En Angleterre, 23 000 morts du Covid-19 auraient pu être évités avec un premier confinement plus précoce selon un rapport sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni, dirigé à l’époque par Boris Johnson (ici en 2021).

Stefan Rousseau / POOL / AFP

En Angleterre, 23 000 morts du Covid-19 auraient pu être évités avec un premier confinement plus précoce selon un rapport sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni, dirigé à l’époque par Boris Johnson (ici en 2021).

Le rapport étrille la politique de Boris Johnson. Pas moins de 23 000 décès auraient pu être évités en Angleterre si le premier confinement au début de la pandémie de Covid-19 avait été instauré plus tôt, selon les conclusions d’une enquête publique dont les conclusions sont parues ce jeudi 20 novembre. Celle-ci pointe également le « chaos » régnant alors dans le gouvernement de l’ex-Premier ministre conservateur, aux affaires de 2019 à 2022.

Le Royaume-Uni a enregistré l’un des plus lourds bilans en Europe liés à la pandémie, avec quelque 226 000 décès. Alors que le virus se propageait partout dans le monde, les autorités britanniques et en particulier l’exécutif dirigé par le Premier ministre conservateur Boris Johnson ne l’ont pris au sérieux que « trop tard », selon le rapport.

L’enquête publique pointe que le « manque d’urgence et l’énorme augmentation des infections a rendu un confinement obligatoire inévitable », mais que celui-ci « aurait dû être instauré une semaine plus tôt ». « Rien qu’en Angleterre », des modélisations montrent qu’« il y aurait eu approximativement 23 000 morts en moins lors de la première vague » de la pandémie, entre mars et juillet 2020.

« Il est bouleversant de penser aux vies qui auraient pu être sauvées »

Il s’agit du deuxième rapport publié dans le cadre de l’enquête publique chargée d’évaluer la gestion de la pandémie par les autorités britanniques. « Les conclusions de l’enquête sont claires […] et il est bouleversant de penser aux vies qui auraient pu être sauvées sous un autre Premier ministre », a réagi un groupe de proches des victimes du Covid-19 dans un message vidéo.

Un premier confinement obligatoire a été instauré le 23 mars, trois mois environ après le début de l’épidémie, qui a démarré en Chine avant de gagner le reste du monde. L’actuel Premier ministre travailliste Keir Starmer a promis « d’examiner attentivement » ce rapport, et a affirmé que des « améliorations » avaient été apportées aux protocoles gouvernementaux en cas de crise majeure.

Ce rapport pointe nommément la responsabilité du gouvernement d’alors, trop « optimiste » début 2020. Et ajoute que l’attitude de Boris Johnson lui-même, Premier ministre de 2019 à 2022, a « sapé le message sérieux qu’il était censé transmettre à la population ». « La crise, qui s’aggravait clairement, exigeait un leadership au plus haut niveau » de l’État, a souligné Heather Hallet, qui a dirigé cette enquête.

Une erreur « inexcusable » face à la « menace grave » du virus

Il aurait dû être clair dès la fin janvier que « le virus représentait une menace grave et immédiate ». Février 2020 a ensuite été « un mois de perdu », avec de nombreux revirements, et le manque de réaction du gouvernement est « inexcusable », selon cette enquête. Elle juge aussi qu’une culture « toxique et chaotique » à Downing Street au début de la pandémie a nui à une « prise de décision intelligente ».

Le manque de moyens alloués au dépistage, par exemple, a empêché les autorités de « réellement comprendre la propagation du virus », ce qui a eu des « conséquences désastreuses ». D’autre part, les fêtes organisées à la résidence du Premier ministre – le « partygate » qui a plus tard contribué à la chute de Boris Johnson – ont « affaibli la confiance du public dans les décisions officielles » et accru le risque de non-respect des règles du confinement par la population.

En décembre 2023, l’ancien chef du gouvernement a reconnu devant la commission d’enquête publique qu’il aurait dû saisir la gravité de la crise « beaucoup plus tôt », et a présenté ses excuses aux familles des victimes. « L’erreur est humaine. Mais refuser d’écouter les travailleurs en première ligne [face au virus], les personnes vulnérables, les avis des dirigeants des nations britanniques ou des experts scientifiques est impardonnable », ont accusé ces dernières jeudi.