Alors que Donald Trump “multiplie les efforts pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine”, Washington a envoyé mercredi à Kiev “un nouveau cadre de paix qui suscite déjà l’inquiétude des responsables ukrainiens”, rapporte The Kyiv Independent.

Cette énième feuille de route a été remise aux autorités ukrainiennes alors que la ville de Ternopil, dans l’ouest du pays, avait été pilonnée la nuit précédente par les forces russes, dont les bombardements ont fait au moins 26 morts dont trois enfants, et 92 blessés.

Selon Axios, qui a révélé dès mardi que les États-Unis et la Russie travaillaient sur une nouvelle proposition, ce plan en vingt-huit points prévoit notamment d’accorder à la Russie “des parties de l’est de l’Ukraine qu’elle ne contrôle pas actuellement”, en échange d’une “garantie de sécurité américaine pour l’Ukraine et l’Europe contre une future agression russe”.

Il exigerait également de l’Ukraine qu’elle réduise de moitié les effectifs de son armée et renonce à toute présence de troupes européennes sur son sol. Autant de dispositions que Kiev et ses soutiens “considéreraient comme une énorme concession à la Russie”, observe le site.

Un cadre conforme aux exigences russes

“Le projet de plan, élaboré selon certaines sources par l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, et le conseiller du Kremlin, Kirill Dmitriev, imposerait à l’Ukraine des mesures draconiennes, conférant à la Russie un contrôle sans précédent sur la souveraineté militaire et politique du pays”, renchérit The Guardian. “Ce plan sera vraisemblablement perçu par Kiev comme une capitulation”, augure le quotidien britannique.

L’administration trump “tente la même approche que celle utilisée pour obtenir un cessez-le-feu négocié par les États-Unis à Gaza le mois dernier”, analyse The Wall Street Journal. Une approche qui consiste à “élaborer un plan en plusieurs points, puis faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles l’acceptent”, explique le titre conservateur.

Une source au sein de la présidence ukrainienne “s’est montrée fort peu enthousiaste quant à ce plan potentiel”, soulignant que “Washington semblait s’orienter vers un cadre conforme aux exigences de Moscou”, note The Kyiv Independent.

Pour le quotidien ukrainien, citant cette fois une source proche des négociateurs américains, le Kremlin aurait “durci ses conditions maximalistes, constatant la situation de plus en plus précaire de l’Ukraine sur la ligne de front, et exploitant les retombées d’un vaste scandale de corruption impliquant des personnes proches du président Volodymyr Zelensky”.

Le président ukrainien est en effet fragilisé par plusieurs scandales de corruption, plusieurs de ses proches étant accusés par des enquêteurs anticorruption d’avoir détourné 100 millions de dollars du secteur énergétique. L’affaire a entraîné la démission de deux ministres et l’arrestation de cinq personnes.

“Douche froide” pour Kiev

Si la proposition a toutes les chances d’être rejetée par l’Ukraine, ces négociations entre Moscou et Washington n’en restent pas moins “une douche froide pour Kiev, car une fois de plus, le pays a le sentiment que Trump et Poutine décident de son avenir sans avoir voix au chapitre”, remarque El País.

La nouvelle proposition de Washington intervient alors que le ballet diplomatique autour du conflit s’accélère. Le New York Times rapporte ainsi que M. Zelensky se trouvait mercredi en Turquie “pour rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan” et tenter lui aussi “de relancer les efforts visant à mettre fin à la guerre” – sans obtenir d’avancée concrète.

Et à Kiev, le secrétaire à l’Armée de terre américaine Dan Driscoll et deux généraux de haut rang de l’armée américaine se sont entretenus avec le ministre de la Défense et le chef d’état-major des armées ukrainiens, là encore pour discuter “des stratégies militaires et d’éventuelles négociations de paix”, pointe le Wall Street Journal.

Mais si M. Driscoll avait été informé du nouveau plan américain par M. Witkoff avant son départ pour l’Ukraine, “il n’était pas prévu qu’il en présente les grandes lignes” à ses interlocuteurs, croit savoir le quotidien économique.