Très tôt vous avez évoqué un point de bascule, un assassinat d’intimidation, qu’est-ce qui vous amène à être aussi affirmatif aussi tôt dans l’enquête ?

Gérald Darmanin : Jusqu’à présent, les assassinats ou tentatives touchaient des gens qui étaient déjà dans un réseau, ou alors il s’agissait de « victimes collatérales », de « balles perdues », je pense à cette jeune fille Socayna, évidemment. Mais des personnes qui n’avaient aucun casier judiciaire, en lien avec quelqu’un qui était protégé par les services du ministère de l’Intérieur, et qui était très manifestement ciblé… assez vite, quand j’ai eu le procureur de la République au téléphone, il était évident que c’était une sorte de changement de paradigme : on voulait faire taire quelqu’un. Et ça, c’est le signe des mafias. Donc ce n’est pas un règlement de compte comme on en connaît – il y en a de moins en moins à Marseille grâce au travail des services enquêteurs. Et ce n’est pas une balle perdue. C’est l’assassinat ciblé de quelqu’un qui n’a aucun lien avec le trafic pour impressionner l’État. Ça n’est pas arrivé sur le territoire national, en tout cas en matière de narcotrafic, depuis très longtemps.

Laurent Nuñez : Pour moi, ça …