Par
Julien Sournies
Publié le
22 nov. 2025 à 6h08
Le sentiment de colère et d’abandon ne désemplit pas chez ces riverains du quartier Saint-Roch, et plus particulièrement ceux de la rue Antoine-Durafour, à Saint-Étienne. Depuis des années, voire des « décennies », certains d’habitants de ce secteur ne se sentent plus en sécurité.
Trafic de drogue, tirs d’arme à feu ou encore nuisances sonores incessantes rythment fréquemment leur quotidien. « On est en pleine ville, mais on a l’impression qu’on est dans un quartier très difficile, une zone de non-droit, où on a le droit de tout faire », lâche l’un des porte-paroles du collectif Durafour, crée en juin dernier pour faire entendre la voix de ses habitants excédés.
Seulement, en dépit de nombreuses plaintes envoyées à la mairie stéphanoise via des photos et des vidéos, le calme peine toujours à être rétabli.
« Grâce à nos signalements, il y a eu des fermetures administratives des épiceries la nuit qui sont source de fortes nuisances. C’est une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant », tance le porte-parole.
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Un nouveau point de deal émerge ?
Dernièrement, ils ont cette fois eu droit à une démonstration de rodéos urbains autour de la place Saint-Roch au cours des soirées de mercredi 12 et jeudi 13 novembre. Selon nos informations, les forces de l’ordre sont intervenues, mais n’ont procédé à aucune interpellation.
Le pire, c’était le jeudi soir, il y a eu une espèce de moto cross qui a remonté à vive-allure la rue du Vernay à contre-sens. Ensuite, il y a eu une espèce de course-poursuite qui s’est formée à l’arrivée de la police, puis ça a dégénéré : plein de jeunes se sont mis autour des policiers qui ont même dû utiliser une grenade de désencerclement. Après le proto partout, maintenant, c’est ça ? On dirait de la provocation.
Porte-parole du collectif Durafour
Selon les habitants, il est d’ailleurs « évident qu’un nouveau point de deal est en train de s’installer sur la place Saint-Roch ». Pour mémoire, en mai dernier, la police en avait pourtant déjà fait tomber un sur la rue Antoine-Durafour, située à quelques encablures de ladite place.
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« Il semblerait bien qu’il y en ait un nouveau qui se soit installé dans le secteur. Mais le lieu exact reste à déterminer. Ils sont très mobiles », explique de son côté Catherine Hernandez, directrice adjointe de la police municipale, sollicitée par la rédaction.
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« La municipalité se vante de ses caméras, mais elles ne servent à rien »
Malgré la présence de deux caméras de vidéo-protection sur la place, le collectif pointe du doigt leur « inutilité ». « Ça ne les dissuade pas. Maintenant, si on veut agir en toute impunité, il faut se rendre ici. La municipalité se vante de ses caméras, mais elles ne servent à rien », tempête le porte-parole.

Les riverains de la place Saint-Roch se plaignent de nuisances sonores à répétition. (©Documents remis / Montage actu Saint-Etienne)
La solution pour tenter d’endiguer ces incessantes incivilités ? « Il faut vraiment qu’il y ait une présence quotidienne de la police. Cela doit être le minimum, car sinon ce n’est pas vivable et on n’aura jamais la paix », ajoute-t-il.
On n’en peut plus. D’autant qu’il faut aussi savoir que prendre ces vidéos, c’est dangereux pour nous. Mais si on ne met pas de pression, il n’y a rien qui se passe.
Porte-parole du collectif Durafour
« On reçoit moins d’appels depuis les arrêtés »
Contactée par actu Saint-Etienne, Marie-Jo Perez, adjointe à la Tranquillité publique à la mairie, constate que la situation s’est « améliorée » depuis la mise en application des arrêtés, même si elle reconnait que « c’est un quartier difficile » et « qu’en visionnant les vidéos que j’ai reçues, je comprends que ça fasse peur ».
« Côté police, il est vrai qu’on reçoit moins d’appels depuis les fermetures administratives, même si tout n’est pas réglé, loin de là », complète Catherine Hernandez.
L’élue rappelle par ailleurs que « nous avons plus de 440 caméras et qu’on essaye de surveiller au mieux l’ensemble du territoire. Ce qui n’est pas toujours évident ».
Et cette dernière de conclure : « On réfléchit en permanence à d’autres options. On essaye de voir ailleurs dans les autres villes, mais c’est partout la même problématique. »
« Un focus sur l’endroit jusqu’à nouvel ordre »
Du côté des forces de l’ordre, Catherine Hernandez assure que des patrouilles sont effectuées tous les jours sur le secteur Durafour. « Aujourd’hui, la surveillance et la sécurisation mise en place dans ce secteur n’est nulle part ailleurs aussi importante. On essaye aussi de mener des opérations spécifiques qui comprennent le déploiement de beaucoup d’agents sur la zone et sur un horaire adapté », poursuit-elle.
Depuis ces épisodes de rodéos urbains, les forces de l’ordre surveillent de plus près encore le secteur. « J’ai demandé à faire un focus sur l’endroit jusqu’à nouvel ordre et de mobiliser immédiatement nos services et ceux de la police nationale en cas de problème », confie la directrice adjointe de la police municipale.
Pour le collectif, c’est donc à l’aide d’une présence humaine que les habitants pourront retrouver peut-être un soupçon de « tranquillité », mais pour cela, « on attend aussi plus de fermeté dans les punitions ».
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