Le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, le 17 octobre 2025. PRESIDENTIAL OFFICE OF UKRAINE/DPA/SIPA
Lire plus tard
Google Actualités
Partager
Bluesky
Copier le lien
Envoyer
S’abonner
Un plan de paix très favorable à Vladimir Poutine. Tandis que le président ukrainien a plaidé jeudi 20 novembre en faveur d’une « paix digne » pour son pays où la guerre dure depuis près de quatre ans, les Etats-Unis ont présenté un plan, vu par l’Agence France-Presse et révélé par le « Financial Times » et le site « Axios », qui prévoit de nombreuses concessions à… la Russie.
Selon les 28 points de cette feuille de route, la souveraineté de l’Ukraine sera confirmée, mais Kiev doit céder à Moscou les régions de Donetsk et Louhansk ainsi que la Crimée. Kiev devra également s’engager à ne jamais rejoindre l’Otan et verra ses forces armées limitées à 600 000 militaires.
• Trois régions cédées à la Russie et une zone tampon
Selon le plan de Trump, les oblasts de Donetsk et Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, seront cédés à la Russie. Ces deux régions que Moscou réclame ainsi que la Crimée annexée par les forces du Kremin en 2014 seront « reconnues de facto comme russes, y compris par les Etats-Unis ».
Les régions de Kherson et Zaporijjia seront, elles, gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq régions. Les forces ukrainiennes se retireront de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon.
A lire aussi
Décryptage
La guerre en 2026 vue de Russie : essaims de drones, robotisation, fin des chars… Quatre leçons de deux stratèges du Kremlin
• Interdiction de rejoindre l’Otan
L’Ukraine doit accepter d’inscrire dans sa Constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et cette dernière doit consentir à inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que Kiev ne sera pas intégré à l’avenir. L’Alliance atlantique doit aussi accepter de ne pas stationner de troupes en Ukraine. Une revendication majeure de Moscou.
Par ailleurs, le plan précise clairement qu’il est attendu que la Russie n’envahisse pas les pays voisins et que l’Otan ne s’étende pas davantage. Il est aussi indiqué qu’un dialogue sera mené entre la Russie et l’Otan, sous la médiation des Etats-Unis, afin de résoudre toutes les questions liées à la sécurité et de créer les conditions d’une désescalade.
• Forcés armées ukrainiennes limitées
Kiev recevra des garanties de sécurité fiables, mais pas de forces de maintien de la paix. Le plan prévoit seulement des avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays. Un responsable américain a déclaré jeudi que le plan de Trump comprenait des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l’Otan en cas de future attaque.
A lire aussi
Ukraine : le « train de l’amour » ne roulera plus jusqu’à Kramatorsk
La Maison-Blanche a souligné que la discussion était encore en cours sur ce plan, présenté alors que l’armée ukrainienne, moins nombreuse et moins équipée, peine à contenir la poussée russe sur le front. L’Ukraine doit aussi accepter de ne pas être un Etat doté de l’arme nucléaire.
• Adhésion à l’UE, l’Europe dans un accord russe de non-agression
Le plan soutenu par les Américains prévoit la signature d’un « accord de non-agression » entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Toutes les ambiguïtés laissées en suspens ces trente dernières années seront considérées comme réglées. Moscou inscrira de son côté dans la loi sa politique de non-agression envers l’Europe et l’Ukraine. Kiev serait « éligible » à l’adhésion à l’Union européenne et bénéficiera d’un accès préférentiel à court terme au marché européen pendant que cette question est à l’étude.
• Reconstruction de l’Ukraine et compensations américaines
Un paquet mondial de mesures pour reconstruire l’Ukraine est prévu : 100 milliards de dollars d’actifs russes gelés seront investis dans ces projets menés par les Etats-Unis, ces derniers recevant 50 % des bénéfices de l’initiative. Les Américains recevront aussi une compensation pour la garantie de sécurité apportée à l’Ukraine.
