Par
Inès Cussac
Publié le
21 nov. 2025 à 7h14
Elle est la deuxième artère la plus fréquentée de la capitale et pourtant, elle n’appartient pas à Paris. Alors, quand il s’agit d’entretenir la rue de Rivoli (1er), qui relie la place de la Concorde à la place de la Bastille en longeant le jardin des Tuileries et le Louvre, l’affaire se complique. Surtout en ce qui concerne la zone des arcades. Du sol au plafond, les propriétaires des logements sont chargés de veiller à la conservation de ce morceau de patrimoine. « C’est assez paradoxal mais la mairie n’est pas maîtresse chez elle », pointe le maire de Paris Centre, Ariel Weil (PS).
À cinq mois des élections municipales, la candidate LR pour la Ville de Paris, Rachida Dati a égrainé plusieurs propositions concernant la rue de Rivoli notamment. Outre son souhait de revoir les voitures rouler dans cette artère de trois kilomètres, elle propose de mettre en place une « charte esthétique pour les commerces » et de solliciter les propriétaires d’immeubles où sont les arcades afin de les « valoriser », apprenait-on dans Le Parisien dimanche 16 novembre 2025. « Tout ce qu’elle dit est déjà fait », balaie cependant Ariel Weil qui a fait de ce dossier un fil rouge de sa mandature. « Tout se fait très lentement », admet-il. Et pour cause, la rue de Rivoli comme la place des Vosges n’est soumise à aucune règle définissant un quelconque standard d’urbanisme. La municipalité tente donc d’activer d’autres leviers pour inciter les propriétaires à restaurer leur morceau de patrimoine.
Inciter sans contraindre
Jusque-là, seulement un moyen permettait à la mairie de Paris Centre d’intervenir afin d’inciter au lancement de projets de restauration : l’instruction des dossiers d’urbanisme. Lorsque des travaux sont entrepris pour les immeubles ou les hôtels de cette partie de la rue de Rivoli, les propriétaires doivent soumettre leur dossier à la mairie d’arrondissement pour valider ou non le futur chantier. « Nous travaillons en lien avec les Architectes des bâtiments de France (ABF) pour définir des standards sous les arcades, où il n’y a pas de règles précises […]. La ville a donc réussi à inciter les propriétaires à restaurer les sols et les plafonds », se félicite l’élu socialiste rappelant que la Ville n’a en revanche aucun pouvoir pour contraindre les propriétaires à lancer des travaux. « Ca se fera sur les dix ou quinze prochaines années. Il n’y a aucun moyen d’accélérer », concède-t-il soulignant que neuf chantiers patrimoniaux ont déjà été aboutis ces cinq dernières années.
Par ailleurs, en cherchant des moyens pour restaurer les immeubles de la rue de Rivoli, l’édile a découvert que la Ville était propriétaire du temple protestant de l’Oratoire du Louvre, construit en 1811. En faisant inscrire un budget pour restaurer la partie détenue par Paris, Ariel Weil se réjouit de voir ce bien immobilier préservé et valorisé.

Les trottoirs et les plafonds appartiennent aux propriétaires des logements de la rue de Rivoli. (©IC / actu Paris)« Une mission impossible »
En 2015, le présentateur de télévision, Thierry Ardisson, avait également tenté de s’emparer du dossier de la restauration des arcades. Lui-même résident de la rue de Rivoli jusqu’à son décès en juillet dernier, il avait créé « L’association de défense des Arcades de Rivoli ».
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« Je suis scandalisé par l’état des arcades […]. Les étalages de souvenir ont prospéré depuis les années 80 […]. Et la plupart ne respectent pas leur obligation de ne pas occuper plus d’un tiers du trottoir et une hauteur d’un mètre trente », s’indignait-il dans une interview retranscrite sur le site de son organisation.
« Il s’est rendu compte que c’était une mission impossible de mobiliser tous les propriétaires pour faire des travaux. Il n’existe aucun moyen pour forcer les propriétaires, ce n’est pas impérieux », note Ariel Weil rappelant les amendes infligées par la mairie de Paris après avoir saisi la préfecture de Police à l’encontre des commerçants non respectueux de leur obligation de laisser une voie de passage sous les arcades.
Même combat place des Vosges
Comme la rue de Rivoli, la place des Vosges est également un dossier pour le maire de Paris Centre. Cet espace classé monument historique et situé dans le Secteur Sauvegardé du Marais est donc doté d’une « double couche de protection ». Mais là encore, aucun texte ne définit clairement de standard, rendant ainsi vulnérable l’architecture de la plus ancienne place de Paris conçue sous Henri IV. « Tout cela donne un pouvoir très important à la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), qui dépend du ministère de la Culture et donc de Madame Dati. Ils sont autorisateurs de travaux, tout comme nous, mais là aussi on ne peut qu’inciter les propriétaires sans les contraindre », explique l’élu dont la collaboration avec la DRAC permet de définir des standards à chaque projet de travaux. Ce fut récemment le cas pour l’hôtel des Coulanges, l’hôtel particulier de Xavier Niel. « On a réfléchi avec eux à ce que pouvaient être les standards car il n’y en a pas de défini au départ. Pour la première fois, il va y avoir des préconisations pour préserver ces bâtiments », souligne Ariel Weil.
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