Parce que c’est aussi incontestablement l’histoire de la ville, le Musée du Vieux Toulon consacre durant quatre mois une exposition au RCT, à ses stars, à ses légendes ou juste au petit monde de l’ovalie.
« C’est parti de peu de choses, confie Jean-Michel Delcourte. D’un portrait de Wilkinson que j’ai trouvé dans un salon, à Hyères. »
Outre cette peinture de Sir Jonny, le magicien anglais devenu une idole sur les bords de rade, c’est aussi la passion du président des Amis du Vieux Toulon qui s’exprime, lui qui tâtait du ballon ovale en scolaire, dont le fils est entraîneur à Saint-Maximin, et qui pourrait parler des heures du RCT et de « l’état d’esprit de ce sport ».
L’homme et son équipe ont donc réuni de nombreuses photos, noir et blanc ou plus récentes, des coupures de presse, mais aussi quelques maillots, peintures, livres, ballons… et agrémenté le tout de quelques commentaires et explications. Pour revenir sur un siècle d’histoire, des débuts du stade Mayol en 1920, aux glorieuses époques et personnages qui ont marqué la ville jusqu’à aujourd’hui. Morceaux choisis.
1 Le maillot de l’immense Bakkies Botha
C’est probablement la pièce la plus « rare » de l’exposition. Positionné à l’entrée sur un chevalet, impossible de manquer le maillot, sous verre et dédicacé par toute l’équipe, du géant sud-africain Bakkies Botha. Et pas n’importe quelle tunique, puisqu’il s’agit du maillot de la finale victorieuse de championnat 2014, offert à un Toulonnais qui l’a gentiment prêté pour l’occasion. Le surpuissant deuxième ligne Sud-Africain de 2,02 m, 124 kg, terreur des défenses du monde entier, qui a tout gagné, avec le RCT comme avec les Springboks, dont le nom (et le visage) reste à jamais gravé dans la légende toulonnaise.
Autre époque, autre maillot de grande valeur : celui du demi de mêlée Jérôme Gallion lors de la finale 1987 (victoire 15-12 contre le Racing), propriété du Toulonnais que personne n’a oublié, qui a également accepté de le confier à Jean-Michel Delcourte. Et qui sera présent vendredi pour l’inauguration de l’exposition.
2 L’hommage au « Grand » André Herrero
Comment évoquer l’histoire du RCT sans parler d’André Herrero ? Tristement dans l’actualité, puisque décédé à Toulon il y a moins d’un mois, « Le Grand », comme on le surnommait, a marqué le club, comme joueur et comme entraîneur, et la ville bien au-delà du rugby. Le musée a donc réservé un espace au charismatique troisième ligne international, avec une belle photo du jeune homme au regard doux et franc, ainsi qu’un livre d’or où chacun peut exprimer ses condoléances ou écrire un petit mot à l’intention de la famille.
3 Mayol, le temple du peuple de Besagne
C’est incontestablement un antre mythique du rugby français. Situé en plein centre-ville, au cœur de la populaire Besagne, le stade Mayol a été inauguré le 28 mars 1920, en présence de son bienfaiteur et celui qui lui donnera son nom : Félix Mayol (photo). Pas un antre comme les autres, il est aussi célèbre pour son légendaire Pilou-Pilou, cet ancien chant guerrier kanak hurlé en ouverture des rencontres à domicile à filer le frisson, et repris comme un seul homme par des milliers de mordus du RCT. Ce temple si particulier impressionne autant l’adversaire qui débarque qu’il ne galvanise ses troupes.
4 Daniel Herrero/Mourad Boudjellal, époques dorées
Une large part de l’exposition est consacrée aux deux glorieuses périodes du RCT. La première alors que Daniel Herrero en est l’entraîneur (un deuxième bouclier en 1987, et deux finales en 1985 et 1989), avec les Gruarin, Loppy, Champ, André Herrero… La seconde sous la présidence de Mourad Boudjellal et du coach Bernard Laporte, avec le triplé européen 2013, 2014, 2015, et le doublé coupe d’Europe/championnat en 2014. Avec présentation de la ribambelle de stars internationales de l’époque : Wilkinson, Botha, Matfield, Giteau, Habana, Lobbe, Wulf, les frères Armitage… et Tana Umaga. Et de cette tradition typiquement toulonnaise : l’arrivée des joueurs au stade Mayol au milieu de la foule.
5 « Merci Nico »
Autre drame qui a marqué l’année et le RCT : le décès du jeune Nicolas Haddad, 14 ans, le 18 mars dernier, après un choc accidentel en plein match, à Bastia. Repéré en 2022 par le RCT, le jeune ailier avait terminé vice-champion de France avec ses coéquipiers, avant d’intégrer la catégorie Gaudermen de Toulon, tout en conservant sa double licence avec son club de cœur de Saint-Maximin. Son portrait, peint par l’artiste Andjel et confié aux équipes du musée par son papa, a été installé au fond de la salle, bien en évidence. Pour l’entourer, de nombreuses photos du garçon, ainsi qu’un long texte consacré à l’association « Merci Nico », créée par sa famille pour « prévenir les risques physiques sur les terrains, lutter contre les dérives comportementales, et soutenir les familles confrontées à un drame ».
Exposition Toulon, terre de rugby, à voir tous les après-midi de 14 h à 18 h jusqu’au 28 février, sauf dimanche et jours fériés, au Musée d’Histoire de Toulon et de sa région, 91, cours Lafayette. Entrée libre. Inauguration ce vendredi à 18 h.