Mais ne nous emballons pas trop vite. Si l’idée séduit par sa radicalité technique, elle laisse songeur quant à son efficacité réelle. On connaît la chanson : chaque nouveau verrou numérique est un défi lancé à une armée d’adolescents débrouillards. Un VPN par ci, un navigateur alternatif par là, et voilà le beau système contourné en deux temps, trois mouvements.

Le véritable talon d’Achille de ce dispositif réside peut-être dans sa dépendance au bon vouloir des éditeurs. Si les applications doivent être classées, les sites web, eux, restent dans une zone grise. Sans obligation stricte d’étiquetage pour chaque page web, le filtre risque de ressembler à une passoire. Et puis, soyons honnêtes : déplacer le contrôle du réseau vers l’appareil, c’est un peu comme mettre un verrou sur la porte de la chambre tout en laissant les fenêtres grandes ouvertes. L’initiative a le mérite d’exister et de bousculer le statu quo, mais elle pourrait bien finir, comme tant d’autres avant elle, dans le cimetière des bonnes idées technocratiques inapplicables.