Par
Maréva Laville
Publié le
22 nov. 2025 à 18h46
La boucle devait être bouclée. Et après huit années de travaux, une trentaine d’autres de militantisme et bénévolat, des cagnottes capables de regrouper des milliers d’euros pour retaper l’ancienne chapelle Sainte-Jeanne d’Arc, située derrière le Conseil départemental, l’association La Chapelle devait « enfin » être propriétaire de ce vieux squat toulousain, devenu un véritable lieu alternatif à Toulouse.
C’était le deal conclu avec la Mairie, à qui le Diocèse avait vendu le site. En 2018, une promesse de vente avait été signée par Jean-Luc Moudenc en même temps que le bail emphytéotique (bail permettant à l’association d’avoir les droits et devoirs d’un propriétaire pendant 40 ans). Celle-ci devait alors lieu officiellement en septembre dernier, mais a été reportée à une date inconnue. « Sans raison expliquée », s’agace l’association auprès d’Actu Toulouse. La Mairie a-t-elle changé d’avis ? Les réponses.
La promesse de vente d’il y a sept ans, réactivée
« La Mairie nous avait proposé une clause valable jusque début janvier 2025 pour le rachat du lieu au prix de 100 000 €», retrace Loïc, membre du collectif Atelier Idéal désormais regroupé, avec La Dérive Jubilatoire, le Clip et le Kiosk, de l’association La Chapelle.
Après avoir remis aux normes la chapelle, organisé des conférences, programmé des évènements culturels, aménagé une librairie… les quatre associations qui font vivre bénévolement La Chapelle depuis plusieurs décennies étaient prêtes pour l’ultime étape, symbolique.
Elles avaient réussi en quelques mois, l’an dernier, à récolter 120 000 € de dons. Le prix d’achat convenu, frais de notaire compris. Et le fruit de 1 3000 généreux contributeurs. Si bien que le 27 novembre 2024, la promesse de vente datant de 2018 était réactivée dans les temps, et la Mairie de Toulouse avait répondu positivement à la requête, qui devra être validée par délibération municipale. Le grand jour tombera le 26 septembre 2025.
À cette date, le conseil municipal devait valider, par vote, la vente du site.
Coup de théâtre au conseil municipal : la vente est reportée
« Mais voilà que M. le Maire informe l’assemblée en début de séance qu’il retire du vote la délibération qui concerne notre bien-aimée Chapelle », raconte à ses adhérents, l’association dans un communiqué. Depuis, elle reste sans réponse malgré ses coups de fil au service Culture de la Mairie.
On ne sait pas pourquoi elle a été retirée ni à quand elle sera reportée. La délibération ne figure pas à l’ordre du jour du prochain conseil municipal, du 26 novembre prochain.
Loïc
membre de La Chapelle
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« Un coup de théâtre, sans autre forme de procès », résume l’association. Furieuse, elle a alors prévu d’adresser une lettre à Jean-Luc Moudenc, deux jours avant le prochain conseil. Une lettre qu’Actu Toulouse a pu consulter.
« Nous n’attendons que vous »
« À quelques mois des élections municipales, vos promesses n’ont-elles donc pas de valeur ? C’est une question légitime que chaque toulousain·e est en droit de se poser au sujet du lieu-dit la Chapelle », écrit La Chapelle.
« Vos services sont incapables de nous dire où en est le dossier. Des milliers de toulousains et de toulousaines vous avaient pourtant pris au mot et se sont investis bénévolement dans les travaux [de mise aux normes] qu’a nécessités la Chapelle durant huit longues années. D’autres les ont financés […] et ont permis de rassembler le montant nécessaire à l’achat. Que faites-vous de ce temps, de cette énergie et de cet argent ? »
« Nous n’attendons que vous », conclut l’association. Et si ce n’était qu’une histoire de patience ?
La question du prix coince à la Mairie
Contactée par Actu Toulouse, la Mairie réaffirme pourtant sa promesse. Mais pourquoi l’avoir repoussée ? « Il faut que nous traitions mieux la question du prix », répond Sacha Briand, élu chargé du patrimoine communal et des finances. En 2018, 100 000€ était convenu, en incluant les travaux, « ce qu’ils ont fait ». Mais selon l’adjoint au Maire, « cette valeur reste très basse par rapport à la valeur réelle du bien ». Même le terrain nu vaudrait davantage.
S’il n’est pas question de réévaluer le prix de vente, l’avocat de profession, peut-être par déformation professionnelle, craint « des problèmes en termes de contrôles de légalité ou des recours de tiers ». « On n’est pas à l’abri qu’un quelconque contribuable s’interroge sur ce prix », avance-t-il.
La délibération « doit être plus solide »
Alors, l’élu en charge des finances de la Ville veut une justification en béton.
Il faut qu’on s’assure de certaines choses, qu’on puisse bien argumenter cette délibération. Et pour l’instant, cela me semble un peu léger. Elle doit être plus solide.
Sacha Briand
élu en charge du patrimoine communal et des finances
Mais de tout ce travail, ses services n’ont pas eu le temps de s’y consacrer. « Chaque jour, on a une nouvelle urgence à traiter. Je comprends que pour eux, cela semble urgent, mais de notre côté, on a 100 dossiers comme ça sur la table », déclare Sacha Briand, regrettant toutefois que cette vente soit arrivée « au dernier moment ».
Pour autant, l’adjoint au Maire tient à rassurer : « Il reste encore des réunions municipales avant la fin du mandat de Jean-Luc Moudenc. Nous avions voté pour en 2018, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. »
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