L’éditorial de Philippe Gélie : «Ukraine, Donald Trump en revient aux conditions russes»

Les annales diplomatiques regorgent de plans de paix mirobolants restés lettre morte. Celui que l’Administration Trump voudrait aujourd’hui imposer à l’Ukraine est condamné au même sort. On se demande laquelle de ses dispositions est la plus aberrante : céder à la Russie des territoires qu’elle n’a pas conquis, réduire l’armée ukrainienne de moitié, renoncer à toute aide militaire occidentale, aux armes à longue portée, aux garanties de sécurité fournies par une force de « réassurance » européenne ? Même le Kremlin ne semble guère y croire et fait profil bas.

Cette nouvelle initiative américaine pâtit d’un triple handicap : la méthode – s’entendre avec une seule des parties –, les acteurs, Steve Witkoff et Kirill Dmitriev, deux partenaires d’affaires dont l’expérience relève de la diplomatie immobilière, et le résultat, inévitablement bancal. Si Donald Trump s’en tenait à ce brouillon, il se renierait une nouvelle fois, après avoir entériné avec Volodymyr Zelensky le principe d’un cessez-le-feu le long des lignes de front et la nécessité d’adosser tout accord à un dispositif sécuritaire pour protéger l’Ukraine. Surtout, et c’est bien plus gênant à ses yeux, il courrait à l’échec.

L’éditorial de Philippe Gélie : «Ukraine, Donald Trump en revient aux conditions russes»