Sa façade néobaroque en pierre de taille (qui date de 1903) lui confère un cachet particulier, dans l’élégante avenue de la Marseillaise. Son enseigne rouge et jaune est un phare pour nombre d’habitués strasbourgeois qui lui vouent un culte régulier, voire quotidien pour certains. « C’est un endroit qui a une âme, où il fait bon vivre », estime Jean-François Fort. Séduit par « l’esprit familial qui y règne » , l’entrepreneur en a pris les rênes avec deux associés, le 15 septembre dernier.

Racheter le “Snack Mich’”, c’est s’ancrer dans l’histoire du lieu

Racheter le fonds de commerce et les murs du “Snack Mich’” , comme le nomment affectueusement des générations d’étudiants et d’anciens qui y ont refait le monde, c’est s’inscrire dans la continuité du couple Monique et Raymond Vonesch – qui ont donné ses lettres de noblesse à cette institution strasbourgeoise en 1968.

Selon leur histoire familiale « officielle », détaillée « sur la carte des menus en 2022 » : « Raymond, maître-boulanger de profession, élabore une recette personnelle pour la viennoiserie, qui fait rapidement la réputation de l’endroit. Celui-ci devient alors un lieu de rassemblement pour les étudiants, mais également un lieu « rond-point » où se retrouvent des personnes de tous horizons », rapporte dans un topo exhaustif le site Archi-Wiki – qui recense les bâtiments remarquables de la ville.

Un assemblage homogène de différentes cellules

S’en suit en 1974, « la création d’un self-service au n° 18, séparé des locaux du snack par un salon de coiffure ». Qu’à cela ne tienne, en 1982, ce local est « repris, réaménagé et la jonction réalisée avec le self ». La dernière touche au puzzle du café-brasserie a eu lieu en 2001, avec « une rénovation complète de l’établissement sous l’impulsion des fils, Dominique, son épouse, Marie-Luce, et Sébastien ». L’idée est d’« apporter une homogénéité au décor des différentes salles tout en gardant le souci de préserver au snack son côté rétro-intemporel ». Il prend ainsi « l’aspect d’une brasserie parisienne » et qui plus est « se voit rebaptisé Café-Brasserie Le Michel ».

Un lieu de débat et un art de vivre

Originaire de Lorraine, Jean-François Fort, 55 ans, dit avoir « toujours travaillé dans la restauration ». Le nouveau propriétaire est catégorique : « On va maintenir ce qui fait la particularité du lieu qui accueille une clientèle de voisins, d’habitués, de professions libérales, d’étudiants et de personnes plus âgées ». D’abord son personnel : «  Nous sommes à 19 salariés  » – pour une plage horaire qui va « de 6 h 30 à 21 h en semaine, et de 7 h à 19 h le samedi ». Et puis, le fait de rester dans son jus «  côté déco  » : avec ses murs, son mobilier et ses banquettes couleur rouge et or. Ainsi que sa carte, avec son « excellent rapport qualité-prix ».

Mais aussi son esprit : ce lieu de débat, avec ses réunions politiques ou historiques, son café philo ou couture, dans la salle du fond qui peut accueillir une cinquantaine de participants. Enfin son art de vivre, avec les deux terrasses pour profiter du bon temps : à l’avant, à la belle saison, elle peut accueillir jusqu’à 48 personnes. À l’arrière, toute l’année – elle est privative – où soixante clients peuvent s’y retrouver. Et s’y sentir comme chez soi.