Pendant que l’hypothèse de négociations diplomatiques reprend sur fond de proposition américaine d’accord en 28 points alignés sur les demandes de Moscou, la guerre continue de faire rage dans le sud et l’est de l’Ukraine le long d’un front d’un millier de kilomètres. Depuis début novembre, les gains territoriaux russes ont de nouveau augmenté après avoir légèrement ralenti en septembre et en octobre comparé à la poussée du début de l’été.
La Russie avance aujourd’hui de 15 km2 à 20 km2 par jour, ce qui reste minime à l’échelle de l’Ukraine dans son ensemble, mais constitue néanmoins une hausse dans le cadre d’une longue guerre d’usure. De manière notable, huit batailles urbaines sont engagées simultanément. Depuis janvier 2025, les Russes ont conquis 3700 km2 en Ukraine (contre 2200 à la même date en 2024).
Le centre de gravité des combats demeure encore et toujours le Donbass, région historique formée des oblasts de Donetsk (contrôlé à plus de 75% par la Russie) et de Lougansk (plus de 99%). Dans le premier, la Russie a quasiment encerclé les forces ukrainiennes dans les deux villes adjacentes de Pokrovsk et Myrnograd qui formaient naguère un hub logistique important pour les Ukrainiens. Les Russes avancent aussi en direction des villes de Kostyantynivka, Siversk et Lyman. Toutes ces manœuvres, lentes, convergent vers les deux dernières grandes villes de Donetsk encore sous contrôle ukrainien : Kramatorsk et Sloviansk.
Plus au sud, le mouvement le plus notable est l’accélération du tempo russe dans l’oblast de Zaporijjia et même celui, voisin, de Dnipro. Les Russes cherchent à avancer d’est en ouest vers le fleuve Dniepr, afin de suivre parallèlement les fortifications ukrainiennes, ce qui leur évite d’avoir à les attaquer frontalement. Dans cette direction, les Russes se sont emparés d’environ 500 km2 depuis le 1er septembre, et cherchent à envelopper la ville de Houliapolie, l’une des deux forteresses ukrainiennes du front sud. Ils sont à moins de 2 kilomètres des faubourgs de cette localité.
Au nord aussi, les choses bougent lentement. Dans le sud de l’oblast de Kharkiv, les Russes sont largement entrés dans la ville de Koupiansk et poussent depuis la frontière, notamment à hauteur de la ville de Vovchansk, quasiment détruite. En cherchant à atteindre la rivière Oskil et en la franchissant même par endroits, les Russes cherchent à former un balcon au-dessus du Donbass pour en faciliter la prise. La ville de Kharkiv elle-même, à ce stade, ne risque pas de tomber aux mains des forces terrestres russes. Encore plus au nord, le front de Soumy, où les Russes ont avancé cet été après avoir repoussé les Ukrainiens de l’oblast russe de Koursk, est relativement stable mais constitue toujours un point de fixation.
Par Alexis Feertchak