La centrale nucléaire de Zaporijjia serait, elle, relancée sous la supervision de l’Agence internationale de l’Energie atomique et sa production d’électricité irait pour 50 % à l’Ukraine et pour 50 % à la Russie. Kiev devra aussi organiser des élections dans le pays sous 100 jours.
A lire aussi
Analyse
L’UE cassera-t-elle la tirelire des 210 milliards de Poutine pour aider l’Ukraine ? Pourquoi le Premier ministre belge freine le déblocage des avoirs russes
• La Russie réintégrée au G8
Autre signal de la mansuétude envers la Russie : le pays sera réintégré dans l’économie mondiale, avec des discussions prévues sur la levée des sanctions, la réintégration du G8 et la conclusion d’un accord de coopération économique à long terme avec les Etats-Unis. Un dialogue russo-américain doit aussi s’engager sur les questions de sécurité et les traités de non-prolifération des armes nucléaires. Il est aussi prévu que toutes les parties impliquées dans la guerre en Ukraine bénéficieront d’une amnistie totale pour leurs actions.
En revanche, si la Russie envahissait à nouveau l’Ukraine, elle ferait face, toujours selon ce projet de plan, à une réponse militaire « coordonnée » et se verrait à nouveau imposer des sanctions internationales.
• Trump met la pression sur Zelensky, le Kremlin aussi
Selon les informations de Reuters, les États-Unis ont menacé de couper le partage de renseignements et les livraisons d’armes à l’Ukraine pour la pousser à accepter l’accord de Donald Trump. Les Ukrainiens auraient jusqu’à jeudi prochain pour signer un accord-cadre.
« C’est un bon plan à la fois pour la Russie et pour l’Ukraine et nous pensons qu’il est acceptable pour les deux parties », a soutenu jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. Elle a martelé que Washington avait autant discuté avec les Ukrainiens que les Russes, après que des voix se sont élevées côté ukrainien pour déplorer des propositions alignées sur les revendications de Moscou.
En position de force après les annonces américaines, le Kremlin a pressé ce vendredi Volodymyr Zelensky de négocier « maintenant », plutôt que de risquer la perte de nouveaux territoires. « Il vaut mieux négocier et le faire maintenant que plus tard. L’espace pour prendre des décisions pour lui [le président Zelensky, NDLR] se réduit à mesure qu’il perd des territoires » face à l’offensive des forces russes, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
• Un plan critiqué côté ukrainien
L’Ukraine n’acceptera aucun plan franchissant ses lignes rouges, a averti ce vendredi un négociateur ukrainien clé. Il ne peut y avoir de « décisions en dehors du cadre de notre souveraineté, de la sécurité de notre peuple ou de nos lignes rouges », a martelé sur Facebook Roustem Oumerov, secrétaire du Conseil de la sécurité nationale ukrainien.
Obligé à une certaine mesure, Volodymyr Zelensky a simplement qualifié le plan de « vision » des Etats-Unis. Il estime aussi qu’il s’agit de « grandes lignes ». Il doit discuter avec Donald Trump dudit plan « dans les prochains jours ».
• Zelensky se concerte avec ses alliés européens
Le président ukrainien s’est concerté d’urgence ce vendredi avec les dirigeants français, allemand et britannique. « Nous travaillons sur le document préparé par la partie américaine », a déclaré Volodymyr Zelensky sur X à l’issue d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz. « Ce plan doit assurer une paix réelle et digne » pour l’Ukraine, a-t-il cependant ajouté.
Les trois dirigeants ont appelé à trouver une solution au conflit en Ukraine impliquant « pleinement » Kiev, et assuré que toute décision nécessite le « soutien conjoint et le consensus » des Européens et de l’Otan, selon l’Elysée.
La Russie cherche à empêcher l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre ses exportations de pétrole, a affirmé de son côté la cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas. « Aujourd’hui est le jour où les sanctions américaines contre la Russie doivent en principe entrer en vigueur. J’espère que nous ne verrons pas une décision de les reporter, car c’est exactement ce que la Russie souhaite », a-t-elle déclaré devant la presse à Bruxelles.
Par
Service Actu (avec AFP)