Par
Anaelle Montagne
Publié le
19 nov. 2025 à 17h22
Le parvis du tribunal correctionnel de Toulouse est bondé, ce mercredi 19 novembre 2025. Une cinquantaine de membres d’Extinction Rebellion sont venus soutenir le militant qui avait perturbé l’arrivée de la 11e étape du Tour de France dans la Ville rose. Le 16 juillet, alors que les roues des coureurs défilaient sous les hourras des spectateurs déchaînés, Amine M. avait enjambé les barrières de sécurité pour atterrir sur le parcours, Keffieh palestinien à la main, affichant sur son t-shirt blanc un message anti-Israël.
Sa folle échappée a été coupée net par le plaquage foudroyant d’un membre de l’organisation, à 25 mètres de la ligne d’arrivée. Quatre mois plus tard, loin de l’agitation du Tour, cet étudiant à l’ENS de 27 ans a fait face à la justice, fier (mais pas vantard) d’être parvenu à faire passer son message.
Solidarité envers la Palestine
Le jeune Parisien aux longs cheveux bruns est calme, articulé. Il explique devant la cour qu’il souhaitait « porter un message aux politiques, et faire valoir une liberté d’expression ».
À travers le message « Israël out of the Tour », il dénonçait « qu’une équipe cycliste s’autoproclamant ambassadrice d’Israël ait été autorisée à participer au Tour de France ». Il voulait être vu et entendu, relayé dans les médias, coûte que coûte. Quitte à mettre en danger les coureurs ?

Amine M. a écopé d’un simple avertissement (©Anaëlle Montagne / Actu Toulouse)Il a tout fait pour éviter que quinconque soit blessé
Le jeune étudiant insiste : il a tout mis en oeuvre pour éviter que quiconque soit blessé. « J’ai pris soin de regarder l’écran qui indiquait la distance à laquelle les cyclistes se trouvaient de la ligne d’arrivée – ils étaient à 200 mètres – pour qu’ils puissent prévoir ma trajectoire et ne soient pas perturbés dans leur course. »
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Il a couru le long de la barrière droite volontairement, « laissant les cyclistes sur la gauche, gardant toujours une distance importante avec eux » – l’un deux a pourtant fait « un léger écarte pour l’éviter ». Son but était simplement de faire passer son message.
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Le contestataire n’a « pas perturbé » l’événement
Mission réussie : il a été largement relayé dans la presse. « D’anciens coureurs de l’équipe ont même pris la parole par la suite, rappelle-t-il, et il y a quinze jours l’équipement entier s’est retiré de cette équipe », qui ne porte d’ailleurs plus Israël dans son nom.
Son avocate, Me Claire Dujardin, confirme : « Monsieur M. a pris le soin de ne pas perturber ce moment particulièrement médiatique, il n’y a pas eu de trouble à l’ordre public. » La tribune de soutien à cet acte – signée par une centaine de sportifs professionnels dans le Nouvel Obs – démontre, selon elle, l’importance de faire usage de la liberté d’expression dans les enceintes sportives. « Vous y porteriez atteinte en le condamnant. » L’avocate a donc demandé la relaxe de son client.
Les réquisitions du procureur
Pour le procureur, le jeune homme n’avait « aucune notion » du danger qu’il pouvait causer : les chutes de vélo peuvent causer la mort, insiste-t-il. « La liberté d’expression ne doit pas se faire au prix de la sécurité des personnes, quelle que soit l’importance du message que l’on veut faire passer. »
Tenant compte de l’absence d’antécédents judiciaires du mis en cause, le procureur a demandé qu’il soit condamné à une amende délictuelle de 500 euros et à l’interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive pour une durée de deux ans.
La condamnation
Amine M. a finalement été condamné à une peine de 300 euros d’amende, intégralement assortie d’un sursis (il ne doit donc pas payer actuellement), et à l’interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive durant deux ans. « C’est un avertissement », prévient la présidente.
À la sortie de l’audience, le militant insiste : « Je n’ai fait tomber personne, personne n’a été blessé, c’est d’ailleurs pour ça que le Tour de France ne me poursuit pas, ni l’organisateur privé. Mais l’État décide de me poursuivre, de continuer dans cette voie de la silenciation des soutiens au peuple Palestinien. »
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