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Rédaction Métropolitain

Publié le

21 nov. 2025 à 13h57

Jusqu’au samedi 9 mai 2026, le Département de l’Hérault célèbre le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale avec une grande exposition consacrée à la vie quotidienne des Héraultais durant cette période. À Pierresvives, à Montpellier, le parcours retrace ces années charnières, de la défaite de 1940 jusqu’à l’émergence d’une France plus solidaire, portée par la construction d’une Europe tournée vers la paix. Une exposition labellisée « 80ᵉ anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire », à découvrir.

Un point de vue local 

La Seconde Guerre mondiale a durablement impacté l’histoire, le paysage géopolitique international, la société, la mémoire et a permis aux femmes d’obtenir le droit de vote et la création de la Sécurité sociale pour tous. Dans un contexte où les conflits sur le sol européen redeviennent réalité, et où l’antisémitisme connaît une recrudescence inquiétante, l’éclairage du passé fait écho aux actualités du quotidien. 

Vivre la guerre en Hérault 1939‐1945 traite donc de la vie quotidienne, de la défaite de 1940 jusqu’à la fin de la guerre et de la construction européenne. Cette exposition est divisée en quatre parties. Le projecteur est particulièrement axé sur le ressenti des populations civiles : l’absence des prisonniers, l’arrivée de populations durant l’exode ou fuyant la zone occupée, les rafles, la peur, les pénuries et l’occupation allemande… Très éloignée de l’angélisme souvent véhiculé sur la période, l’exposition s’attache à montrer un quotidien tout en nuances où subsistance et survie sont une priorité. 

Sauver ? 

La population de l’Hérault, bien que département de l’arrière, voit affluer en 1940 des milliers de personnes fuyant les combats et l’occupation allemande. Le département subit également de plein fouet le choc de la défaite et se place, comme la majorité des Français, sous la protection du maréchal Pétain, « vainqueur de Verdun » et désormais « sauveur de la France ». 

Pourtant, de rares voix discordantes commencent rapidement à se faire entendre dont la plus célèbre, celle du général de Gaulle, est au départ à peine perceptible. Qualifié de terroriste par Vichy, de Gaulle devient à Londres le chef d’une France qui poursuit le combat. L’inversion des rôles d’homme providentiel et de traître entre 1940 et 1944 est révélatrice : la politique de collaboration de Vichy fait de Philippe Pétain un criminel là où Charles de Gaulle acquiert, in fine, une dimension de chef d’état. 

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Plusieurs musées et services d’archives ont accepté le prêt de documents et d’objets en résonance avec les documents présentés par les Archives de l’Hérault.
Plusieurs musées et services d’archives ont accepté le prêt de documents et d’objets en résonance avec les documents présentés par les Archives de l’Hérault. (©DR / CD34)(Sur)Vivre

L’Hérault compte 2 246 prisonniers de guerre en novembre 1941 (liste à évolution constante tant les informations sont difficiles à obtenir). L’absence des hommes et l’inquiétude sur leur situation sont quotidiennement ressenties par les familles. Les restrictions sont particulièrement rudes et, dans les grandes villes, la faim et le marché noir sont omniprésents. 

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La politique de Vichy se met en place, collaborationniste, répressive, discriminante, et la peur s’installe. Les rafles de juifs et la spoliation de leurs biens s’organisent. Le climat de terreur qui règne et le travail forcé en Allemagne, puis l’invasion de la zone sud et l’arrivée des nazis en 1942 contribuent à développer l’esprit de résistance : une fracture profonde sur fond de guerre civile s’installe dans la société. 

Collaborer vs Résister

La population héraultaise est soumise à une propagande omniprésente de la part d’un gouvernement de Vichy particulièrement sensible au contrôle de l’information. La censure, le matraquage d’une information surveillée, la promotion constante de l’image du maréchal assortis à la dureté de la vie quotidienne laissent peu de place à l’esprit critique

La répression est quotidienne et la Milice impitoyable. Pourtant, quelques voix d’opposition se font rapidement entendre, les actes de refus, sabotage, sauvetage… se développent grâce à l’éveil de consciences issues de tous milieux sociaux, politiques, religieux. L’engagement dans la Résistance est un acte héroïque parmi une population concentrée sur sa survie et ses peurs. De nombreux Héraultais payent ainsi de leur vie le prix du sang, le prix des armes, le prix de la liberté. 

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Reconstruire 

La libération de l’Hérault intervient le 26 août 1944 dans un climat de liesse et d’angoisse. De nombreuses rumeurs alimentent les peurs de dévastations, pillages, massacres, perpétrés par un ennemi en déroute. Une nouvelle organisation administrative se met en place alors que les forces armées issues des mouvements de Résistance sont déterminées à demander des comptes. 

Le temps des épurations judiciaires et extrajudiciaires est venu. La population attend le retour des prisonniers, des déportés : un espoir quotidien souvent déçu. L’attente dure… longtemps. En même temps, une nouvelle société s’organise, évolue notamment par le droit de vote accordé aux femmes. Les Héraultais aspirent à un retour à une vie plus douce tout en assurant dès 1944 les actions de reconnaissance et l’hommage aux victimes du nazisme et de la collaboration : un devoir de mémoire encore vif aujourd’hui. 

 Les Archives départementales ont besoin de vous !
Les Archives départementales ont besoin de vous ! (©DR / CD34)Des prêts d’institutions locales et nationales 

Plusieurs musées et services d’archives ont accepté le prêt de documents et d’objets en résonance avec les documents présentés par les Archives de l’Hérault. Le musée de la Résistance et de la Déportation de Castelnau‐le‐Lez, le musée Jean‐Garcin 39‐45 : L’appel de la Liberté de Fontaine‐de‐Vaucluse et plusieurs services d’Archives départementales (Loir-et-Cher, Nièvre et Vosges) ainsi que Montpellier Méditerranée Métropole et la ville de Sérignan participent aussi à l’événement. De grandes institutions nationales, comme les musées de l’Armée et de l’Ordre national de la Libération à Paris, se sont également associées à cette exposition. 

Les archives départementales ont besoin de vous :

Dans le cadre de l’anniversaire des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une Grande Collecte nationale a été lancée pour récupérer des lettres, photographies, films ou journaux intimes conservés par les familles. Vous, citoyens, êtes invités à verser vos documents personnels aux Archives de l’Hérault afin qu’ils soient mis à la disposition de toutes et tous et valorisés dans le cadre d’expositions, de travaux de recherche historique ou d’actions culturelles et pédagogiques. Prenez contact : [email protected] 

> Pratique : Jusqu’au samedi 9 mai, au Domaine départemental Pierresvives, à Montpellier. Du mardi au samedi, de 10h à 19h. Entrée libre et gratuite. Accueil général : 04.67.67.30.00 / Publics spécifiques : 04.67.67.30.24. Plus d’informations par ici.

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