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Rédaction de Toulouse

Publié le

21 nov. 2025 à 9h05

Celle qui a été élue pour la deuxième fois Présidente de la Cinémathèque de Toulouse en janvier 2025, ne quitte pas la Ville rose… La revoilà au Théâtre du Capitole ! C’est en effet Agnès Jaoui qui s’est vue confier par Christophe Ghristi la mise en scène de la nouvelle production du Don Giovanni de Mozart. Un saut dans l’inconnu pour cette star du 7e art ? Pas tout à fait. Rencontre. 

« C’est une vraie étape dans ma carrière professionnelle ! »

Actu : Ce Don Giovanni toulousain n’est pas votre première incursion professionnelle dans l’univers de l’opéra.

Agnès Jaoui : Effectivement, j’ai déjà mis en scène Tosca de Giacomo Puccini au Château de Vincennes, un spectacle en plein air, en 2019, et quelque chose de beaucoup plus rare, L’Uomo Femina, un opéra de Baldassare Galuppi (ndlr : compositeur vénitien – 1706-1785) à Dijon et à l’Opéra royal de Versailles en 2024.

Vous avez reçu 7 César qui soulignent l’importance de votre apport au 7e art, un univers dont vous connaissez les moindres arcanes. Même si ce n’est pas la première fois que vous mettez en scène un opéra, votre venue au Capitole avec une œuvre considérée comme l’opéra des opéras constitue néanmoins un vrai challenge dans votre parcours professionnel, non ?

Agnès Jaoui : Oui, quand même ! Ma première mise en scène se passait dans un cadre champêtre, extrêmement bienveillant et joyeux. Au Capitole, le challenge est autre car effectivement tout le monde connaît Don Giovanni, un opéra qui a interpellé déjà pas mal de metteurs en scène y compris au cinéma avec Joseph Losey en 1979. C’est une vraie étape dans ma carrière professionnelle pour répondre à votre question.

« Je vis avec Mozart jour et nuit »

Lorsque Christophe Ghristi vous a proposé cette mise en scène, quelle a été votre réaction et avez-vous accepté immédiatement ?

Agnès Jaoui : Cela fait près de deux ans que j’ai eu cette proposition et je l’ai acceptée immédiatement car c’est un vrai cadeau, surtout venant d’une maison comme le Capitole. Je me suis dit de suite que cela ne se représenterait plus ; alors j’ai sauté le pas et depuis je vis avec Mozart jour et nuit. Je ne sais pas s’il faut croire au hasard mais pour tout vous dire le film que je suis en train de monter, d’ailleurs je l’ai quasiment fini avant de venir ci, se déroule pendant une production des Noces de Figaro, il s’intitule L’Objet du délit (ndlr : avec Daniel Auteuil et Agnès Jaoui, également actrice).

« J’ai le trac, très clairement ! »

Comment s’est déroulée la suite de votre réflexion sur ce sujet ?

Agnès Jaoui : Le premier personnage qui s’est imposé à moi a été le Commandeur. Puis j’ai beaucoup échangé avec des amis mélomanes et j’ai réfléchi à l’équipe qui allait m’entourer : Eric Ruf pour les décors, Pierre-Jean Larroque pour les costumes, Bertrand Couderc pour les lumières, Pierre Martin Oriol pour la vidéo. L’important pour moi était aussi de trouver le ressort qui faisait exister le personnage de Don Giovanni car tous les autres ne font que réagir à ses actions. Pour ma part c’est un véritable malade, un drogué à tout et au-dessus des lois. Il s’imagine avoir les pleins pouvoirs.

Quelle proposition allez-vous faire au public ?

Agnès Jaoui : Je fais ici ce que je pense savoir faire, en l’occurrence une vision très classique de cet ouvrage après avoir approfondi les écrits de Lorenzo Da Ponte, le librettiste, et de Mozart, le compositeur. Je veux aussi montrer toute une époque dans laquelle les classes sociales sont très fracturées et hyper importantes à respecter, toute une atmosphère corsetée et codifiée. Je m’applique également à ce que les chanteurs fassent bien « comprendre » leur texte. Mon souhait est que, même s’il y aura les sous-titres, le public comprenne ce qu’il se passe sur scène sans les lire. Le chant n’est pas tout.

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« Au théâtre comme à l’opéra, c’est différent ! »

Peut-on vraiment comparer votre travail de réalisatrice de cinéma à celui de metteur en scène d’opéra ?

Agnès Jaoui : Oui et… non ! Oui quand il s’agit de réunir une équipe et non car, au cinéma c’est moi qui choisit la totalité des artistes et des techniciens. Quand je suis arrivée sur la production je ne connaissais pas grand monde à vrai dire donc il faut, dans un premier temps, créer un lien de confiance. Mais soyons clair, je ne suis pas capable encore de faire une distribution vocale de Don Giovanni, donc je m’intègre ici dans une équipe entièrement sélectionnée ou validée par Christophe Ghristi. Pour en revenir à votre question, ce travail n’est pas le même non plus car au cinéma, au travers du montage, je fixe le jeu de mes comédiens. Au théâtre comme à l’opéra, c’est différent, c’est le spectacle vivant et je sais parfaitement que, dès que je ne suis plus là, les chanteurs comme les acteurs reprennent une certaine liberté. C’est naturel car ce sont eux qui sont sur scène.

Propos recueillis par Robert PÉNAVAYRE

Don Giovanni, au Théâtre du Capitole, du 20 au 30 novembre 2025. De 10 à 128€. Infos sur le site de l’Opéra national du Capitole

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