Peut-être l’avez-vous déjà aperçue dans des boutiques locales ou sur des marchés strasbourgeois : Federica, aka Nostalgie Baroque, brocante des objets et antiquités dans l’esprit Belle Époque. Poser les yeux sur ses étagères, c’est faire un bond à la fin du 19e siècle, entre dentelles, dorures, délicatesse et poésie. On a parlé avec elle de son métier, de son rapport au passé, de ses objets, pour vous montrer le monde d’une éternelle nostalgique.
Federica est artiste, photographe, modèle. Alors qu’elle pose il y a quelques années sa valise à Strasbourg pour ses études, elle découvre au passage les brocantes et vide-greniers du dimanche – qu’il n’y a pas dans son Italie natale.
À la base, elle parcourt les stands pour trouver des cadres anciens, histoire d’encadrer ses tirages. Très vite, elle fait de cette quête son rituel dominical : par tous les temps, elle attrape sa voiture et vagabonde dans les villages reculés dès l’aube, à la recherche de pépites.
© Federica Acierno / Documents remis
L’atmosphère des brocantes au petit matin, le soleil qui perce doucement, la brume matinale, la douceur des allées parsemées d’objets anciens qui suspendent le temps font vite vibrer son cœur d’artiste, accroc à ces étincelles d’histoire et à la beauté des savoir-faire anciens.
Le passé comme éternité
« J’ai toujours été fascinée par le passé et par la manière dont les êtres humains habitent le temps. Le passé façonne le présent ; il en est la trame secrète, un présent qui ne s’éteint jamais vraiment. Éterniser le passé, voilà ce qui m’émeut. »
Par son travail de photographe, elle tente de suspendre l’instant, de faire perdurer les moments révolus : une forme de transcendance qu’elle retrouve lorsqu’elle commence à acquérir des objets anciens. Ainsi, son activité de brocanteuse voit le jour tout naturellement il y a bientôt deux ans.
© Marie Goehner-David / Pokaa
« Dans chaque objet ancien, je perçois un fragment d’histoire, un éclat de vie qui persiste, un pouvoir presque magique. Ils transportent avec eux des mondes entiers. Leur redonner souffle, c’est offrir une nouvelle chance à l’éphémère. Lui accorder, à sa manière, une forme d’éternité. »
C’est ainsi qu’elle se balade au petit matin entre les différents stands de brocantes, en trouvant des objets dont elle s’attache à prendre soin. Nettoyage, peinture, restauration, mais toujours en préservant les marques du temps, qui témoignent de leur vécu, leur histoire.
© Marie Goehner-David / Pokaa
© Marie Goehner-David / Pokaa
« J’aime les traces, les fissures, les imperfections : elles sont la mémoire visible du vécu. Dans notre société aveuglée par la surconsommation d’objets anonymes et jetables, nous oublions souvent que les objets ne sont pas seulement des objets. Certains portent une âme, une voix discrète que l’on doit savoir entendre, surtout lorsqu’ils ont traversé les époques pour parvenir jusqu’à nous. »
© Marie Goehner-David / Pokaa
Répandre le beau, transmettre la mémoire
Pourquoi cette fascination pour la Belle Époque ? Pour son opulence assumée, la richesse de ses détails, de ses courbes, la culture du beau dans les différents domaines du quotidien, qui font vibrer Federica. Un idéal dans lequel l’art se mêle à la vie de manière naturelle, dans toute sa préciosité et sa fragilité.
Elle nous décrit ainsi son émerveillement : « Pour la façon dont les rideaux de velours absorbent la lumière sans jamais en perdre la profondeur. Pour le tic-tac régulier d’une horloge mécanique, battement d’un cœur ancien qui mesure le temps avec gravité. Pour les vitraux qui transforment la lumière ordinaire du soleil en quelque chose de sacré. Dans ces instants, le temps se plie. »
© Marie Goehner-David / Pokaa
© Marie Goehner-David / Pokaa
Rencontrer ces objets d’époque (ou contemporains qui en sont inspirés) sur les étals, les bichonner, les chérir, leur donner une nouvelle vie, émouvoir autrui, « rendre la vie meilleure » : voilà le chemin qu’a choisi Federica. Celle qui, au départ, avait du mal à se défaire de ses trouvailles, se voit aujourd’hui comme « une passeuse » d’objets, d’histoires, de mémoires. Elle conclut sur ces mots :
« Pour moi, c’est une façon d’habiter le monde en lui accordant une profondeur supplémentaire, une manière de rester connectée à ce qui ne se voit plus mais continue d’exister. »
© Marie Goehner-David / Pokaa
© Marie Goehner-David / Pokaa
Pour se tenir au courant des futurs marchés, pop-ups, ou acheter en ligne :
La page Instagram de Nostalgie Baroque
PS : Federica recherche des points de vente physiques sur Strasbourg, pour accueillir ses pièces pour des durées variables. On vous laisse ça là !
© Marie Goehner-David / Pokaa