Par
Julien Sournies
Publié le
22 nov. 2025 à 7h22
C’est une réputation qui lui colle à la peau depuis toujours : l’aéroport de Grenoble Alpes Isère, propriété du Département et exploité par Vinci Airports, est souvent considéré comme un lieu de desserte exclusivement « réservé » aux Britanniques. D’ailleurs, son directeur, Pierre Marnotte, ne le nie pas, lequel se félicite d’une « fidélité » des Anglais pour les stations iséroises.
Alors que la nouvelle saison d’hiver débute le 5 décembre prochain pour l’aéroport, le flux de passagers Britanniques, venant pour profiter des stations de ski des Alpes iséroises, s’annonce tout aussi important cette année.
Un aéroport « au bénéfice d’une infime partie de la population »
Tandis que l’équipement est subventionné par la collectivité à hauteur de deux millions d’euros, Thierry Badouard, conseiller départemental d’opposition dans le groupe Isère Écologie et Solidarités, a déploré « un gâchis d’argent public, au bénéfice d’une infime partie de la population » lors d’un conseil départemental fin 2024.
« L’aéroport de Saint-Geoirs n’est pas un outil de transport pour les Isérois, mais pour des voyageurs à 80 % anglais, venant rejoindre des stations de haute altitude déjà surfréquentées. Avec leur venue, cela pourrait empêcher les Isérois de skier le week-end puisque certaines stations de ski ont publiquement émis l’hypothèse de mettre en œuvre une politique de quotas sur les forfaits », a-t-il asséné.
D’autant que pour Thierry Badouard, « si les Anglais atterrissent à Lyon Saint-Exupéry, ça ne leur fera pas une grande différence ».
Au cours d’un long entretien accordé dernièrement à actu Grenoble ce vendredi 21 novembre, Pierre Marnotte a réagi à ces propos. Selon le directeur de l’aéroport isérois, le débat n’a pas lieu d’être, lequel estime que délocaliser le lieu d’atterrissage des touristes britanniques serait une « mauvaise » idée.
« Ça génère énormément de richesse »
« La première raison, c’est que Lyon aurait du mal à absorber tout le trafic de Grenoble. Deuxièmement, pour aller à l’Alpe d’Huez depuis Lyon, c’est 50 km, voire 60 km de plus qu’au départ de Grenoble, avec les bouchons en plus sur l’autoroute. Donc, d’un point de vue écologique, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure option », explique-t-il.
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L’aéroport Grenoble Alpes Isère est l’un des trois aéroports alpins français, avec ceux de Chambéry et de Lyon Saint-Exupéry. (©Document remis à actu Grenoble / Aéroport Grenoble Alpes Isère – Vinci Airports)
Pour Pierre Marnotte, la présence d’un aéroport sur le territoire isérois est par ailleurs cruciale pour l’économie locale. « Si ces passagers ne viennent pas à Grenoble, ils iront toutefois ailleurs, voire dans des aéroports étrangers. Et là, ce sont les territoires voisins qui profiteront de leur présence », poursuit le directeur.
Accueillir des voyageurs étrangers à Grenoble, ça génère énormément de richesse : on estime les retombées économiques à près de 60 millions d’euros par an pour le territoire. C’est loin d’être anodin.
Pierre Marnotte
Directeur de l’aéroport de Grenoble Alpes Isère
L’attribution de la DSP prochainement débattue
Et ce dernier de conclure : « Cet argent fait vivre tout un écosystème : les stations de ski, les autocaristes, les commerçants de l’aéroport, et même les 300 intérimaires que l’on recrute chaque hiver. Tout ça représente des bénéfices bien réels, et franchement, je préfère qu’ils restent ici en France plutôt que de filer à l’étranger. »
Pour rappel, les élus verts au Département appellent depuis plusieurs années à ne pas reconduire la Délégation de service public (DSP) à Vinci en 2026. Concernant le renouvellement de celle-ci, laquelle engendrera une nouvelle subvention, la collectivité nous informe que « l’attribution de la Délégation de service public fera l’objet d’une prochaine communication ».
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