « C’est extrêmement déprimant », « on crée de l’instabilité pour des entreprises qui ont investi des millions », pour se préparer, assure-t-il.
Ce règlement contre la déforestation avait reçu le soutien de certaines sociétés européennes comme le groupe italien Ferrero, qui produit entre autres la pâte à tartiner Nutella.
« Nous avions fait un investissement en toute bonne foi parce que nous pensions qu’il y avait une direction à suivre, et maintenant, cela est remis en question », avait regretté l’un de ses cadres, Francesco Tramontin, lors d’un point presse lundi.
Mais cette réglementation est aussi combattue par une série de géants de l’agrobusiness, ainsi que des pays d’Asie et d’Amérique, inquiets des coûts supplémentaires engendrés pour les agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers.
Après avoir adopté durant plusieurs années des mesures très ambitieuses, l’Union européenne a mis un coup de frein à certaines de ses dispositions sur le climat pour donner de l’air aux entreprises, soumises à une concurrence mondiale féroce.