La SNCF s’apprête à annoncer de nouvelles liaisons à la fin du mois, dont une desserte TGV entre Lyon (Rhône) et Bordeaux (Bordeaux) à partir de 2027. Si, sur une carte, l’Auvergne semble se trouver sur le trajet, les voyageurs de ce train feront un détour pour l’éviter : ils iront jusqu’à la gare de Massy (Essonne), avant de repartir vers le sud et leur destination. Le voyage devrait prendre un peu moins de 5 heures. « C’est une aberration pour l’aménagement du territoire. Notre région est oubliée, une fois de plus ! », réagit Julien Vannier, porte-parole du collectif des usagers du train en Auvergne.

Principal grief : ce trajet long de 930 km plongerait dans l’oubli tout le massif central, à commencer par l’Auvergne. « Nous ne sommes pas opposés à ce TGV, mais c’est dommage de voir quelles sont les priorités de la SNCF, alors que d’autres dossiers prennent bien plus de temps », commente Frédéric Aguilera, maire (LR) de Vichy (Allier) et vice-président du conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes en charge des transports.

Le douloureux souvenir de Railcoop

À l’échelon régional, le collectif des usagers Aurail remet sur la table ses propositions de rétablir des liaisons plus directes entre Lyon et Bordeaux, comme elles existaient autrefois. Par exemple avec des arrêts à Montluçon (Allier) et Limoges (Haute-Vienne), jusqu’en 2014, ou en passant par Clermont-Ferrand et Tulle (Corrèze), comme jusqu’en 1996, voire par Le Puy (Haute-Loire) et Aurillac (Cantal), le trajet le plus court (504 km), mais qui nécessiterait plus de travaux.

L’an passé, les espoirs des usagers ont été douchés par la liquidation judiciaire de Railcoop devant le tribunal de commerce de Cahors (Lot). Cette coopérative de 13 000 membres, dont plusieurs collectivités locales auvergnates, proposait une réouverture de Bordeaux-Lyon via Montluçon et Limoges.

Ce tracé n’est pas tout à fait enterré. Selon Frédéric Aguilera, la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’État ont acté dans leur contrat de plan une réouverture de la ligne de fret qui dessert la future mine de lithium d’Imerys à Échassières, aux confins des départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme.

Le conseil régional conditionne sa participation au financement des 100 millions d’euros nécessaires à la rénovation de la ligne à une « réouverture du service voyageurs », précise Frédéric Aguilera. « Ce qui permettrait dans un premier temps de mieux relier Montluçon à la capitale régionale, Lyon, et à l’axe Clermont-Paris. »

À noter qu’en Nouvelle-Aquitaine, un autre collectif d’usagers prône la réouverture de la ligne entre Clermont-Ferrand et Bordeaux via Tulle. Il a reçu le soutien de l’ancien président de la République et actuel député (PS) de Corrèze François Hollande.