L’enseigne Alinéa, fondée en 1988 à Avignon, vient d’être placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille et a rendez-vous le 12 janvier pour présenter un plan de relance.
/ PHOTO Philippe LAURENSON
L’enseigne française de mobilier et de décoration Alinéa, fondée en 1988 à Avignon, traverse une nouvelle période critique de son histoire. Malgré un repositionnement ambitieux et une relance progressive depuis sa reprise en 2020 par la structure Néomarché, contrôlée par la famille Mulliez, l’entreprise a déposé, vendredi 14 novembre, une déclaration de cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Marseille. Cette procédure traduit l’impossibilité de faire face au passif exigible avec la trésorerie disponible.
Une audience s’est tenue ce lundi 17 novembre, au cours de laquelle les juges ont analysé la situation financière de l’entreprise et examiné la demande d’ouverture d’une procédure collective. Le tribunal vient de rendre sa décision, ouvrant la voie à un redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois. Un rendez-vous est fixé le 12 janvier afin que l’entreprise propose une solution viable pour poursuivre son activité et préserver le maximum d’emplois.
Une activité qui continue malgré la procédure
Pour l’heure, la société continue de fonctionner normalement. Les magasins restent ouverts, les produits sont commercialisés et livrés sans difficulté, et aucune rupture d’approvisionnement n’est signalée. « Nous avons ouvert une procédure de redressement judiciaire, avec une période d’observation de six mois et donné rendez-vous mi-janvier à la direction, souligne-t-on du côté du tribunal de commerce. Pour l’instant, il n’y a aucun risque sur l’emploi. Nous sommes conscients du nombre élevé de collaborateurs et nous attendons qu’Alinéa propose une solution de sortie. »
Et d’ajouter : « Une solution de sortie signifie que l’entreprise doit travailler sur un plan permettant de surmonter ses difficultés et de sauver le maximum d’emplois. » Le tribunal étudiera toutes les propositions pour vérifier si elles permettent la continuité de l’activité et la protection des salariés : « Si aucune solution viable n’est proposée, d’autres mesures pourront être envisagées, mais la liquidation n’est pas à l’ordre du jour. »
Le tribunal souligne que la priorité est de trouver une solution pérenne pour poursuivre l’activité, tout en sécurisant les emplois et en donnant à l’entreprise la possibilité de travailler sur un plan viable.
Plus de 30 ans d’histoire entre expansion et restructurations
Alinéa voit le jour en 1988 et ouvre son premier magasin en 1989 à Avignon-Le Pontet. À partir de 1997, l’enseigne accélère son développement avec de nouvelles ouvertures à Montpellier et à Aubagne, où est aujourd’hui installé son siège social. Pendant plus de dix ans, Alinéa multiplie les magasins et modernise ses concepts, s’imposant comme un acteur de référence du mobilier milieu de gamme en France. Mais dès les années 2010, l’entreprise commence à souffrir face à la concurrence internationale et à la montée de l’e-commerce, accumulant des difficultés financières.
En 2017, Alexis Mulliez, membre de la famille Mulliez (Auchan, Decathlon…), prend la tête de la relance. La marque engage alors une transformation profonde : repositionnement de l’offre, collections repensées et production davantage locale.
La crise de 2020, accentuée par la pandémie, conduit Alinéa à une restructuration majeure : fermeture de 17 magasins sur 26, suppression de près de 1 000 postes, effacement partiel des dettes et refonte stratégique de l’enseigne. Depuis 2021, l’enseigne mise sur la qualité et le made in France, avec sa signature « Alinéa – La maison française », modernise ses magasins, développe son offre digitale et absorbe l’enseigne Zôdio. Aujourd’hui, Alinéa compte 1 172 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 162 millions d’euros (2024).
La direction n’a pas souhaité pour le moment faire de commentaire
La période d’observation du redressement judiciaire, qui s’étend sur six mois, sera cruciale pour l’avenir de l’entreprise et la poursuite de sa stratégie de relance. Contactée, la direction n’a pas souhaité pour le moment faire de commentaire.