Du grand Nord plongé sous la neige aux rivages méditerranéens encore lumineux, l’Europe révèle en hiver une géographie contrastée qui se prête parfaitement au voyage. Capitale animée ou village plus discret, chaque étape se découvre plus calmement, sans files interminables ni foule pressée, et les tarifs de basse saison invitent à prolonger l’itinéraire. Le train relie les pays à un rythme apaisé, permettant de traverser les paysages et d’observer la vie quotidienne qui suit son cours, loin de l’effervescence touristique de l’été.
Vienne
Quand les températures baissent, Vienne déploie un charme qui lui va particulièrement bien. On peut passer d’une session de patinage sur l’immense Eistraum, installée devant l’Hôtel de ville, à une pause bien au chaud dans un café historique comme le Central ou le Sacher, où le temps semble s’étirer différemment. Les musées ne sont jamais loin, qu’il s’agisse d’admirer Le Baiser de Klimt au Belvédère ou de redécouvrir Egon Schiele au Leopold, preuve que la ville sait marier culture, confort et plein air sans effort.
Son excellente desserte ferroviaire renforce encore son attractivité hivernale, avec Budapest à moins de trois heures trente, Prague autour de quatre heures trente et Bratislava à une heure seulement. Pour un court séjour comme pour une étape au fil du rail européen, Vienne offre une ambiance feutrée, une scène artistique riche et la promesse de journées bien remplies malgré le froid.
Venise
En février, Venise change de rythme et se laisse envahir par son célèbre carnaval, où costumes raffinés et masques prennent possession des ruelles et des places. Les grands bals restent réservés aux budgets solides, mais il suffit parfois d’un simple masque pour se fondre dans la foule et profiter de l’animation, à condition d’apprécier le monde et l’effervescence.
Mieux vaut toutefois anticiper son séjour, la ville affichant vite complet à cette période. Certains voyageurs choisissent même de loger ailleurs et d’arriver en train le matin, une solution souvent plus économique.
Les îles Canaries
Au large des côtes africaines, les Canaries offrent un refuge à ceux qui cherchent une météo clémente quand le reste de l’Europe grelotte. Avec des températures douces, un ensoleillement constant et un rythme insulaire apaisant, l’archipel permet de profiter pleinement de l’extérieur, que l’on vienne pour marcher, se baigner ou simplement changer d’air.
Tenerife impressionne avec le Teide et ses reliefs volcaniques, La Gomera et Anaga invitent à la randonnée au milieu de forêts luxuriantes, Lanzarote mêle champs de lave et vignobles inattendus, tandis que Gran Canaria dévoile les dunes de Maspalomas et un littoral propice à la contemplation. Chaque île possède son caractère, et c’est sans doute cette diversité qui fait des Canaries une destination hivernale particulièrement agréable.
Athènes
Quand la haute saison s’éloigne, Athènes redevient une ville facile à appréhender, avec des températures agréables, des tarifs plus doux et des sites archéologiques qui se visitent sans cohue. Depuis Thessalonique, cinq heures de train suffisent pour rejoindre l’Acropole et les autres vestiges antiques, puis poursuivre la découverte vers le Pnyx ou la colline du Lycabette, que l’on atteint en funiculaire pour admirer la ville d’en haut.
Les journées s’étirent volontiers dans Plaka, quartier historique aux ruelles animées. Le soir, quelques notes de sirtaki finissent de donner le tempo, rappelant qu’Athènes reste une capitale vivante, même au cœur de l’hiver.
Copenhague
Quand l’hiver s’installe au Danemark, Copenhague prend des allures de parenthèse confortable. Plutôt que de chercher la Petite Sirène, souvent prise d’assaut, on s’attarde volontiers dans un café ou un bar chaleureux pour regarder la neige tomber. Le parc Tivoli, ouvert depuis le XIXe siècle, reste l’un des temps forts de la saison avec ses décorations, ses manèges d’époque et ses verres de glögg partagés au cœur de la ville.
