• L’administration américaine a soumis une nouvelle ébauche de plan de paix à la présidence ukrainienne.
  • Selon plusieurs médias, les 28 points détaillés par ce document se révèlent « très avantageux pour (Vladimir) Poutine » et la Russie.
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Ukraine-Russie : l’espoir de négociations au point mort

Kiev sous pression. Kirill Dmitriev, directeur du fonds souverain russe et proche de Vladimir Poutine, et Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump, ont élaboré un nouveau plan de paix pour l’Ukraine. Ce document en 28 points a été présenté cette semaine à l’administration ukrainienne, ont appris plusieurs médias. Plusieurs dispositions correspondent à des lignes rouges 

précédemment énoncées par l’Ukraine, et constitueraient des concessions majeures. « Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s’il s’agit réellement d’un plan Trump » ou « de son entourage », note tout de même un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat, auprès d’Axios

Un accord équivalent à une « capitulation » ?

Une personne ayant eu accès au document l’a décrit comme très générique et « fortement orienté vers la Russie », estime une source proche du dossier, dans les colonnes du Financial Times. Une autre personne informée du plan l’a qualifié de « très avantageux pour (Vladimir) Poutine ». Le Kremlin aurait « durci ses conditions maximalistes, constatant la situation de plus en plus précaire de l’Ukraine sur la ligne de front, et exploitant les retombées d’un vaste scandale de corruption impliquant des personnes proches du président Volodymyr Zelensky« , abonde le Kyiv Independant. De son côté, The Guardian estime que les mesures en question donneraient à Moscou un « contrôle sans précédent sur la souveraineté militaire et politique de l’Ukraine », et pourraient être considérées comme « une capitulation ». 

Concrètement, le texte prévoit la « reconnaissance de (l’annexion de) la Crimée et d’autres régions prises par la Russie », indique un haut responsable ukrainien à l’AFP. Il exigerait aussi que Kiev cède le reste de la région orientale du Donbass, y compris des territoires toujours sous son contrôle. L’idée serait d’accorder à la Russie « des parties de l’est de l’Ukraine qu’elle ne contrôle pas actuellement », reprend Axios, en échange d’une « garantie de sécurité américaine pour l’Ukraine et l’Europe contre une future agression russe ». Mais dans le même temps, cette ébauche d’accord de paix interdirait la présence de troupes étrangères sur le sol ukrainien, ce que réclament pourtant Kiev et ses alliés européens depuis de longs mois. 

Vers une armée ukrainienne largement réduite ?

Sur le plan militaire, le document envisage « la réduction de l’armée à 400.000 personnes », soit plus de la moitié des effectifs, glisse le haut responsable ukrainien à l’AFP. Comme si cela ne suffisait pas, les Ukrainiens ne recevraient plus d’armes occidentales à longue portée capables d’atteindre profondément le territoire russe et devraient renoncer à toutes celles qu’ils possèdent déjà. Parmi les autres dispositions notables, selon The Financial Times, le russe devrait être reconnu comme langue officielle de l’État ukrainien. Dans le même temps, un statut officiel serait accordé à la branche locale de l’Église orthodoxe russe. 

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Cette initiative américaine est vivement critiquée par les Européens. « Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair », lance la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, ce jeudi 20 novembre. « La paix ne peut pas être la capitulation », martèle le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, assurant que « les Ukrainiens refuseront toujours toute forme de capitulation ». « Nous voulons une paix durable qui soit entourée des garanties nécessaires pour prévenir toute nouvelle agression par la Russie de Vladimir Poutine », conclut le chef de la diplomatie française. 

M.G