Dans l’absolu, la formule est complexe, mêlant dioxyde de carbone, productions d’énergies, produit intérieur but, et critères démographiques, facteurs liés les uns aux autres. Mais cette équation de Kaya (du nom de son inventeur japonais), Cédric Ringenbach a su la rendre abordable et compréhensible ce samedi, devant une assemblée tout ouïe. Cet ingénieur connu pour avoir enfanté la Fresque du Climat , atelier de sensibilisation aux enjeux climatiques aujourd’hui utilisé un peu partout sur le globe, a en effet joué les vulgarisateurs, et présenté de façon claire les leviers sur lesquels agir pour mettre un coup de frein aux émissions de CO2.
La décarbonation de l’énergie
Si l’on veut limiter le réchauffement 2 degrés maximum d’ici 2050, « cela veut dire diviser par trois nos émissions de CO2 au niveau mondial, et donc les faire baisser de 5 % par an dès maintenant. C’est énorme, d’autant qu’on ne pourra pas demander la même chose aux pays du sud et aux pays du nord : chez nous, les efforts devront être bien plus importants. Or, les énergies décarbonées comme l’hydroélectrique ou l’éolien progressent, mais ne remplacent pas les énergies fossiles, qui ne baissent pas en valeur absolue. Donc, installer des éoliennes et des panneaux solaires est une bonne chose mais ne suffira pas, il faut aussi faire baisser notre consommation d’énergies fossiles. »
L’efficacité énergétique
Et pour consommer moins d’énergies fossiles, « on peut par exemple faire de l’efficacité énergétique. » Une notion qui s’aborde « en projetant l’équation par secteurs. Par exemple : les transports. Là, le critère est le nombre de kilomètres parcourus, mais on en vient alors à la question du nombre de personnes par voiture, et donc au taux de remplissage. Si, pour parcourir la distance nécessaire, chaque personne utilise son propre véhicule, l’impact est évidemment bien plus important que si l’on utilise le covoiturage ou les transports en commun. » D’où les efforts, déjà engagés mais qui sont à poursuivre, sur les modes de déplacements collectifs, « pour répondre intelligemment aux besoins de chacun en matière de déplacements ».
La décroissance
Derrière ce terme, Cédric Ringenbach évoque plutôt nos modes de consommation, et le flux d’objets, tous domaines confondus, produits chaque année. « Ici, la durée de vie des objets joue beaucoup. Si l’on allonge cette durée de vie, ou si l’on répare plutôt que de racheter, ou si l’on apprend à mutualiser certains biens de consommation, naturellement on va produire moins. Car il est possible d’assurer le même service avec moins de production. »