Le quartier de Frais Vallon, d'où est originaire Mehdi Kessaci, dans le 13ème arrondissement de Marseille, le 18 novembre 2025. Le quartier de Frais Vallon, d’où est originaire Mehdi Kessaci, dans le 13ème arrondissement de Marseille, le 18 novembre 2025. ARTHUR LARIE POUR « LE MONDE »

Une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, les ministres de l’intérieur et de la justice viennent, jeudi 20 novembre, à Marseille où l’attente est forte dans un contexte où la lutte contre le narcobanditisme « est loin d’être gagnée ».

Gérald Darmanin et Laurent Nuñez, ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, passeront la journée dans la deuxième ville de France auprès des magistrats et des enquêteurs en première ligne dans ce combat. Ils doivent aussi échanger en début d’après-midi avec la famille Kessaci.

« Arrêtons tous ces discours, arrêtons tous ces effets d’annonce » : « Maintenant, juste place à l’action », a lancé mercredi Amine Kessaci, qui avait perdu un autre frère en 2020 dans un narchomicide. « Je ne sais pas comment ma famille va se tenir après ça, mais je veux dire juste une seule chose : protégeons celles et ceux qui se sont levés, protégeons celles et ceux qui sont les visages de la République », a ajouté ce militant antidrogue, qui vit sous protection policière depuis la fin août, sur France 2.

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L’assassinat en plein jour de son petit frère, qui voulait devenir policier, a tétanisé la ville. La justice étudie la piste d’« un crime d’intimidation » visant Amine. Mais ce dernier a prévenu qu’il ne se tairait pas et a appelé à descendre dans la rue samedi pour une marche blanche.

Comme le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, qui a invité ses administrés à ne « pas avoir peur ». Mais dans les milieux associatifs, dans les médias et dans les couloirs du palais de justice, la peur est bien là.

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Le climat se tend

Des magistrats plaident pour une anonymisation dans les procédures concernant des narcotrafiquants, comme la DZ Mafia, qui n’hésitent pas à recruter des adolescents sur les réseaux sociaux pour leur demander d’exécuter « un contrat » pour quelques milliers d’euros seulement.

« La lutte contre la criminalité organisée est de plus en plus dure. Le climat se tend, va crescendo (…). La lutte n’est pas perdue mais elle est difficile et loin d’être gagnée », confie à l’Agence France-Presse (AFP) une source judiciaire.

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Au tribunal judiciaire de Marseille, tout le monde se souvient de la soufflante reçue de la part de l’ex-garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, en mars 2024. Il leur avait reproché leur défaitisme : une juge d’instruction avait dit devant une commission parlementaire craindre « que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille ».

Mardi, lors d’une réunion d’urgence à l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, a appelé à adopter face au narcotrafic la même approche que contre « le terrorisme ». Sur cette stratégie, des détails sont attendus jeudi.

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Des procédures en attente

Benoît Payan a réclamé « encore plus » de moyens pour la lutte contre le trafic de drogue. « On n’a rien trouvé de mieux que de supprimer la préfecture de police à Marseille », tacle-t-il. « Si on avait plus d’effectifs de policiers judiciaires, de magistrats, peut-être que ça serait différent », a-t-il souligné auprès de l’AFP.

Le candidat Rassemblement national à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a appelé à la mise en place de l’état d’urgence. « L’état d’urgence, ça ne vous démantèle pas des points de deal, ça ne démantèle pas des réseaux, ce n’est pas ce qui vous améliore la sécurité dans les quartiers », « ce n’est pas le travail de long terme », estime au contraire une source gouvernementale.

« Il faut s’attaquer à tous les niveaux de la chaîne, du chef de réseau international au consommateur », a déclaré, de son côté, Renaud Muselier, président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Gérald Darmanin a dit avoir réclamé aux Emirats l’extradition d’« une quinzaine » de narcotrafiquants présumés.

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La juridiction marseillaise, troisième de France après Paris et Bobigny, a été renforcée ces dernières années avec aujourd’hui 143 magistrats du siège et 60 au parquet, soit légèrement moins qu’à Bobigny.

A la cour d’appel d’Aix-en-Provence, 500 procédures criminelles sont en attente de jugement. Parmi elles, le dossier des assassins présumés de Brahim, le grand frère d’Amine, tué en 2020 avec deux autres jeunes hommes. Mais l’embolie judiciaire est telle que des dates de procès n’ont toujours pas été fixées même si ce dossier « fera l’objet d’un audiencement prioritaire », promet-on.

Le Monde avec AFP

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