DÉCRYPTAGE – Après neuf journées, le Top 14 ne cesse de battre des records offensifs et pourrait pour la première fois de son histoire dépasser la barre des 10 000 points marqués sur une saison.
3.457 points inscrits, 423 essais, des records en pagaille… L’exercice 2025-2026 du Top 14 est parti sur un rythme historique. Dernier évènement en date : la 3e journée du championnat de France est devenue, avec 470 points marqués (soit 67 unités en moyenne par match), le week-end le plus prolifique recensé en première division suite au large succès du RC Toulon face à La Rochelle (reporté à cause d’intempéries).
Les scores s’envolent avec près de 55 points inscrits par match, contre 51 ou 48 les années précédentes, une inflation qui pourrait à ce rythme permettre de franchir la barre des 10.000 points sur l’ensemble de la saison. Comment expliquer tous ces chiffres qui donnent le tournis ?
Un jeu tourné vers l’offensive
À l’image du Stade Toulousain (meilleure attaque avec 334 points), les équipes du Top 14 suivent la tendance du triple champion de France en titre. Après sept journées de championnat, 22 bonus offensifs avaient été obtenus contre seulement 16 au même stade l’année précédente. À l’inverse, le nombre de bonus défensif chute : seulement 11 ont été attribués contre 19 la saison dernière. «Les nouvelles règles (comme le 50/22 introduit en 2021) tirent un peu plus, d’année en année, vers la rapidité du jeu, l’obligation de mettre du rythme», confiaient l’ancien international français Xavier Garbajosa et l’ex-demi d’ouverture Jonathan Wisniewski lors d’une interview au Figaro.
« Il faut trouver la bonne solution, la clé offensive pour faire sauter le verrou »
Aujourd’hui, la principale préoccupation des staffs est claire : «Il faut trouver la bonne solution, la clé offensive pour faire sauter le verrou. C’est une véritable envie chez la nouvelle génération d’entraîneurs. Ils travaillent plus dans la data, dans la recherche, afin d’être précis sur où et comment attaquer», expliquait Wisniewski.
Des phénomènes individuels
Les stades du Top 14 peuvent se gargariser d’accueillir certains des meilleurs marqueurs du monde : Louis Bielle-Biarrey (co-recordman d’essais – 8 – lors d’un Tournoi des six nations), Damian Penaud (40 réalisations avec le XV de France), Ange Capuozzo… Des ailiers intenables qui font trembler les lignes d’en-but.
Résultat : 6,7 essais (contre 5,9 et 5,5 les années précédentes) sont inscrits en moyenne cette saison toutes équipes confondues. À titre de comparaison, il y avait seulement 3,2 essais par match lors de la saison 2013-2014… En dix ans, le chiffre a doublé. Les buteurs sont également en réussite au pied. Joris Segonds mène la danse et a déjà dépassé la barre des 100 points, d’autres ne ratent (presque) jamais leur cible à l’instar de Thomas Ramos (32/35 transformations, 91,4%) ou Paddy Jackson (16/16, 100%). Du talent, il n’en manque pas pour convertir entre les perches ou aplatir dans le camp adverse.
Des équipes friables
Le promu Montauban participe ironiquement bien à la fête depuis le début de saison. Les hommes de Sébastien Tillous-Borde se sont par exemple inclinés lourdement face à l’UBB (71-24), mais ont fait encore pire contre Clermont (84-31)… Ces 115 points inscrits au Michelin sont d’ailleurs un nouveau record : il n’y avait jamais eu autant de points marqués dans un match en Top 14. Une véritable orgie offensive.
Au total, le champion de France de Pro D2 a encaissé la bagatelle de 406 points en neuf rencontres, soit plus de 45 unités en moyenne. Un véritable martyr. Les défenses de Perpignan et Lyon sont également très perméables avec respectivement 271 et 278 points pris. L’USAP n’a d’ailleurs pas encore remporté le moindre match cette saison.