« J’ai été touché par leurs histoires, et je voyais l’importance de les retranscrire, l’importance que ça se sache. Pour la mémoire. » Hervé Lory a rencontré Maurice Pellan et Maurice Letonturier en 1994. À l’époque, il travaille comme chargé de communication à la mairie de Langueux et coorganise des soirées de témoignages avec des déportés de la Seconde Guerre mondiale. Tout de suite, les récits des deux Maurice résonnent en lui.
Les deux ont été arrêtés pour des actes de résistance à Saint-Brieuc dans les années 1940. Ils avaient à peine 20 printemps, ne se connaissaient pas, et ont survécu. L’un était cheminot ; l’autre élève-maître (étudiant qui se destine à enseigner) au lycée Le Braz. « J’avais ces deux récits croisés en tête, et j’avais toujours pensé les raconter ensemble, justement parce qu’ils sont différents », raconte Hervé Lory. Il a donc retracé l’itinéraire de chaque homme, dans le livre « Rester debout, avoir vingt ans dans les bagnes nazis », publié en mars 2025.
Deux récits de déportation vers les camps
Briochin, Maurice Pellan multipliait les petits actes de résistance. Jusqu’au jour où, le 9 novembre 1942, il crie à un groupe de Français de ne pas partir travailler en Allemagne. Quelques minutes plus tard, il est interpellé par des Allemands, boulevard Clemenceau. Il enchaînera ensuite les geôles, du camp de transit de Compiègne au camp de concentration de Sachsenhausen en Allemagne, où il travaillera sur une chaîne d’assemblage dans un camp-usine. Cette détention durera « trois hivers » de cauchemars et de privations.
Originaire d’un village près de Corseul, Maurice Letonturier fut arrêté par la Police française, le 10 juin 1943, pour avoir collé des slogans patriotes en ville. Prison de Guingamp, de Rennes, de Redon, camp de Compiègne avant celui, d’extermination, d’Auschwitz, camp de concentration de Buchenwald où il sera balayeur… Maurice Letonturier ne retrouvera la liberté que deux ans plus tard, grâce à l’arrivée des chars américains. Toute leur vie, chacun a témoigné de son parcours. « Pour que les camarades ne soient pas morts en vain. »
Dans son livre « Rester debout », Hervé Lory livre le récit de deux résistants, Maurice Pellan et Maurice Letonturier, arrêtés à Saint-Brieuc et déportés vers des camps en Allemagne, pendant la Seconde Guerre mondiale. (Le Télégramme/Fanny Ohier)Se mettre « dans leur peau »
Ces deux histoires ont longtemps dormi dans le tiroir d’Hervé Lory. Jusqu’à ce que, le 80e anniversaire du Débarquement arrivant, il se mette à écrire. Avec l’idée de rendre ces récits « vivants ». En narrant celui de Letonturier à la première personne, par exemple. Ni historien, ni romancier, Hervé Lory s’est astreint à une certaine rigueur. Il a collecté des archives départementales et des documents auprès des familles (lettres, cartes de camp…). « J’ai tenté de dire ce qu’il s’est passé dans les wagons en partance pour les camps, de me mettre dans leur peau, explique l’écrivain amateur. Pour qu’on ne les oublie pas, ni leurs souffrances. » Il sera ce dimanche 27 avril à la cérémonie du souvenir de la Déportation place Saint-Michel à Saint-Brieuc.
Pratique
« Rester debout » est en vente (12 €) à la Nouvelle librairie à Saint-Brieuc, à Le Fanal à Saint-Quay-Portrieux, aux espaces culturels E. Leclerc de Ploufragan et Plérin. Deux rencontres-dédicaces : médiathèque de Langueux, vendredi 23 mai, 16 h-18 h 45 ; médiathèque de Plédran, samedi 24 mai, 10 h-midi. Ce dimanche 27 avril à Saint-Brieuc a lieu la cérémonie du souvenir de la Déportation.