La capitale danoise séduit aussi par sa scène gastronomique, et certains voyageurs profitent du séjour pour réserver une table au Noma, considéré parmi les meilleurs restaurants du monde, en gardant en tête qu’il vaut mieux s’y prendre plusieurs mois à l’avance. Copenhague offre un hiver simple et agréable, idéal pour une escapade en Europe du Nord.
Madère
Perdue dans l’Atlantique, Madère s’impose comme une parenthèse douce quand l’Europe est au ralenti. Son climat tempéré, sa végétation dense et ses reliefs spectaculaires en font une destination où l’on passe volontiers ses journées dehors, entre chemins de levadas, falaises abruptes et villages blottis au creux des vallées. Les randonneurs trouvent là un terrain de jeu privilégié, du Pico do Arieiro à la pointe sauvage de São Lourenço, tandis que les jardins tropicaux et le littoral rappellent que l’île vit à son propre rythme.
L’hiver y prend une tonalité particulière, rythmée par les marchés, les décorations et les festivités de fin d’année qui animent Funchal, ses rues illuminées et sa promenade en bord de mer. Madère offre un détour agréable, une Europe plus verte et plus clémente, idéale pour voyager sans affronter le froid.
Rovaniemi
Aux portes du cercle polaire, Rovaniemi a fait de l’imaginaire de Noël une réalité très organisée. Le Père Noël y possède une adresse officielle, et il n’est pas rare de le croiser en pleine audience, costume rouge impeccable et barbe de rigueur. La neige abondante, les rennes et les chalets illuminés plantent le décor, tandis que l’Arktikum montre de façon très concrète comment on vit dans ces régions arctiques.
L’expérience a toutefois un prix thermique, car ici les températures se déclinent surtout en négatif. Mieux vaut donc prévoir des vêtements adaptés avant de s’y aventurer, sous peine de ne profiter ni des rencontres ni du paysage. Rovaniemi n’est pas seulement une carte postale, mais une plongée dans un quotidien arctique où l’hiver est la norme.
Grenade
Nichée au pied de la Sierra Nevada, Grenade se découvre avec davantage de sérénité une fois l’hiver installé. Depuis Séville ou Malaga, le trajet reste rapide, et l’on rejoint une ville où les files se font plus discrètes. Le mirador de San Nicolás offre un panorama saisissant sur l’Alhambra perchée sur la colline de Sabika, tandis que la chapelle royale, accessible en environ quatre heures de train depuis Séville, rappelle l’histoire des souverains catholiques, dont Isabelle la Catholique.
Les températures restent fraîches mais supportables, ce qui encourage à parcourir les ruelles, faire halte dans un bar et commander quelques tapas. Parmi les spécialités hivernales, l’olla de San Antón, un copieux pot-au-feu local, illustre bien la générosité culinaire andalouse.
Prague
Quand l’hiver arrive, Prague met en avant son architecture et ses places éclairées, offrant un cadre particulièrement agréable pour visiter la ville. Le pont Charles, l’horloge astronomique, le château dominant Petřín, la bibliothèque du monastère de Strahov ou encore le quartier juif de Josefov s’intègrent naturellement à une journée de découverte, sans précipitation.
La capitale tchèque reste simple d’accès, avec environ cinq heures de train depuis Leipzig et un peu moins depuis Vienne. Entre une visite de musée, une promenade dans les ruelles pavées et une pause dans un pub chaleureux, Prague permet de profiter pleinement de son patrimoine, souvent plus sereinement qu’en été.
Abisko
Tout au nord de la Suède, Abisko offre l’un des derniers arrêts ferroviaires avant l’Arctique, dans une région où l’hiver s’impose pleinement. La lumière disparaît plusieurs semaines en décembre et janvier, créant des conditions idéales pour observer les aurores boréales. Entre deux sorties nocturnes, on profite des pistes de ski de fond tracées dans les parcs nationaux ou d’une excursion en traîneau, activités phares de la région.
Le voyage peut se prolonger jusqu’à Kiruna, facilement accessible, où se trouve l’Icehotel, construit chaque année dans la glace. Abisko s’adresse à ceux qui recherchent une expérience hivernale sans artifice, dans l’une des zones les plus accessibles de la Laponie suédoise.