Sans Carlos Alcaraz dans ses rangs, on pouvait croire l’équipe d’Espagne privée de son arme principale. Et pourtant, à Bologne ce samedi, les joueurs de David Ferrer ont accompli un authentique exploit en terrassant l’Allemagne pour valider leur billet pour la finale de la Coupe Davis 2025. Retour sur une qualification au goût d’épopée, marquée par une solidarité sans faille et un double décisif héroïque.
Une Espagne solidaire malgré l’absence de son leader
L’équation semblait compliquée sur le papier : affronter l’Allemagne de Zverev et de son solide duo de double, sans Carlos Alcaraz, victime d’une blessure au poignet et forfait pour le week-end. Pourtant, l’équipe espagnole a su se souder autour de ses forces collectives. C’est Pablo Carreño-Busta, de retour à un bon niveau après plusieurs mois délicats la saison passée, qui a donné le ton en battant Jan-Lennard Struff 6-4, 7-6. L’expérimenté Asturien a affiché une solidité remarquable dans les moments clés, notamment dans le second set, où il a sauvé deux balles de set grâce à un engagement total sur chaque point.
Malgré cette avance, Jaume Munar ne parvenait pas à maintenir l’élan espagnol. Opposé à Alexander Zverev, le Majorquin s’est battu bec et ongles, mais a plié dans deux tie-breaks extrêmement disputés (7-6, 7-6). À ce moment de la rencontre, la demi-finale se dirigeait vers un double décisif, une tradition pour ces nouveaux formats condensés de Coupe Davis, souvent intenses et serrés.
Granollers et Martinez : une paire en or pour un match décisif
Tout s’est donc joué sur le double. Et quel double ! Marcel Granollers, capitaine sur le terrain et vétéran du circuit, faisait équipe avec Pedro Martínez, moins habitué à ce genre d’enjeu mais impressionnant de calme. Ils affrontaient une paire allemande réputée : Kevin Krawietz et Tim Puetz, invaincus cette saison en Coupe Davis.
Rapidement, les Espagnols prenaient les devants avec un premier set parfaitement maîtrisé (6-2). Moins précis dans le second, ils laissèrent revenir leurs adversaires (3-6), avant de conclure dans une troisième manche tendue, où leur justesse tactique a fait la différence (6-3). Match plié en 1h45, et explosion de joie dans le camp ibérique.
« C’est une performance collective incroyable. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice. On est allés chercher cette finale avec le cœur », expliquait Granollers en zone mixte, relayé par la Fédération espagnole de tennis.
Direction la finale face à l’Italie, sans Sinner ni Musetti
La finale, prévue dimanche à la SuperTennis Arena de Bologne, opposera donc l’Espagne à l’Italie, championne en titre. Une affiche explosive, même si les Italiens devront eux aussi composer sans deux de leurs stars : Jannik Sinner, forfait en raison de douleurs au genou, et Lorenzo Musetti, blessé au poignet.
Pour l’Espagne, c’est une 11e finale de Coupe Davis et la première depuis 2019, année où Rafael Nadal et Roberto Bautista Agut les avaient menés au sacre à Madrid. Cette fois-ci, les têtes d’affiche sont absentes, mais l’esprit d’équipe est plus vivant que jamais.
Ce renouveau espagnol, porté par une génération de joueurs expérimentés et de jeunes audacieux, redéfinit les contours d’une équipe capable de triompher sur l’engagement et la stratégie collective. Une finale qui s’annonce disputée, même en l’absence de plusieurs ténors.
Quels enjeux pour la finale ?
Au-delà du trophée, cette finale Espagne – Italie pose la question de l’avenir des équipes nationales dans une compétition remodelée par le nouveau format instauré depuis 2019. L’absence de joueurs majeurs tels qu’Alcaraz, Sinner ou Musetti remet en lumière le débat sur le calendrier ATP et la place de la Coupe Davis. Pourtant, les émotions vécues à Bologne prouvent qu’elle conserve toute sa saveur.
L’Espagne n’a peut-être pas (encore) retrouvé la grandeur de ses années Nadal, mais elle a prouvé que sa profondeur et sa cohésion pouvaient lui permettre de rêver d’un septième Saladier d’argent. Avec ou sans star, le tennis espagnol est bel et bien de retour en première ligne du tennis mondial.