Depuis deux ans, les expériences immersives se multiplient à travers le territoire. Toutes ne recourent pas forcément à la réalité virtuelle. Certaines permettent d’explorer une page de l’histoire de France, là où d’autres proposent de plonger dans un univers littéraire ou musical. Le Point en a testé cinq. Revue de détail.

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Les Origines de Paris ✭✭✭✭Découvrez 2 000 ans d’Histoire

Fatigué des visites touristiques classiques ? Depuis cet été, une nouvelle attraction propose de découvrir l’histoire de la capitale à la faveur d’une promenade en bord de Seine. Le dispositif est simple. Il s’agit d’une balade guidée le long des quais sur un peu plus d’un kilomètre. Équipés de casques VR, les participants sont invités à s’arrêter, au bord du fleuve, pour enfiler leurs lunettes de réalité virtuelle et découvrir le paysage tel qu’il existait à différentes époques.

Sous leurs yeux défilent plus de 2 000 ans d’Histoire : de l’époque des Parisii, la nation gauloise – installée sur place trois siècles avant J.-C. – à la Libération de Paris en août 1945, en passant par les invasions vikings, la construction de Notre-Dame, la Révolution française, ou encore la grande crue de 1910, il y a quelque chose de magique à effectuer ainsi en plein air de tels sauts dans le temps.

Produite par la start-up Timescope, fondée par Basile Segalen et Adrien Sadaka, l’expérience est scientifiquement rigoureuse. Les explications délivrées ont été validées par l’historien Géraud Létang, coordinateur du conseil scientifique et d’orientation du ministère de la Défense, et qui a participé, à ce titre, à l’élaboration du programme des commémorations nationales du 80e anniversaire de la Libération. Pensez à réserver assez tôt, surtout si vous souhaitez effectuer le parcours le week-end : les groupes sont petits et les créneaux partent vite.

Les Origines de Paris.16, voie Georges-Pompidou (Paris 4e). L’attraction est ouverte du mercredi au dimanche de 10 heures à 18 h 30 (départs toutes les 30 min). Tarif adulte : 28 €. Tarif enfant : 19 €.

Le Mystère Mozart ✭✭✭✭Rendez-vous avec le grand Amadeus

Un parcours musical original permet de découvrir l’œuvre de Mozart. Il a pour cadre l’ancien monastère cistercien de la rue de Poissy (Paris 5e). Fondé en 1248, par l’abbaye de Clairvaux, le Collège des Bernardins a formé, cinq siècles durant, des générations de théologiens catholiques. Il accueille aujourd’hui des événements culturels organisés par le diocèse.

Tout commence dans la nef du bâtiment, où un orchestre de chambre accueille le public en jouant des extraits des plus grandes pièces du compositeur salzbourgeois. À la faveur d’une déambulation dans ce majestueux monument, un guide habillé en costume du XVIIIe siècle vous escorte, pendant une heure et demie, en vous racontant les épisodes marquants de la vie du grand Amadeus.

Au gré des haltes, le public participe à des ateliers. Il y apprend par exemple les grands principes de la rythmique en musique classique et la manière de danser le menuet. Certes, les explications sont un peu sommaires. Les mélomanes n’y apprendront rien. Mais l’expérience, imaginée par Michel Eli, producteur de l’émission Prodiges sur France 2, qui met en avant les virtuoses du classique, et Nathalie Spinosi, spécialiste du musicien, est idéale pour sensibiliser les enfants à l’univers mozartien.

À LIRE AUSSI Pourquoi la mère de Mozart a été enterrée aux HallesUne trentaine d’artistes – musiciens, comédiens et danseurs – sont mis à contribution. Trois pauses musicales sont, de fait, ménagées dans le parcours. Y sont jouées les grandes œuvres du compositeur : La Flûte enchantée, Les Noces de Figaro et L’Enlèvement au sérail, mais aussi son ultime Requiem (en ré mineur). Des vidéos projetées sur la voûte de pierre accompagnent ces mini-concerts. Clou de la visite : un petit spectacle permet d’apprécier le travail chorégraphique de Mourad Merzouki, donnant ainsi une touche contemporaine à un ensemble plutôt sage.

Le Mystère Mozart, au Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy (Paris 5e), jusqu’au 29 mars. Tarif adulte : 32 €. Tarif enfant : 25 €. Gratuit pour les moins de 4 ans.

La Cité immersive des Fables ✭✭✭Rencontrez le corbeau et le renard de La Fontaine

Installée dans une ancienne boîte de nuit proche des Champs-Élysées, « le night-club où la célèbre Zahia a séduit Franck Ribéry », sourit Jean Vergès, créateur du lieu, LaCité immersive des Fables propose aux visiteurs de s’immerger dans l’univers littéraire de Jean de la Fontaine. L’espace est vaste. Sur près de 1 000 m2, au fil de cinq salles, sont reconstitués le bureau de l’écrivain et des décors convoquant les personnages des textes les plus célèbres de son œuvre.

