“Déchets toxiques”, titre The Spectator sur sa une du 22 novembre, sous une illustration frappante : Rachel Reeves, la ministre des Finances travailliste, en combinaison antiradiation, tente de soulever la mallette rouge du ministère dégoulinant d’un vert maladif. Derrière le masque, un regard las, entre résignation et dégoût. Pour le magazine conservateur, alors que le prochain budget du Royaume-Uni doit être présenté mercredi 26 novembre, c’est tout son appareil budgétaire qui chancelle.
Selon l’hebdomadaire, Reeves et son équipe ont multiplié pendant des mois les annonces contradictoires, provoquant “chaos et confusion”. Projets de hausses d’impôts sur les propriétés de luxe, retraites, épargne, jeux d’argent ou partenariats d’affaires : tout a été “évoqué, divulgué, présenté… Affaiblissant l’économie et compliquant la tâche de la ministre”. Cette instabilité a eu des répercussions immédiates sur les marchés, résume The Spectator, qui détaille l’effet de chaque revirement sur les taux des obligations d’État.
Constat sévère
“Lorsque le gouvernement a renoncé à réduire les allocations d’invalidité, ces taux ont de nouveau grimpé, ce qui représente plus de 5 milliards de livres sterling [5,68 milliards d’euros] supplémentaires en intérêts. […] Puis, lorsque le Financial Times a révélé que les hausses d’impôts sur le revenu n’étaient plus à l’ordre du jour, les taux ont de nouveau bondi, enregistrant leur plus forte hausse depuis juillet, ce qui représente cette fois-ci 5,5 milliards de livres [6,25 milliards d’euros] supplémentaires en paiements d’intérêts futurs.”
À travers ces chiffres, le magazine dresse un constat sévère : chaque hésitation contamine un peu plus une économie fragile. Le problème dépasse la stratégie fiscale et touche à la crédibilité même du gouvernement, le rituel budgétaire actuel ne fonctionnant plus. Tant que la politique fiscale restera exposée à un cycle permanent de spéculations, la mallette rouge continuera de fuir, empoisonnant le climat économique. Et The Spectator de conclure avec ironie : “La tradition que Reeves doit vraiment rétablir, c’est celle de boire de l’alcool fort dans la Chambre des communes. Mercredi [26 novembre], nous en aurons tous besoin.”