Cette artiste portugaise, qui eut les honneurs de Versailles en 2012, se régénère chaque matin en regardant l’océan Atlantique d’où partirent les grands navigateurs annonçant l’ère moderne. Portrait d’une intrépide.
Joana Vasconcelos, c’est une nature, une bourrasque, un tempérament fonceur et une artiste qui n’a cessé de s’imposer depuis sa prise de Versailles en 2012 (Lilicopter, l’hélicoptère doré à plumes roses dans la salle 1830, c’est elle). En octobre 2025, Artcurial a accueilli Thé Dansant, une collection inédite, née de sa collaboration avec la maison Bernardaud et sa théière à folles arabesques, grosse comme le Ritz.
À Lisbonne, cette native de Paris (1971) a ancré sa vie et son studio. « J’aime la lumière du Portugal. Ma fenêtre s’ouvre sur l’océan et me montre de la beauté, tous les jours. La première chose que je vois en me levant, c’est l’Atlantique. Juste regarder le ciel, tous les matins, cela me donne envie de vivre, de créer, de faire partie de ce monde. Et je pense alors que s’il est aussi beau qu’ici, alors cela vaut le coup. J’ai toujours envie d’ailleurs ! Les Portugais sont toujours partis d’ici pour découvrir le monde, et c’est exactement ce que je fais. Mon atelier est situé à l’endroit d’où tous les grands navigateurs portugais ont levé l’ancre et où ont été construits leurs bateaux en bois, qui paraissent bien humbles, aujourd’hui, face à l’immensité de l’océan. Ils appareillaient pour plusieurs mois vers l’inconnu sans savoir si ces terres et ces peuples qu’ils voulaient atteindre existaient. C’était un défi incroyable.»
La vue de sa fenêtre sur l’océan des grands marins portugais.
Coll perso
« Ici, on dit qu’il y a deux genres de Portugais. Ceux qui ne sont jamais partis nulle part et ceux qui sont montés dans ces bateaux sans savoir où ils allaient. Je suis de ceux qui partent sur les bateaux. On ne sait pas vraiment où l’on arrive, mais on arrive quelque part ! J’ai aussi grand plaisir à être à Lisbonne, c’est ce qu’on appelle l’ambiguïté portugaise : on a tout devant nous, mais on a toujours besoin d’autre chose. Reconnaître l’autre, ce que l’on a en commun, ce que l’on peut partager. Mon premier voyage a été de Paris à Lisbonne, j’avais 3 ans. Je suis restée depuis sur la terre de mes ancêtres. »
Joana Vasconcelos exposera en janvier 2026 à la Fondation Valentino, à Rome, puis, en mars, au Long Museum, à Shanghaï.