Baptisée «DragonFire», cette arme défensive pourrait faire évoluer la lutte contre les drones de guerre, utilisés massivement dans les conflits contemporains.

Comment se défendre face aux drones de guerre ? Depuis quelques années, les principales puissances militaires mondiales se posent la question, bien conscientes des dégâts que peuvent faire ces engins sans pilote aussi intrusifs que dangereux. Ces derniers sont d’ailleurs largement utilisés par Moscou, qui continue de faire planer la menace en Europe en multipliant les incursions aussi bien en Pologne qu’en Roumanie. Au Royaume-Uni, une nouvelle technologie de pointe aurait été mise au point et pourrait faire basculer le rapport de force.

Il s’agit d’une arme laser capable d’abattre des drones à grande vitesse. Baptisée “DragonFire”, elle devrait être opérationnelle dès 2027, soit «cinq ans plus tôt que prévu initialement», précise le ministère de la Défense dans un communiqué publié jeudi. Et le gouvernement anglais mise gros sur sa nouvelle trouvaille puisqu’il a attribué un contrat de 316 millions de livres sterling (360 millions d’euros) à l’entreprise MBDA UK pour mener à bien le projet.


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Un coût avantageux

Pour la marine britannique, l’enjeu est d’autant plus important qu’elle doit répliquer, à l’aide de moyens antiaériens, souvent des missiles, contre des drones ou des roquettes de maigre qualité, à bas coût, avec des engins volants très onéreux. Ce décalage de coût a toujours été exploité dans un conflit asymétrique par le plus faible des adversaires pour épuiser financièrement le plus fort. En témoignent les frappes du Hezbollah en Israël depuis le 8 octobre 2023.

«Le système laser coûte seulement 10 livres par tir et est suffisamment précis pour toucher une pièce de 1 livre à un kilomètre de distance. C’est une méthode plus économique comparée aux systèmes de missiles traditionnels, qui coûtent plusieurs centaines de milliers de livres par tir», a assuré l’état-major britannique après de nouveaux tests concluants dans les îles Hébrides, à l’ouest de l’Écosse. En janvier 2024, Londres avait déjà réussi un premier tir à haute puissance en mer d’Écosse.

Une portée maximale tenue secrète

Dans le détail, cette arme défensive est conçue pour perforer à la vitesse de la lumière des cibles entrantes grâce à un rayon laser dont la portée maximale est classée secret-défense. «Ses derniers essais sur le site du ministère de la Défense britannique dans les Hébrides ont porté sur des drones pouvant voler à une vitesse pouvant atteindre 650 km/h, soit deux fois la vitesse maximale d’une voiture de Formule 1. Ils ont notamment permis de réaliser, pour la première fois au Royaume-Uni, le suivi, le ciblage et la destruction de ces drones au-delà de l’horizon», se félicite le ministère.

«Ce laser à haute puissance placera notre Royal Navy à la pointe de l’innovation dans l’OTAN, offrant une capacité de pointe pour aider à défendre le Royaume-Uni et nos alliés dans cette nouvelle ère de menace», embraie Luke Pollard, ministre de la Préparation et de l’Industrie de la Défense. Ce dispositif sera installé sur un destroyer Type 45 de la Royal Navy, qui en possède six dans sa flotte maritime.

Un «armement à énergie dirigée» convoité

À noter que le Royaume-Uni n’est pas la seule nation à vouloir se doter de cet «armement à énergie dirigée» (AED). La France, avec l’HELMA-P (prioritairement destiné à la Marine nationale), et les États-Unis ont déjà mené plusieurs essais convaincants. La Chine n’est pas en reste avec son laser géant LY-1 présenté en grande pompe lors du traditionnel défilé militaire le 3 septembre dernier sur la place Tiananmen de Pékin.