De petits films mettent en scène Laurent Stocker dans le rôle de l’écrivain. Charles Berling campe un renard retors, là où Axelle Saint-Cirel se glisse dans le costume du corbeau. Arielle Dombasle est un loup irrésistiblement libre face à un chien ayant accepté sa servitude pour peu qu’on le nourrisse (formidable Hubert Myon)… Célébrant la modernité et l’universalité des sujets abordés par La Fontaine, l’exposition propose une relecture maline de certaines fables. Marie Benoliel (plus connue sous son nom de scène, « Marie s’infiltre ») joue ainsi une grenouille obsédée par les réseaux sociaux. Elle veut se faire plus grosse que le bœuf pour impressionner ses « followers » !

À LIRE AUSSI « La Fontaine est un poète de l’âme humaine » Petit bémol, la contextualisation de l’œuvre est insuffisante. Un comité scientifique a pourtant accompagné le youtubeur NotaBene, qui signe les explications délivrées par bornes interactives. Ce comité comptait trois universitaires spécialistes de l’auteur : Tiphaine Rolland, Patrick Dandrey et Didier Foucault. On regrette ainsi qu’aucune allusion ne soit faite au moraliste Ésope, à qui Jean de La Fontaine emprunta pourtant nombre de ses sujets.

L’expérience a néanmoins le mérite de réconcilier nos jeunes ados avec la littérature. Notamment grâce à un spectaculaire final, un espace baptisé « la salle des rêves » où des films d’animation évoquent l’œuvre de l’homme de lettres sur une bande-son électro composée par le collectif « Bon Entendeur », formé par Arnaud Bonet, Pierre Della Monica et Nicolas Boisseleau.

La Cité immersive des Fables. 5, rue de Berri (Paris 8e). Ouvert du mardi au dimanche. Tarif adulte : 19,90 €. Tarif enfant : 13,90 €. Gratuit pour les moins de 3 ans.

La Véritable Histoire du Père Noël ✭✭✭Visitez une maison magique

Le groupe Polaris a investi, en septembre 2024, l’hôtel particulier construit par le fils de Charles Le Brun et où vécurent le peintre Antoine Watteau et le naturaliste Buffon, entre autres. Depuis cette date, il programme dans ce beau décor des pièces (de théâtre) immersives à la mise en scène soignée. Après La Belle et la Bête et Le Voyage extraordinaire de Jules Verne, l’équipe emmenée par Charles Mollet propose de découvrir une l’histoire de Yule : une variation autour de la légende scandinave entourant le mythe du roi nordique Heimdall, alter ego païen de Santa Claus.

Dans cette version moderne du conte, Yule est un garçon qui travaille dans une boutique de jouets tenue par le vieil Hazelius. Le public met ses pas dans ceux de ce jeune homme, qui décide un beau jour de distribuer des cadeaux aux enfants sages. L’exploration de ce monde fantastique débute dans un bureau de poste qui pourrait être situé à Rovaniemi, en Laponie, aux confins du pôle Nord, et où sont reçus les courriers des bambins du monde entier.

Comme dans les écrits du Suédois Viktor Rydberg (1828-1895), des lutins, surnommés les « nisses », comme en Finlande ou au Danemark assistent Yule. On croise aussi une sorcière et le père Noël, lui-même, tel que l’avait imaginé la dessinatrice Jenny Nyström (1854-1946) avec sa grande barbe blanche et son manteau rouge à col de fourrure. On traverse une armoire magique, on se glisse dans une confiserie fabriquant ce qui ressemble au risengrod que les petits Scandinaves déposent devant la cheminée à l’attention de Jultomte. Magique !

La Véritable Histoire du Père Noël, au Grand Hôtel des rêves : 47, rue du Cardinal-Lemoine (Paris 5e). Ouvert du vendredi au dimanche, jusqu’au 4 janvier. Tarifs à partir de 19,99 €.

Arsène Lupin et le secret de l’Opéra Vivez une intrigue de Maurice Leblanc

Depuis près de trois ans, l’attraction La Harpe enchantée (produite par l’agence Cultival, spécialisée dans le tourisme culturel) propose de visiter le palais Garnier en se glissant dans le costume d’un enquêteur à qui Irène Lupin, descendante du célèbre « gentleman cambrioleur », a demandé de l’aider à élucider une énigme : le secret de Cagliostro.

Pour mener à bien l’enquête, il convient de repérer dans les peintures et sculptures de l’opéra des indices qu’aurait dissimulés l’architecte Charles Garnier. Autant d’indices que l’on note dans un carnet et qui, mis bout à bout, formeront une sorte de rébus conduisant à une salle isolée où le fantôme d’Arsène Lupin s’adressera à vous. Une façon ludique de visiter les lieux (le grand escalier, le grand foyer, la galerie du Glacier) vous direz-vous… C’est compter sans la foule de touristes qui envahit quotidiennement les lieux.

À Découvrir



Le Kangourou du jour

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À certaines heures de la journée, l’affluence est telle qu’on progresse difficilement dans les salons de l’opéra. Les visiteurs qui baguenaudent sans se soucier de votre quête forment autant d’obstacles à franchir. Difficile de se concentrer au milieu du brouhaha. Et le temps finit par manquer pour parvenir au terme de l’aventure. Dommage ! Car le tableau final où une statue de marbre s’adresse à vous vaut le détour.

Arsène Lupin et le secret de l’Opéra. Entrée par la façade principale du palais Garnier, place de l’Opéra, Paris 9e. Tarif adulte : 28 €, 16-26 ans : 25 € et 5-15 ans : 20 €. Jusqu’au 19 décembre, sur réservation uniquement.

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