Animaux. A la mauvaise saison, bien des jardiniers offrent des graines de tournesol ou de la graisse aux passereaux hivernant sous nos latitudes : mésanges, verdiers, chardonnerets, pinsons. Or, un petit rapace, l’épervier d’Europe (Accipiter nisus) en profite pour attaquer les mangeoires.
L’épervier d’Europe, qui sème la panique dans nos jardins, connaît un dimorphisme sexuel notable. Le mâle (30 cm de long et 60 cm d’envergure), plus petit que la femelle (40 cm de long et 80 cm d’envergure), se distingue d’elle par des colorations roussâtres qui agrémentent sa livrée dorsale gris-ardoise, et son ventre blanchâtre strié de brun. La femelle est plus terne. Dès l’automne il se fait bien plus discret qu’en période de nidification : l’épervier d’Europe devient même silencieux.
L’épervier se nourrit surtout d’oiseaux
Si les habitats boisés obtiennent toujours sa préférence, ce petit rapace diurne tend à se rapprocher des villages et de la périphérie des villes. Il se tient à l’affût en lisière de forêt ; perché sur des talus boisés, il détecte ses proies grâce à une vision binoculaire importante qui lui permet un repérage efficace. Il guette avec patience les mangeoires des jardins afin d’y capturer des mésanges bleues. Depuis des haies ou des buissons, il s’élance par des battements d’ailes rapides, frappés et saccadés, alternant avec des planés directs qui lui assurent l’effet de surprise. Par un vol bas, il mène une attaque foudroyante sur les petits passereaux qui se restaurent au sol, dans des espaces ouverts. Ces oiseaux se dispersent alors en piaillant pour donner l’alerte. Si l’embuscade s’avère improductive, l’épervier poursuit sa proie avec obstination jusque dans les broussailles ! Cette espèce se nourrit essentiellement de petits oiseaux : moineaux domestiques ou friquets, mésanges, fauvettes, pinsons, pipits, hirondelles, alouettes, merles et étourneaux. Plus massive que le mâle, la femelle peut capturer des pigeons, grives, ou jeunes gallinacés (poules, faisans, perdrix). La différence des prises, entre mâle et femelle, permet au couple de stationner sur un espace plus restreint par une concurrence alimentaire moindre. Quant aux souris et musaraignes, elles ne constituent qu’une nourriture d’appoint en hiver. L’épervier d’Europe est assez commun en France, surtout à la mauvaise saison, dans la mesure où des populations scandinaves se réfugient dans nos contrées. Du fait de la destruction de son habitat et de la baisse de la biodiversité qui réduit le nombre de ses proies, l’épervier d’Europe est classé en état de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
De notre correspondant