Preuve vivante de la résilience, l’exposition de Jean-Michel André part d’un fait dont il n’a longtemps rien pu dire. Le 5 août 1983, sept personnes sont abattues au Sofitel d’Avignon : le consul général de France à Sarrebruck, Lucien André, sa compagne, trois employés de l’hôtel ainsi qu’un jeune couple arrivé tard dans la nuit.
Le fils du diplomate, Jean-Michel André, alors âgé de sept ans, dort dans la chambre voisine. Le choc est tel qu’il perd la mémoire de cette nuit. Une enquête judiciaire est ouverte, mais ne sera jamais entièrement élucidée. Deux inculpés, des zones d’ombre, des archives éparses. Et un enfant amnésique, cueilli par des adultes au petit matin, puis renvoyé à une vie où rien ne peut être nommé.
Intitulée Chambre 207, la chambre où dormaient les enfants, l’œuvre de Jean-Michel André ne cherche ni la reconstitution ni l’explication. Elle remonte plutôt le fil d’une mémoire éclatée, à partir de ce qui reste : des archives judiciaires, des dépêches AFP, des paysages traversés trop tard, des fragments intimes. Une manière de reprendre la main là où tout avait basculé sans lui.
Le déclic, lui, viendra bien plus tard : la naissance de sa fille. « Si elle me posait des …