On imagine souvent que
l’intelligence
se résume à des capacités logiques ou
analytiques. Pourtant, les spécialistes rappellent qu’elle
s’exprime aussi à travers des habitudes du quotidien, parfois
inattendues, qui trahissent une vivacité d’esprit. Parmi ces signes
surprenants, l’écriture joue un rôle révélateur. Et contrairement
aux idées reçues, ce n’est pas la calligraphie parfaite qui attire
l’attention des psychologues. Certaines
personnes brillantes
partagent en effet une particularité
commune… et elle se repère instantanément lorsqu’elles prennent un
stylo.

L »écriture, un signe d’intelligence ?

Il vous est peut-être déjà arrivé qu’on vous avoue avoir du mal
à vous relire lorsqu’un mot vous échappe sur un coin de feuille.
Autrement dit, que
votre écriture est jugée illisible
. Si cette remarque vous a
déjà agacé, sachez qu’elle pourrait en réalité vous flatter. Une
étude menée par un chercheur de l’université de Yale, publiée dans
The American Journal of Psychology et relayée par Le Figaro
Etudiant
, révèle un lien entre écriture soignée et
intelligence… mais au détriment de ceux qui écrivent joliment.
Selon cette recherche, la forme des lettres, et non l’orthographe,
permet de distinguer certains profils cognitifs.

Pour parvenir à cette conclusion, le scientifique a comparé les
écritures d’élèves de la primaire jusqu’à l’université, à partir
des observations détaillées de 105 enseignants. Il a ensuite
associé ces analyses aux QI et aux résultats scolaires des élèves.
Le verdict ? Ceux qui écrivent mal affichent en moyenne un QI plus
élevé. Le professeur Arnold L. Gesell affirme
d’ailleurs que « les enfants ayant une écriture illisible ont
montré des capacités mentales élevées et une agilité mentale
supérieure à la moyenne ». Il ajoute : « Ceux ayant une
écriture négligée, mais une bonne orthographe, ont de meilleures
notes durant l’ensemble de leur scolarité ».

Pourquoi les personnes les plus
intelligentes écrivent-elles mal ?

Selon lui, ce lien s’explique par la rapidité d’analyse et de
raisonnement propre aux personnes très intelligentes. Leur pensée
va si vite que leur main peine à suivre la cadence. Les idées se
succèdent à un rythme tel que le cerveau privilégie le traitement
de l’information plutôt que sa mise en forme. D’ailleurs, plus une
personne écrit vite, plus cela indique que les zones du langage et
de la vision sont développées. Ce décalage naturel n’est donc pas
un manque d’effort, mais bien le signe d’un esprit vif, constamment
en mouvement, dont la priorité n’est pas l’esthétique du tracé.

L’étude rappelle toutefois que d’autres facteurs peuvent
expliquer une écriture « brouillon » : fatigue musculaire,
difficultés psychomotrices ou mauvaise posture. Et comme le
souligne la graphopédagogue Laurence Pierson au Figaro
Etudiant, « l’utilité de l’écriture n’est plus la
même ». Autrefois essentielle, elle est aujourd’hui largement
remplacée par le clavier, réduisant la pratique manuelle. Il n’en
reste pas moins que ceux qui griffonnent vite et mal pourront
désormais invoquer cette particularité comme signe d’une pensée
agile.