Passant de l’anonymat à une soudaine notoriété en devenant le grand favori pour remporter l’édition 2025 de l’Eurovision, le groupe comique KAJ espère, avec son ode au sauna, faire rire la foule.

Avec la guerre qui fait rage en Ukraine et à Gaza et l’incertitude économique et politique qui règne dans le monde, les gens « ont besoin de s’amuser », dit d’emblée dans une interview à l’AFP ce trio originaire de Finlande, qui représente la Suède à la compétition.

Kevin Holmström, Axel Åhman et Jakob Norrgård – dont les initiales forment le nom du groupe – se connaissent depuis leur tendre enfance à Vörå, une ville à la majorité suédophone de l’ouest de la Finlande.

Formé en 2009, le groupe, qui a depuis produit sept albums, jouit d’une petite notoriété en Finlande, particulièrement dans la communauté suédophone dont ils sont issus.

Leur récente et fulgurante popularité les a pris de court, voire « choqués », admettent-ils auprès de l’AFP.

Désormais, leur éloge du sauna dans « Bara Bada Bastu » (Allons au sauna), une chanson délurée, a séduit les parieurs qui tablent sur ce trio musicalo-comique pour remporter la finale de cette 69e édition, le 17 mai à Bâle, en Suisse.

« Ca fait 15 ans qu’on fait ça, qu’on fait la même chose, qu’on essaie d’évoluer, et là, soudainement, une percée énorme. C’est assez difficile à comprendre », lâche Kevin Holmström.

Ils décrivent leur morceau comme une « chanson pop amusante ».

« Il s’agit de se détendre entre amis, aller au sauna, passer du bon temps et en ressortir revigoré », explique Jakob Norrgård.

Axel Åhman, lunettes fumées vissées sur le nez, approuve. « Je pense que c’est une chanson qui convient parfaitement à cette époque. C’est un moment où les gens ont besoin de s’amuser. Besoin d’être ensemble. Il suffit de rejoindre le sauna et de passer un bon moment. J’aime penser que c’est ce dont on a besoin en ce moment », confie-t-il, assis au milieu de ses deux collègues pour former l’acronyme du groupe.

– Saucisses, branches de bouleau, serviettes –

Sur scène lors de la compétition suédoise, les danseurs, accompagnés à l’accordéon et vêtus de chemises de bûcheron, grillent des saucisses autour d’un feu de camp avant d’apparaître en serviettes dans un faux sauna, se frappant le dos avec des fines branches de bouleau, comme le veut la tradition.

Pour décrire leur style musical, un méli-mélo de genres, le trio a inventé le concept de « sauna pop ». « Simplement parce qu’il n’existe rien de comparable », souligne Axel Åhman.

Le groupe raconte avoir même utilisé le bruit de l’eau éclaboussant les pierres chaudes du poêle à sauna pour créer l’un des effets sonores de la chanson.

« Comme nous sommes originaires de Finlande et que nous concourrions à la finale nationale suédoise, nous voulions proposer quelque chose de différent, quelque chose qui représente nos origines », relève-t-il, faisant référence à Melodifestivalen, le concours débouchant sur la sélection nationale suédoise à l’Eurovision – un grand moment de télévision et une sacro-sainte institution dans le pays.

La culture du sauna est omniprésente dans les deux pays nordiques, et au regard de leur vie en Finlande dans une communauté suédophone, le trio dit se sentir pleinement attaché aux deux cultures.

Ce sera la première fois depuis 1998 que la Suède sera représentée à la compétition avec une chanson en langue originale.

Le pays scandinave a déjà remporté le concours à sept reprises à égalité seulement avec l’Irlande, sa dernière victoire datant de 2023 avec la chanson pop et plus conventionnelle « Tattoo » de l’artiste Loreen.

Le style déjanté de KAJ contraste nettement avec les prestations pop léchées que propose la Suède ces dernières années.

Au risque de faire un flop ? « On espère que ça va être bien accueilli. On a reçu beaucoup de commentaires positifs venus de toute l’Europe », fait valoir Jakob Norrgård. « Je pense que les Suédois étaient prêts à envoyer quelque chose de nouveau cette année ».

A Bâle, ils ambitionnent de transformer « le stade entier en sauna ». « On leur a demandé davantage de vapeur et davantage de lasers. C’est ce qu’on attend avec impatience ».

publié le 26 avril à 17h27, AFP

Partager