Connu pour avoir imposé un univers théâtral, sulfureux et profondément personnel dans la chanson française, le chanteur Jean Guidoni est mort vendredi à Bordeaux à l’âge de 74 ans, a annoncé son attachée de presse. L’artiste est décédé « des suites d’une maladie fulgurante », précise-t-elle à l’AFP.

Né en 1951 à Toulon dans une famille modeste d’origine corse, Jean Guidoni a d’abord exercé comme coiffeur à Marseille avant de s’installer à Paris dans les années 1970 pour tenter sa chance dans la chanson. Très vite, il refuse les codes de la variété dominante : les textes qu’on lui propose ne correspondent ni à sa personnalité ni à ses zones d’ombre, faisant de lui un outsider assumé.

Un personnage provocateur sur scène

Sa trajectoire bascule lorsqu’il rencontre le parolier Pierre Philippe. Cette alliance ouvre à Guidoni une voie artistique nouvelle, à la fois plus sombre et plus libre. Sur scène, il développe alors une esthétique provocatrice qui deviendra sa marque de fabrique : visage poudré de blanc, bas résille, talons aiguilles et jeu constant avec les codes de la féminité.

Plusieurs titres contribuent à installer sa réputation auprès d’un public fidèle, parmi lesquels « Je marche dans les villes », « Tramway terminus nord » ou encore « Mort à Venise ». En 1982, il signe l’un de ses albums les plus marquants, « Crime Passionnel », mis en musique par Astor Piazzolla. Présenté comme un « opéra pour homme seul », le disque mêle textes à vif et théâtre expressionniste, confirmant la singularité de son parcours.

D’interprète à compositeur

Jean Guidoni prend par la suite la plume pour écrire ses propres chansons. L’album « La Pointe rouge » (2007) réunit ainsi Dominique A, Philippe Katerine, Jeanne Cherhal et Mathias Malzieu. Son 17e album studio, « Eldorado(s) », est sorti en avril. Jean Guidoni, qui affectionnait tout particulièrement le théâtre des Bouffes du Nord à Paris, avait encore chanté sur scène le 24 juin au Café de la Danse.

Notre dossier sur la chanson française

Sa disparition met fin à une carrière de près de cinquante ans, menée en marge des courants dominants de la chanson française.