Par

Amandine Vachez

Publié le

22 nov. 2025 à 18h34

C’est un rendez-vous incontournable à Lille (Nord), qui attire les foules de la région, mais aussi de Belgique, des Pays-Bas et d’Angleterre. Le Salon des vignerons indépendants, réunissant plus de 500 producteurs, est ouvert jusqu’au lundi 24 novembre 2025. Qu’ils soient habitués de l’événement (parfois même depuis les tout débuts !) ou nouveaux arrivants, ils reconnaissent tous le caractère unique de ce salon lillois.

Les irréductibles

Comme les consommateurs, dont un groupe de trois amis Madeleinois croisés qui viennent chaque année « depuis au moins 15 ans », il y a des irréductibles dans le camp des vignerons. Benoit Gautier, vigneron à Vouvray (domaine de la Châtaigneraie) vient sur le salon « depuis toujours ». C’est-à-dire depuis 29 ans, sans doute pour la dernière fois. « Il prend sa retraite », assure son épouse. Tous deux apprécient particulièrement de venir à Lille, où ils trouvent leurs fidèles et ont fait de très belles rencontres. Qu’est-ce qui fait qu’il revient ? « L’ambiance ! Les gens ! Avec les habitants de Lille, c’est magnifique. C’est tout un ensemble. »

Benoît vient sur le salon de Lille (Nord) depuis... 29 ans !
Benoît vient sur le salon de Lille (Nord) depuis… 29 ans ! ©Amandine Vachez

Pour Benoît, c’est l’occasion d’échanger avec les consommateurs.

Après le salon, on va boire un verre dans la ville. Et c’est comme si on faisait partie de la famille.

Benoit Gautier, vigneron à Vouvray.

Sur le salon, il apporte du « vin vintage », de 20 ans d’âge. « Ça permet de faire découvrir quelque chose d’original aux visiteurs. Ils n’ont pas l’habitude des vins anciens, on va à contre-courant. »

Des producteurs belges qui ont réalisé leur rêve

Dans une des allées, le stand de La Martine s’est ouvert pour la première fois ce vendredi 21 novembre. Derrière Ilse Bouchez et Bruno Claeys, qui ont repris l’affaire ensemble.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

Pour Bruno et Ilse, belges d'origine et reconvertis comme vignerons dans l'Aude, ce salon de Lille (Nord) est une première !
Pour Bruno et Ilse, belges d’origine et reconvertis comme vignerons dans l’Aude, ce salon de Lille (Nord) est une première ! ©Amandine Vachez

Le couple originaire de Belgique a réalisé son rêve, en reprenant un vignoble bio de 8 Ha dans l’Aude, à Castelreng, en 2021. Pour eux, être au salon de Lille est une chance : « On le connaissait en tant que visiteurs. » Ils avaient essayé d’avoir une place l’an dernier, mais impossible. Cette année, ils accueillent avec chaleur les visiteurs derrière le comptoir : « Certains nous parlent en flamand. On est contents d’être ici, à côté de la Belgique ! »

Ilse, biologiste de métier, est fière de s’être lancée dans l’aventure viticole : « On fait tout nous-mêmes, avec de l’aide sur les vendanges. Nous avons des vins frais, qui ont beaucoup d’arômes. Il faut venir les goûter ! »

Les nouvelles générations se lancent

Parmi les vignerons, on trouve des visages juvéniles. La relève est assurée, sur certaines exploitations comme celle du Domaine De Belleverne, situé à La Chapelle-de-Guinchay, où Michaël Bataillard travaille avec son père et son oncle, en vue de reprendre.

Michaël, qui travaille sur le domaine avec son père et son oncle pour faire du Beaujolais et du Bourgogne, reprend l'affaire. Il vient sur le salon depuis cinq ans et revoit des fidèles.
Michaël, qui travaille sur le domaine avec son père et son oncle pour faire du beaujolais et du bourgogne, reprend l’affaire. Il vient sur le salon depuis cinq ans et revoit des fidèles. ©Amandine Vachez

Avant de revenir au domaine, le jeune viticulteur s’est fait sa propre expérience. « J’étais commercial dans le milieu agricole. On vendait ce qui était tracteur, matériel, pour la partie viticole. L’envie de revenir sur l’exploitation était là depuis quelque temps, il a fallu voir d’autres choses avant. »

L’exploitant veut poursuivre l’œuvre de son père : rester dans la continuité tout en proposant un vin de qualité à un prix raisonnable. Il vient depuis cinq ans sur le salon de Lille.

On a un gros retour client, 70-80 % qui reviennent d’année en année. L’espace pro* nous ramène un peu de monde, on sent un intérêt des professionnels de vouloir venir chez des producteurs. Et des nouveaux clients, français, belges, anglais.

Michaël Bataillard, vigneron de Saône-et-Loire.

Nouvelles tendances, nouveaux consommateurs

Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants, et vigneron à Fitou, insiste sur le fait que le vin, c’est « un milieu stratégique pour notre pays […], la troisième puissance économique française, derrière l’aéronautique, devant ou derrière le luxe en fonction des années. » Un « secteur clé » qui « doit être soutenu et encouragé, alors même qu’il « traverse une crise multifactorielle depuis quelques années. »

Le représentant du syndicat de vignerons reste malgré tout positif : « Il y a des bulles d’espoir. Ces entreprises investissent, restent agiles, par rapport aux attentes des consommateurs par exemple. »

Le vin qui était un produit aliment jusqu’au début des années 1990 est devenu depuis un produit plaisir, acheté par des gens qui, au-delà même du vin comme produit, vont l’acheter par ce qu’il incarne, par les émotions qu’il véhicule.

Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants.

Dans les allées, les vignerons tiennent leurs stands. Les appellations et régions sont mélangées, pour favoriser la découverte.
Dans les allées, les vignerons tiennent leurs stands. Les appellations et régions sont mélangées, pour favoriser la découverte. ©Amandine VachezBientôt les Hauts-de-France au salon de Lille ?

Les aléas climatiques créent des obstacles, sur les terres historiques du vin. Ils ouvrent en parallèle des opportunités pour d’autres territoires. « C’est aussi une chance ! », appuie Jean-Marie Fabre. « Il y a des territoires en Europe qui commencent à avoir des températures qui permettent de cultiver la vigne. » Notamment les Hauts-de-France, qui auront peut-être prochainement des stands sur l’événement… « On est en train de créer une fédération, pour les Hauts-de-France », souligne le vigneron. Affaire à suivre, donc.

Pour plonger dans l’ambiance du salon, vous avez encore du temps. Il est ouvert jusque lundi au Grand Palais. L’entrée est à 6 euros. Bonne (s) dégustation (s) !

*Depuis 2 ans, un « espace pro » est installé près de l’entrée du salon. Il permet aux professionnels de déguster des vins, puis d’aller s’ils le souhaitent ensuite dans les allées à la rencontre de leurs producteurs.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.